Le premier gouvernement de Moktar Ould Diay a connu son premier remaniement jeudi dernier. Il sera certes marqué par quelques jeux de chaises musicales, retours et départs mais, pour l’essentiel, le socle du pouvoir reste entre les mains des fidèles et proches qui gardent les ministères de souveraineté : Défense, Intérieur, Affaires étrangères.
L’ancien garde des sceaux restera à proximité du président de la République puisqu’il est nommé, aussitôt après son départ de la Justice, ministre-conseiller à la Présidence. Ces ministres régaliens sont considérés comme des super-ministres censés ne répondre qu’au Palais.
Un nouveau entre dans le cercle presque fermé des fidèles : Mohamed Ould Soueïdatt, jusque-là à la Fonction publique, atterrit à la Justice où il ne va pas chômer. Au vu du contexte, cette nomination apparaît comme hautement stratégique.
Depuis son retour au gouvernement, à la faveur de la nomination de Moctar Ould Diay dont il est considéré proche et confident, Ould Soueïdatt est sur une pente ascendante. Il faut rappeler qu’il a été l’initiateur du festival d’Aleg, tenu du 16 au 20 Août dernier et qui a rassemblé la jeunesse et les cadres du Brakna.
Autre fait notable, le départ d’Ould Bouh du secteur-clef de l’économie et des finances ; pourtant, le succès dont il a été auréolé, suite à la campagne africaine et à l’élection d’Ould Tah à la BAD, semblait pouvoir le conforter en ce département stratégique. Il ira désormais discuter avec les opérateurs et autres propriétaires de terres qui contestent souvent l’expropriation de leurs terres.
De grandes dames indispensables et incontournables…
Le réaménagement du gouvernement aura été marqué par le retour, pour la énième fois, de madame Naha mint Moukhnas, fille de l’illustre ministre des Affaires étrangères de feu Mokhtar ould Daddah, à l’Urbanisme et à l’habitat toujours confronté aux problèmes du foncier de Nouakchott.
Cet ixième come-back de la présidente de l’UDP vient accréditer une chose : Naha est plus qu’indispensable et incontournable pour les différents pouvoirs qui se succèdent à la tête de la Mauritanie, ils ne peuvent se passer d’elle.
À cause de sa personne d’abord : selon diverses confidences, cette dame sait dire non, refuser certains maroquins et tenir tête au principal parti de la majorité. D’autant mieux que son propre groupe est devenu une véritable machine électorale, arrachant des sièges au PRDS, à l’UPR et à l’INSAF même.
C’est une troupe qui use de ses moyens pour s’imposer. L’entrée de Mariem Mint Boydiel au gouvernement est quant à elle considérée par certains observateurs à la fois comme une consécration et un geste envers le notable et ancien ministre Boydiel Houmeid qui règne, depuis des décennies, sur la commune de N’Diago riveraine de Saint-Louis du Sénégal. Une zone aux enjeux énormes avec l’exploitation du gaz et du pétrole au larges de la commune mais également grâce à son port. Mint Boydiel vient comme pour assurer la relève…
Manœuvres électoralistes
Le remaniement du gouvernement intervient dans un contexte quelque peu particulier. En effet, en plus d’un dialogue qui tarde à se concrétiser – le coordinateur semble prendre tout son temps, depuis près plus de huit mois, pour en assurer les préparatifs – le pays risque d’être embarqué dans la plus longue campagne électorale de son histoire.
Presque dès après la réélection du marabout-président pour un second et dernier mandat, des espèces de ballons d’essai ont été en effet lancés à propos de sa succession. Quasiment du jamais vu dans les arcanes politiques du pays.
Curieusement, les membres du « socle central » sont mêmes cités par les rumeurs en tant que potentiels successeur de l’actuel Président. Elles se sont même amplifiées ces derniers temps, obligeant plusieurs membres du gouvernement à sortir de leur silence pour dénoncer une campagne de « parasitage » de l’action du président de la République et de son gouvernement.
Ould Merzoug et Ould Chrougha se sont fendus de textes à ce sujet. « Ces manœuvres », disent-ils, « viennent saper le déroulement du mandat du président de la République focalisé sur les chantiers à achever ». En prenant leur plume pour tenter d’éteindre ce feu allumé depuis près d’une année, les deux membres du gouvernement ravissent la place de la majorité dont les partis devraient monter sur leurs grands chevaux pour arrêter cette campagne prématurée. Or silence radio du côté de ceux-ci.
Curieusement, même pendant les festivités de l’anniversaire commémorant l’investiture du président de la République, le 1er Août dernier, tous ont brillé par leur silence sur ces potentiels successeurs du président Ghazouani qui vient de démarrer son second mandat.
Comme si certains étaient pressés de le pousser dehors ou à un troisième mandat. Lors de la cérémonie d’investiture de l’an dernier, le président du Conseil Constitutionnel, monsieur Diallo Mamadou Bathia avait, on s’en rappelle, mis en garde les chapelles politiques contre une campagne électorale avant l’heure.
Avait-il senti le vent venir ? Peut-être : il connaît bien la mentalité des acteurs politiques du pays. En tout cas, ce qui se trame depuis près d’une année semble bien lui donner raison.
Deux questions essentielles se posent : d’où viennent ces ballons d’essai ? Qui est derrière cette entreprise de « démobilisation » et de diversion ? À qui pourrait-elle profiter ? Sûrement pas à l’opposition dont une partie espère retrouver, avec le dialogue en gestation, une bouée de sauvetage. Aux officines de renseignements de démêler les fils de ce labyrinthe, donc...
Dalay Lam
Source : Le Calame -
L’ancien garde des sceaux restera à proximité du président de la République puisqu’il est nommé, aussitôt après son départ de la Justice, ministre-conseiller à la Présidence. Ces ministres régaliens sont considérés comme des super-ministres censés ne répondre qu’au Palais.
Un nouveau entre dans le cercle presque fermé des fidèles : Mohamed Ould Soueïdatt, jusque-là à la Fonction publique, atterrit à la Justice où il ne va pas chômer. Au vu du contexte, cette nomination apparaît comme hautement stratégique.
Depuis son retour au gouvernement, à la faveur de la nomination de Moctar Ould Diay dont il est considéré proche et confident, Ould Soueïdatt est sur une pente ascendante. Il faut rappeler qu’il a été l’initiateur du festival d’Aleg, tenu du 16 au 20 Août dernier et qui a rassemblé la jeunesse et les cadres du Brakna.
Autre fait notable, le départ d’Ould Bouh du secteur-clef de l’économie et des finances ; pourtant, le succès dont il a été auréolé, suite à la campagne africaine et à l’élection d’Ould Tah à la BAD, semblait pouvoir le conforter en ce département stratégique. Il ira désormais discuter avec les opérateurs et autres propriétaires de terres qui contestent souvent l’expropriation de leurs terres.
De grandes dames indispensables et incontournables…
Le réaménagement du gouvernement aura été marqué par le retour, pour la énième fois, de madame Naha mint Moukhnas, fille de l’illustre ministre des Affaires étrangères de feu Mokhtar ould Daddah, à l’Urbanisme et à l’habitat toujours confronté aux problèmes du foncier de Nouakchott.
Cet ixième come-back de la présidente de l’UDP vient accréditer une chose : Naha est plus qu’indispensable et incontournable pour les différents pouvoirs qui se succèdent à la tête de la Mauritanie, ils ne peuvent se passer d’elle.
À cause de sa personne d’abord : selon diverses confidences, cette dame sait dire non, refuser certains maroquins et tenir tête au principal parti de la majorité. D’autant mieux que son propre groupe est devenu une véritable machine électorale, arrachant des sièges au PRDS, à l’UPR et à l’INSAF même.
C’est une troupe qui use de ses moyens pour s’imposer. L’entrée de Mariem Mint Boydiel au gouvernement est quant à elle considérée par certains observateurs à la fois comme une consécration et un geste envers le notable et ancien ministre Boydiel Houmeid qui règne, depuis des décennies, sur la commune de N’Diago riveraine de Saint-Louis du Sénégal. Une zone aux enjeux énormes avec l’exploitation du gaz et du pétrole au larges de la commune mais également grâce à son port. Mint Boydiel vient comme pour assurer la relève…
Manœuvres électoralistes
Le remaniement du gouvernement intervient dans un contexte quelque peu particulier. En effet, en plus d’un dialogue qui tarde à se concrétiser – le coordinateur semble prendre tout son temps, depuis près plus de huit mois, pour en assurer les préparatifs – le pays risque d’être embarqué dans la plus longue campagne électorale de son histoire.
Presque dès après la réélection du marabout-président pour un second et dernier mandat, des espèces de ballons d’essai ont été en effet lancés à propos de sa succession. Quasiment du jamais vu dans les arcanes politiques du pays.
Curieusement, les membres du « socle central » sont mêmes cités par les rumeurs en tant que potentiels successeur de l’actuel Président. Elles se sont même amplifiées ces derniers temps, obligeant plusieurs membres du gouvernement à sortir de leur silence pour dénoncer une campagne de « parasitage » de l’action du président de la République et de son gouvernement.
Ould Merzoug et Ould Chrougha se sont fendus de textes à ce sujet. « Ces manœuvres », disent-ils, « viennent saper le déroulement du mandat du président de la République focalisé sur les chantiers à achever ». En prenant leur plume pour tenter d’éteindre ce feu allumé depuis près d’une année, les deux membres du gouvernement ravissent la place de la majorité dont les partis devraient monter sur leurs grands chevaux pour arrêter cette campagne prématurée. Or silence radio du côté de ceux-ci.
Curieusement, même pendant les festivités de l’anniversaire commémorant l’investiture du président de la République, le 1er Août dernier, tous ont brillé par leur silence sur ces potentiels successeurs du président Ghazouani qui vient de démarrer son second mandat.
Comme si certains étaient pressés de le pousser dehors ou à un troisième mandat. Lors de la cérémonie d’investiture de l’an dernier, le président du Conseil Constitutionnel, monsieur Diallo Mamadou Bathia avait, on s’en rappelle, mis en garde les chapelles politiques contre une campagne électorale avant l’heure.
Avait-il senti le vent venir ? Peut-être : il connaît bien la mentalité des acteurs politiques du pays. En tout cas, ce qui se trame depuis près d’une année semble bien lui donner raison.
Deux questions essentielles se posent : d’où viennent ces ballons d’essai ? Qui est derrière cette entreprise de « démobilisation » et de diversion ? À qui pourrait-elle profiter ? Sûrement pas à l’opposition dont une partie espère retrouver, avec le dialogue en gestation, une bouée de sauvetage. Aux officines de renseignements de démêler les fils de ce labyrinthe, donc...
Dalay Lam
Source : Le Calame -