Retro: Ould Dah, capitaine tortionnaire, en fuite en Mauritanie. Il était sous contrôle judiciaire à Montpellier



Retro: Ould Dah, capitaine tortionnaire, en fuite en Mauritanie. Il était sous contrôle judiciaire à Montpellier
Comme le craignaient ceux qu'il avait torturés, le capitaine Ely

Ould Dah, arrêté en France en juillet 1999, a pris la fuite. La télévision mauritanienne l'a montré mercredi soir en train de parler au téléphone, sans préciser le lieu où il se trouvait, mais des témoins ont dit avoir vu Ould Dah le même jour dans une caserne de Nouakchott.

Ce capitaine mauritanien n'est pas n'importe qui. En 1990, quand, sous prétexte d'un complot, plusieurs milliers de Négro-Mauritaniens sont arrêtés et torturés, il est officier des renseignements, et recueille les prétendus aveux. L'an dernier, deux officiers négro-mauritaniens réfugiés en France, reconnaissent en lui leur tortionnaire de la prison de Jreïda. Ould Dah est alors en stage à l'école d'application d'infanterie de Montpellier.

Soutenus par la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme) et la LDH (Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen), les deux réfugiés obtiennent qu'il soit mis en accusation pour actes de tortures, et arrêté. Une décision judiciaire exemplaire en matière de respect du droit international et de la lutte contre l'impunité. La réaction de Nouakchott, avec qui Paris a des accords de coopération, ne s'est pas faite attendre: gel des relations militaires, restauration des visas, et échanges peu amènes.

Moins de trois mois plus tard, la chambre d'accusation de la cour d'appel de Montpellier décidait de mettre le capitaine Ould Dah en liberté sous contrôle judiciaire. «Nous avions immédiatement souligné les risques de fuite, rappelle Patrick Baudouin de la FIDH. Malheureusement, ces craintes se sont confirmées.» Ould Dah n'avait pas le droit de sortir du territoire, et en particulier de trois départements autour de Montpellier. Il était tenu à un pointage hebdomadaire à la gendarmerie. Il avait obligation de résidence au 81e régiment d'infanterie à Montpellier. Et son passeport était entre les mains du juge. «Sa fuite n'a pu se faire sans complicités, estime Patrick Baudouin, et sans un relâchement de la surveillance de la police et de la gendarmerie, inadmissible dans le cas d'une personne mise en examen pour des faits aussi graves.» Le juge d'instruction devrait lancer un mandat d'arrêt international contre le capitaine mauritanien, qui a peu de chances d'aboutir tant qu'il restera dans son pays. Pour protéger ses troupes, Nouakchott a fait voter en 1993 au Parlement une amnistie en faveur des auteurs de crimes commis entre 1989 et 1992.

Marie-Laure COLSON


Source: http://www.liberation.fr

Dimanche 4 Septembre 2016
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