"Il y a des Peuls pêcheurs au bord du fleuve Sénégal, entre le pays de même nom et la Mauritanie.
On les appelle les Subalbes. Et leurs artistes ont créé le Pekaan, épopée corporative, cette catégorie des genres épiques africains produite par les corporations de chasseurs, pêcheurs, et pasteurs.
Rappelons brièvement que le noyau thématique caractéristique du genre épique est le conflit ; qui se présente sous forme de guerre entre collectivités, ou sous forme de duel, entre deux ou plusieurs adversaires. Sa loi exige l’héroïsme absolu, qui se termine généralement par la mort d’un ou des protagonistes.
C’est sans doute cette issue tragique qui conduit l’artiste à exalter en cours du récit le courage quasi suicidaire des combattants, et à s’émouvoir en termes lyriques sur cette fin fatale qui le rendra (ou les rendra) immortel.
Sur le Pekane des Peuls, les publications de Tene Youssouf Gueye, Abel Sy, Abdoul Aziz Sow, ont mis en évidence le talent de Gellaye qui en fut un auteur- interprète célèbre dans toute cette région, le long du fleuve Sénégal. Mais ces récits sont bien traditionnels, issus du patrimoine oral et de griots divers dont la mémoire n’a retenu que peu de noms (...)
Le présent travail du professeur Oumar Djiby Ndiaye tient compte de ces premières publications qui étaient assorties des transcriptions en bilingue peul-français.
Mais il les élargit en une synthèse très claire et complète du genre, en le recentrant sur la société locale.
Il y a déjà eu maintes analyses de la société peule et de son idéologie, la Pullagu. Cette Pullagu, maints chercheurs ont tenu à identifier et commenter à travers la littérature peule. Voyez les ouvrages d’Alpha I. Sow, Christiane Seydou, Tene Y. Gueye, Amadou Ly, U. Baumgardt, Issagha Coréra, A. Oury Ba, Alpha Oumarou Ba. Sans oublier les anciens H. Gaden, G. Vieillard, A. Hampaté Ba(...)
En revanche la synthèse élégante du professeur Oumar D. Ndiaye, sans trop s’attarder sur cet aspect idéologique, s’emploie à décrire minutieusement le contexte de production très spécifique du Pekane : le cadre spatio-temporel de cette zone où le fleuve déborde chaque année, avec ses conséquences ; la façon dont les Peuls se sont insérés dans un environnement très métissé avec les Wolof ; et maints autres indices d’altérité liés aux impératifs d’un métier plutôt rare dans l’ethnie peule ;soit comment tous ces éléments déterminent la vie matérielle et la mentalité Subalbe pour former la Subalagu, version pècheur de la Pulaagu.
Ces informations nous permettent de repenser, et de mieux comprendre des textes dont la beauté nous avait d’ores et déjà séduits."
Par Lilyan Kesteloot
Source: http://www.afriquemidi.com
On les appelle les Subalbes. Et leurs artistes ont créé le Pekaan, épopée corporative, cette catégorie des genres épiques africains produite par les corporations de chasseurs, pêcheurs, et pasteurs.
Rappelons brièvement que le noyau thématique caractéristique du genre épique est le conflit ; qui se présente sous forme de guerre entre collectivités, ou sous forme de duel, entre deux ou plusieurs adversaires. Sa loi exige l’héroïsme absolu, qui se termine généralement par la mort d’un ou des protagonistes.
C’est sans doute cette issue tragique qui conduit l’artiste à exalter en cours du récit le courage quasi suicidaire des combattants, et à s’émouvoir en termes lyriques sur cette fin fatale qui le rendra (ou les rendra) immortel.
Sur le Pekane des Peuls, les publications de Tene Youssouf Gueye, Abel Sy, Abdoul Aziz Sow, ont mis en évidence le talent de Gellaye qui en fut un auteur- interprète célèbre dans toute cette région, le long du fleuve Sénégal. Mais ces récits sont bien traditionnels, issus du patrimoine oral et de griots divers dont la mémoire n’a retenu que peu de noms (...)
Le présent travail du professeur Oumar Djiby Ndiaye tient compte de ces premières publications qui étaient assorties des transcriptions en bilingue peul-français.
Mais il les élargit en une synthèse très claire et complète du genre, en le recentrant sur la société locale.
Il y a déjà eu maintes analyses de la société peule et de son idéologie, la Pullagu. Cette Pullagu, maints chercheurs ont tenu à identifier et commenter à travers la littérature peule. Voyez les ouvrages d’Alpha I. Sow, Christiane Seydou, Tene Y. Gueye, Amadou Ly, U. Baumgardt, Issagha Coréra, A. Oury Ba, Alpha Oumarou Ba. Sans oublier les anciens H. Gaden, G. Vieillard, A. Hampaté Ba(...)
En revanche la synthèse élégante du professeur Oumar D. Ndiaye, sans trop s’attarder sur cet aspect idéologique, s’emploie à décrire minutieusement le contexte de production très spécifique du Pekane : le cadre spatio-temporel de cette zone où le fleuve déborde chaque année, avec ses conséquences ; la façon dont les Peuls se sont insérés dans un environnement très métissé avec les Wolof ; et maints autres indices d’altérité liés aux impératifs d’un métier plutôt rare dans l’ethnie peule ;soit comment tous ces éléments déterminent la vie matérielle et la mentalité Subalbe pour former la Subalagu, version pècheur de la Pulaagu.
Ces informations nous permettent de repenser, et de mieux comprendre des textes dont la beauté nous avait d’ores et déjà séduits."
Par Lilyan Kesteloot
Source: http://www.afriquemidi.com