Les résultats catastrophiques du bac de cette année, s’ils laissent indifférents nos ‘élites’, nos ‘intellectuels’ et nos décideurs politiques, ce n’est pas le cas pour nous autres, marginaux de la société qui, bien que marginalisés et exclus dans l’œuvre de construction nationale pour des raisons de discrimination et de clientélisme, sommes parmi ceux les seuls vrais diplômés soucieux de l’avenir de la jeunesse de notre pays. Bien entendu, il existe bel et bien les moyens et les solutions pour sauver la jeunesse mauritanienne de l’ignorance et de l’endoctrinement dans lesquels on est entrain de les plonger inexorablement du fait de l’insouciance et l’amateurisme de tous les gouvernements ringards qui se sont succédé dans notre pays.
Les raisons du mal :
Avant et peu après son indépendance, malgré sa bipolarisation, l’école mauritanienne était forte et a formé de brillants cadres, notamment avec l’appui des enseignants étrangers. Cela a continué jusqu'à la fin des années 80, et à partir de là, la mentalité ‘commerçante’ du mauritanien a commencé à s’exprimer. En effet, les enfants des riches mauritaniens, gâtés et choyés, ont en quelque sorte été la cause de la création des écoles privées en Mauritanie et du délaissement de l’école publique. Il en a résulté que les enseignants ont abandonné l’esprit du sacrifice pour aller à la quête de l’argent dans les écoles privées. Les enseignants ne sont pas les seuls blâmables, puisque vu les maigres salaires qui leur étaient alloués et qui étaient très insuffisants pour une bonne insertion sociale et un meilleur exercice de leur métier.
Pendant que l’école privée formait des cancres, l’école publique devenue l’école des pauvres n’offrait plus aucun savoir. Le niveau des enseignants aussi était affecté, du fait de la politique d’arabisation dans le pays qui avait discriminé les négromauritaniens, parce qu’à l’époque pour accéder à l’école normale supérieure, les concours se faisaient en langue arabe, même si le candidat devrait a l’issue de sa formation exercer son métier en français.
A la fin des années 90, après la nouvelle réforme de l’éducation de 1999, la pire des reformes que le pays ait connu, l’effondrement du système éducatif s’est accéléré. Les raisons sont multiples. Parmi les plus flagrantes, les recrutements des professeurs se faisaient en masse et n’importe comment. Il y avait des interventions en faveur de tel ou tel candidat pour qu’il soit admis; des étudiants boursiers en cours de formation, des boutiquiers, et même des malades mentaux étaient tous recrutés, certains pour aller exercer directement, d’autres, après avoir subi une formation dite ‘accélérée’ pendant les vacances scolaires.
Conséquences, il était très fréquent de voir la plupart des enseignants recrutés en abandon de poste, parce qu’ayant d’autres activités, ou bien ne faisant qu’un ou deux mois de présence dans leur établissement, cela en vue d’être a l’abri de suspension qui, même si elle avait lieu, était toujours levée grâce à la complicité des réseaux mafieux dans les ministères de l’éducation nationale et du budget, qui débloquaient toujours les salaires des concernés en faisant le partage moitié-moitié du montant débloqué.
Donc, pendant que les enseignants et nos décideurs politiques faisaient leurs affaires, nos jeunes étaient abandonnés à eux même !!!
Ce phénomène de sabotage de l’éducation de nos jeunes n’a pas épargné l’enseignement supérieur non plus. En effet, soucieux d’une certaine carrière politique, bon nombre d’instituteurs ou professeurs au lycée, après un séjour de stage ou quelques années d’études à l’étranger, sont revenus avec des doctorats douteux pour beaucoup. Les résultats ont été immédiats : on constate à l’université mauritanienne que les profs sont absentéistes, les cours sont dispensés de façon médiocre, les programmes ne sont jamais revus et corrigés, les profs au lieu de se consacrer à la recherche et au développement, préfèrent aller faire de la politique ou aller chanter les louanges du Président pour espérer une quelconque nomination…
Pour ce qui est des faux docteurs, aujourd’hui grâce à l’internet, il est très facile de savoir qui est docteur ou pas, car pour obtenir un diplôme de Doctorat, il faut avoir publié sur des revues spécialisées, et ces revues mettent toujours en ligne ces publications. Pour ce faire, il faut aller sur Google, mettre le nom et prénoms du Docteur (ou soi-disant docteur) et sa discipline ; par exemple, sur Google, mettre : ‘Dia Mamadou Amadou Chimie’, pour voir s’il y a des publications en son nom qui prouveraient s’il a obtenu son Doctorat ou pas.
Des solutions pour sauver l’éducation :
Quelles solutions pour sauver l’éducation en Mauritanie ? Elles existent, parmi elles: retour à l’ancien système éducatif d’avant les années 90 ; suppression de toutes les écoles privées sauf celles étrangères ; recrutement des professeurs étrangers qualifiés pour pallier à d’éventuel manque ; revaloriser les salaires des enseignants pour leur offrir des conditions de vie décentes ; supprimer l’Université en Mauritanie sauf l’école normale qui va permettre de former des enseignants pour les collèges et lycées, la suppression de l’Université permettra d’économiser beaucoup d’argent, et cet argent pourra rentrer dans les fonds pour bourses d’études aux bacheliers qui pourraient bénéficier de meilleure formation à l’étranger ; tous les profs des universités faux docteurs vont retourner enseigner aux lycées et collèges, tandis que les vrais docteurs vont retourner exercer à l’école normale ; etc, etc…
Ainsi, après le retour de vrais cadres bien formés, et avec une politique de bonne gouvernance dans le pays qui passe par la mise à l’écart des militaires des affaires du pays au profit de la technocratie, on pourrait envisager la création d’une vraie Université digne de ce nom.
Conclusion
La Mauritanie souffre déjà de la discrimination raciale, du tribalisme, de l’esclavage et de la gabegie, si elle se retrouve avec une jeunesse ignorante, ou ira-t-on ?
Mamadou DIA
Académie de Paris
Les raisons du mal :
Avant et peu après son indépendance, malgré sa bipolarisation, l’école mauritanienne était forte et a formé de brillants cadres, notamment avec l’appui des enseignants étrangers. Cela a continué jusqu'à la fin des années 80, et à partir de là, la mentalité ‘commerçante’ du mauritanien a commencé à s’exprimer. En effet, les enfants des riches mauritaniens, gâtés et choyés, ont en quelque sorte été la cause de la création des écoles privées en Mauritanie et du délaissement de l’école publique. Il en a résulté que les enseignants ont abandonné l’esprit du sacrifice pour aller à la quête de l’argent dans les écoles privées. Les enseignants ne sont pas les seuls blâmables, puisque vu les maigres salaires qui leur étaient alloués et qui étaient très insuffisants pour une bonne insertion sociale et un meilleur exercice de leur métier.
Pendant que l’école privée formait des cancres, l’école publique devenue l’école des pauvres n’offrait plus aucun savoir. Le niveau des enseignants aussi était affecté, du fait de la politique d’arabisation dans le pays qui avait discriminé les négromauritaniens, parce qu’à l’époque pour accéder à l’école normale supérieure, les concours se faisaient en langue arabe, même si le candidat devrait a l’issue de sa formation exercer son métier en français.
A la fin des années 90, après la nouvelle réforme de l’éducation de 1999, la pire des reformes que le pays ait connu, l’effondrement du système éducatif s’est accéléré. Les raisons sont multiples. Parmi les plus flagrantes, les recrutements des professeurs se faisaient en masse et n’importe comment. Il y avait des interventions en faveur de tel ou tel candidat pour qu’il soit admis; des étudiants boursiers en cours de formation, des boutiquiers, et même des malades mentaux étaient tous recrutés, certains pour aller exercer directement, d’autres, après avoir subi une formation dite ‘accélérée’ pendant les vacances scolaires.
Conséquences, il était très fréquent de voir la plupart des enseignants recrutés en abandon de poste, parce qu’ayant d’autres activités, ou bien ne faisant qu’un ou deux mois de présence dans leur établissement, cela en vue d’être a l’abri de suspension qui, même si elle avait lieu, était toujours levée grâce à la complicité des réseaux mafieux dans les ministères de l’éducation nationale et du budget, qui débloquaient toujours les salaires des concernés en faisant le partage moitié-moitié du montant débloqué.
Donc, pendant que les enseignants et nos décideurs politiques faisaient leurs affaires, nos jeunes étaient abandonnés à eux même !!!
Ce phénomène de sabotage de l’éducation de nos jeunes n’a pas épargné l’enseignement supérieur non plus. En effet, soucieux d’une certaine carrière politique, bon nombre d’instituteurs ou professeurs au lycée, après un séjour de stage ou quelques années d’études à l’étranger, sont revenus avec des doctorats douteux pour beaucoup. Les résultats ont été immédiats : on constate à l’université mauritanienne que les profs sont absentéistes, les cours sont dispensés de façon médiocre, les programmes ne sont jamais revus et corrigés, les profs au lieu de se consacrer à la recherche et au développement, préfèrent aller faire de la politique ou aller chanter les louanges du Président pour espérer une quelconque nomination…
Pour ce qui est des faux docteurs, aujourd’hui grâce à l’internet, il est très facile de savoir qui est docteur ou pas, car pour obtenir un diplôme de Doctorat, il faut avoir publié sur des revues spécialisées, et ces revues mettent toujours en ligne ces publications. Pour ce faire, il faut aller sur Google, mettre le nom et prénoms du Docteur (ou soi-disant docteur) et sa discipline ; par exemple, sur Google, mettre : ‘Dia Mamadou Amadou Chimie’, pour voir s’il y a des publications en son nom qui prouveraient s’il a obtenu son Doctorat ou pas.
Des solutions pour sauver l’éducation :
Quelles solutions pour sauver l’éducation en Mauritanie ? Elles existent, parmi elles: retour à l’ancien système éducatif d’avant les années 90 ; suppression de toutes les écoles privées sauf celles étrangères ; recrutement des professeurs étrangers qualifiés pour pallier à d’éventuel manque ; revaloriser les salaires des enseignants pour leur offrir des conditions de vie décentes ; supprimer l’Université en Mauritanie sauf l’école normale qui va permettre de former des enseignants pour les collèges et lycées, la suppression de l’Université permettra d’économiser beaucoup d’argent, et cet argent pourra rentrer dans les fonds pour bourses d’études aux bacheliers qui pourraient bénéficier de meilleure formation à l’étranger ; tous les profs des universités faux docteurs vont retourner enseigner aux lycées et collèges, tandis que les vrais docteurs vont retourner exercer à l’école normale ; etc, etc…
Ainsi, après le retour de vrais cadres bien formés, et avec une politique de bonne gouvernance dans le pays qui passe par la mise à l’écart des militaires des affaires du pays au profit de la technocratie, on pourrait envisager la création d’une vraie Université digne de ce nom.
Conclusion
La Mauritanie souffre déjà de la discrimination raciale, du tribalisme, de l’esclavage et de la gabegie, si elle se retrouve avec une jeunesse ignorante, ou ira-t-on ?
Mamadou DIA
Académie de Paris