Présidentielle:Qui peut refuser le verdict des urnes ?



Présidentielle:Qui peut refuser le verdict des urnes ?
Après dix mois de crise politique et institutionnelle née du coup d’état du 6 août 2008, et la signature de l’Accord Cadre de Dakar (ACD) pour un retour inclusif à l’ordre constitutionnel, épisode portant l’empreinte du médiateur en chef, maître Abdoulaye Wade, la Mauritanie se dirige tout droit vers le verdict des urnes pour l’échéance présidentielle du 18 juillet 2009. Une seule question taraude les observateurs : est-ce que le général candidat, qui contrôle par personnes interposées les rênes du pouvoir dans le pays, va-t-il accepter le résultat s’il n’est pas en sa faveur ? Que va-t-il faire ? Y-a-il risque d’un nouveau coup de force ?

Dans quelques heures, les lampions vont s’éteindre sur une campagne électorale marquée par des invectives, attaques sous la ceinture, insultes et propos diffamatoires qui ont totalement occulté l’important débat de fond qui aurait pu éclairer les mauritaniens sur le projet de société des neuf candidats.

Dans un tel contexte d’antagonisme au niveau des personnalités et non de divergences portant sur les programmes, la question essentielle est de savoir si tous les concurrents sont prêts à se plier de bonne grâce au verdict des urnes.
Cette question est particulièrement pertinente vis-à-vis du candidat de l’Union pour la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, ex chef de l’état et ancien président du Haut Conseil d’Etat (HCE), junte auteur d’un coup d’état du 6 août 2008.
Une opération considérée comme un demi échec ou une demie réussite pour reprendre l’image de la fameuse bouteille à moitié vide ou à moitié pleine.

Plusieurs signaux inquiétants renvoient au doute quant à l’acceptation des résultats sortis des urnes à la date du 18 juillet prochain. Ainsi, après les déclarations minimisant la portée de l’accord cadre de Dakar pour un retour inclusif à l’ordre constitutionnel, unique base du processus électoral, le candidat a rappelé à tous son passé putschiste comme « un titre de gloire » qui aurait servi à sauver le pays à deux ou trois reprises. Un retour en arrière vraiment anachronique dans un contexte de processus électoral qui impose aux candidats la recherche et l’exposé d’arguments plus convaincants pour gagner la confiance de nos concitoyens.

Il faut ajouter à cela le reportage de la TVM vraiment spécial consacré au meeting du même candidat, qui s’est déroulé samedi dernier attirant certes une énorme foule au sein de laquelle du reste des partisans du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), mais aussi de simples curieux, venus prendre connaissance des pièces à conviction démontrant l’implication de certains leaders politiques dans des pratiques de « prévarication ».

Une foule que la télévision nationale a évalué –ce qui n’est pas du tout son rôle ni sa vocation- à plus de 120.000 personnes pour donner l’image d’un candidat promis au plébiscite. A côté de cela un reportage dans le journal de 20h et de 21h30 sur les détails des accusations graves que Aziz avaient porté contre ses adversaires les accusant de détournements des deniers publics. Ceci aurait été acceptable si les autres candidats bénéficiaient du même traitement. Eux aussi avaient dit beaucoup de mauvaises choses de Aziz qui n’ont pas été repris dans les journaux de TVM.

Autre élément source d’une vive inquiétude : la visite de la délégation à la surveillance maritime à Nouadhibou, rendue à certaines industries de traitement du poisson installées dans la capitale économique et grande métropole du Nord. Des unités industrielles appartenant à de riches hommes d’affaires qui soutiennent l’un des adversaires les plus crédibles du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz.

C’est un secret de polichinelle que le délégué à la surveillance maritime est homme pour le candidat Aziz. C’est lui, sortant de la réserve que lui impose son grade d’officier, qui avait supervisé l’organisation du meeting de campagne de son candidat Aziz à Atar.
Bien d’autres manœuvres notées, ces derniers jours, dont certaines visant à discréditer une institution chargée du contrôle du processus électoral : la CENI.

La CENI dans le collimateur

Une plate forme d’acteurs non étatiques et non identifiés publiée samedi a mis en doute la « neutralité » de la Commission Nationale Indépendante (CENI), qui renfermerait des présidents de partis politiques et des membres de directoires de campagne.
Raison pour laquelle l’institution chargée du contrôle du processus électoral se retrouve
divisée en deux coalitions opposées. Ce qui rendrait impossible l’accomplissement correct de sa mission républicaine.
La déclaration du mardi déplore notamment l’intervention de la CENI dans des domaines dont la gestion relève d’autres institutions.

Sans le dire de manière claire et précise, la déclaration de cette mystérieuse plate forme des acteurs non étatiques dont le communiqué oublie volontairement de citer les ONG membres, ce qui en soi discrédite leur action, fait référence à une demande de la CENI invitant le ministre des affaires étrangères à observer une attitude de stricte neutralité dans le déroulement du vote des mauritaniens de la diaspora qui se déroule au sein de nos ambassades à travers le monde.
Une recommandation qui cadre parfaitement avec les prérogatives et la mission de la CENI.

La déclaration du mardi pourrait bien relever d’une manœuvre visant à discréditer la CENI.

Au cas où l’un des candidats refuserait le verdict des urnes, reste maintenant à savoir si les institutions de la République vont le suivre dans pareille entreprise.


Kouchka


Source: Biladi


Jeudi 16 Juillet 2009
Boolumbal Boolumbal
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