La Mauritanie est-elle vraiment sortie de la crise de 2008-2009 ? L’élection présidentielle de juillet dernier – bientôt une année sur cet « heureux » événement – a-t-elle réellement fonctionné comme voulu par la communauté internationale ?
Si de telles questions sont posées aujourd’hui par le commun des Mauritaniens, c’est que les hommes politiques, de la majorité présidentielle, regroupés dans la CPM (Coalition des Partis de la Majorité), et ceux de l’opposition qui ont décidé de transformer le FNDD (Front national pour la défense de la démocratie) en COD (Coordination de l’opposition démocratique), n’ont pas encore compris la nécessité de se faire des concessions pour que la solution véritable à la crise soit trouvée.
Chaque partie se dit pourtant désireuse du dialogue. On se rappelle même que, il y a quelques mois, la Majorité présidentielle avait cherché à coupé l’herbe sous les pieds de l’Opposition en organisant, à l’image des EGD (Etats généraux de la démocratie) des Journées de réflexion sur les 50 ans de gouvernance en Mauritanie ! Vaste programme qui, une fois encore, a été boudé par l’opposition ! A l’époque, beaucoup de confrères ont tiré sur cette opposition « qui refuse le dialogue », par le simple fait qu’elle rechigne à être un invité d’un conclave dont tous les aspects peuvent bien avoir été réglés d’avance, non pas par les organisateurs « apparents » mais dans les officines du pouvoir.
Pour qu’il y ait dialogue véritable, il faut bien que les deux protagonistes fassent des concessions qui ne soient pas de simples paroles en l’air. Vouloir le dialogue un temps, le crier sur les toits et accuser l’autre de demander l’impossible : le partage du pouvoir (ou même le départ du président Aziz) ou le musellement de l’opposition pour qu’elle accepte de la fermer et de rivaliser même dans l’éloge du pouvoir avec ses soutiens institutionnels !
Pourtant, cette querelle de politiques n’est pas du bon goût des citoyens aujourd’hui. Le statisme qu’ils observent, à tous les niveaux, de leur vie, les poussent, à moyen terme, à se désolidariser avec les deux camps. Ce qu’ils demandent aujourd’hui c’est d’être assurés que les problèmes auxquels fait face actuellement la Mauritanie ne seront désormais pas pris à la légère par une élite politique dont les préoccupations sont loin d’être celles du quotidien des populations.
En voulant inscrire le dialogue – où l’intention de le rétablir – dans le cadre des Accords de Dakar, la majorité présidentielle et parlementaire cherche, incontestablement, à redéfinir le cadre de ses rapports avec l’opposition dans sa nouvelle reconfiguration mais également à redonner confiance à la communauté internationale par l’impression que la scène politique est apaisée.
Comprenant cela, l’opposition se refuse à aller dans le même sens, sans avoir à discuter de préalables sur la nature même de ce « changement constructif » qui est l’essence de la politique prônée par le pouvoir. Maintenant qu’on assiste à une reconfiguration de la scène politique nationale, avec l’émergence de nouvelles forces politiques (UPR et Wiam) ou la sortie de la Bipolarité d’autres (Tawassoul, AJD/MR), l’on est sûr d’assister, jusqu’aux prochaines élections législatives et municipales, à un nouveau round dont l’issue déterminera celle de la future présidentielle en 2014.
Dans son nouveau combat, l’opposition qui n’est pas sûre de gagner, veut, au moins, disposer du choix des armes. Attitude embarrassante pour le pouvoir qui, tout en refusant d’associer l’opposition à la gestion directe des affaires de l’Etat (certains vont même jusqu’à penser à un gouvernement d’union nationale), cherche à provoquer une dispersion de ses efforts, et même a susciter un découragement de ses troupes, par les harcèlements exercés sur certains de ses leaders (Yahya Ould Ahmed Waghef, Messaoud Ould Boulkheir, Sidi Ould Salem).
Mais un tel programme politique de containment de l’opposition au pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, vue les circonstances actuelles, repose la question de l’Ordre et des Moyens. De la nécessité même d’aller de l’avant pour que le projet réformiste du président Mohamed Ould Abdel Aziz ne bute pas sur ce qui a toujours fait échouer les « projets » que tous ses prédécesseurs avaient concoctés avant lui : l’usure du temps. Trop occupée à agir contre l’opposition – ou à réagir – le pouvoir oublie l’essentiel : le sauvetage économique est la première des nécessité pour s’assurer, aussi longtemps que possible, l’adhésion des populations. Certes, celles-ci voient d’un bon œil la réalisation des routes à Nouakchott, la promesse d’un développement sans précédent des services d’eau et d’électricité, à la fin de l’année en cours (promesse du président Aziz, lui-même) mais la question récurrente des prix n’est pas à négliger. Sans cela, tout ce qui a été entrepris relève de l’éphémère et de la propagande, puisqu’il est certain que les « gazras » et autres « kebbas » survivront à l’actuel quinquennat du « président des pauvres » et peut-même au-delà.
C’est ce qui justifie que le « président des pauvres » donne l’impression d’être trop pressé ! Tout doit être fait ici et maintenant. Méthode qui a été appliquée à « Hay Sakène », avec plus ou moins de réussite, dans la réalisation de routes à Nouakchott, la lutte contre la gabegie et la réforme de l’administration. Ces deux derniers aspects sont mêmes en train d’être « retournés » contre le président Aziz. Toutes les dernières nominations ont provoqué un haut-le-corps chez des observateurs qui croyaient la rupture consommée avec le passé. Le retour au devant de la scène d’anciens caciques du pouvoir de Taya ne se fait plus sous couvert d’un « recasage » dans des postes d’ambassadeurs, de PCA (Président de Conseil d’Administration) ou de Conseiller mais dans la banalité totale qui se veut nécessité de ratisser large. Sans doute que la constitution du parti-Etat, l’Union pour la République, et son implantation qui a ravi la vedette à toutes les implantations du défunt PRDS expliquent que le pouvoir ne s’embarrasse plus de scrupules pour assurer une bonne cotation populaire. Au prix d’un « grand bond en arrière ».
Amadou Diaara
Source: Renovatuer
Si de telles questions sont posées aujourd’hui par le commun des Mauritaniens, c’est que les hommes politiques, de la majorité présidentielle, regroupés dans la CPM (Coalition des Partis de la Majorité), et ceux de l’opposition qui ont décidé de transformer le FNDD (Front national pour la défense de la démocratie) en COD (Coordination de l’opposition démocratique), n’ont pas encore compris la nécessité de se faire des concessions pour que la solution véritable à la crise soit trouvée.
Chaque partie se dit pourtant désireuse du dialogue. On se rappelle même que, il y a quelques mois, la Majorité présidentielle avait cherché à coupé l’herbe sous les pieds de l’Opposition en organisant, à l’image des EGD (Etats généraux de la démocratie) des Journées de réflexion sur les 50 ans de gouvernance en Mauritanie ! Vaste programme qui, une fois encore, a été boudé par l’opposition ! A l’époque, beaucoup de confrères ont tiré sur cette opposition « qui refuse le dialogue », par le simple fait qu’elle rechigne à être un invité d’un conclave dont tous les aspects peuvent bien avoir été réglés d’avance, non pas par les organisateurs « apparents » mais dans les officines du pouvoir.
Pour qu’il y ait dialogue véritable, il faut bien que les deux protagonistes fassent des concessions qui ne soient pas de simples paroles en l’air. Vouloir le dialogue un temps, le crier sur les toits et accuser l’autre de demander l’impossible : le partage du pouvoir (ou même le départ du président Aziz) ou le musellement de l’opposition pour qu’elle accepte de la fermer et de rivaliser même dans l’éloge du pouvoir avec ses soutiens institutionnels !
Pourtant, cette querelle de politiques n’est pas du bon goût des citoyens aujourd’hui. Le statisme qu’ils observent, à tous les niveaux, de leur vie, les poussent, à moyen terme, à se désolidariser avec les deux camps. Ce qu’ils demandent aujourd’hui c’est d’être assurés que les problèmes auxquels fait face actuellement la Mauritanie ne seront désormais pas pris à la légère par une élite politique dont les préoccupations sont loin d’être celles du quotidien des populations.
En voulant inscrire le dialogue – où l’intention de le rétablir – dans le cadre des Accords de Dakar, la majorité présidentielle et parlementaire cherche, incontestablement, à redéfinir le cadre de ses rapports avec l’opposition dans sa nouvelle reconfiguration mais également à redonner confiance à la communauté internationale par l’impression que la scène politique est apaisée.
Comprenant cela, l’opposition se refuse à aller dans le même sens, sans avoir à discuter de préalables sur la nature même de ce « changement constructif » qui est l’essence de la politique prônée par le pouvoir. Maintenant qu’on assiste à une reconfiguration de la scène politique nationale, avec l’émergence de nouvelles forces politiques (UPR et Wiam) ou la sortie de la Bipolarité d’autres (Tawassoul, AJD/MR), l’on est sûr d’assister, jusqu’aux prochaines élections législatives et municipales, à un nouveau round dont l’issue déterminera celle de la future présidentielle en 2014.
Dans son nouveau combat, l’opposition qui n’est pas sûre de gagner, veut, au moins, disposer du choix des armes. Attitude embarrassante pour le pouvoir qui, tout en refusant d’associer l’opposition à la gestion directe des affaires de l’Etat (certains vont même jusqu’à penser à un gouvernement d’union nationale), cherche à provoquer une dispersion de ses efforts, et même a susciter un découragement de ses troupes, par les harcèlements exercés sur certains de ses leaders (Yahya Ould Ahmed Waghef, Messaoud Ould Boulkheir, Sidi Ould Salem).
Mais un tel programme politique de containment de l’opposition au pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, vue les circonstances actuelles, repose la question de l’Ordre et des Moyens. De la nécessité même d’aller de l’avant pour que le projet réformiste du président Mohamed Ould Abdel Aziz ne bute pas sur ce qui a toujours fait échouer les « projets » que tous ses prédécesseurs avaient concoctés avant lui : l’usure du temps. Trop occupée à agir contre l’opposition – ou à réagir – le pouvoir oublie l’essentiel : le sauvetage économique est la première des nécessité pour s’assurer, aussi longtemps que possible, l’adhésion des populations. Certes, celles-ci voient d’un bon œil la réalisation des routes à Nouakchott, la promesse d’un développement sans précédent des services d’eau et d’électricité, à la fin de l’année en cours (promesse du président Aziz, lui-même) mais la question récurrente des prix n’est pas à négliger. Sans cela, tout ce qui a été entrepris relève de l’éphémère et de la propagande, puisqu’il est certain que les « gazras » et autres « kebbas » survivront à l’actuel quinquennat du « président des pauvres » et peut-même au-delà.
C’est ce qui justifie que le « président des pauvres » donne l’impression d’être trop pressé ! Tout doit être fait ici et maintenant. Méthode qui a été appliquée à « Hay Sakène », avec plus ou moins de réussite, dans la réalisation de routes à Nouakchott, la lutte contre la gabegie et la réforme de l’administration. Ces deux derniers aspects sont mêmes en train d’être « retournés » contre le président Aziz. Toutes les dernières nominations ont provoqué un haut-le-corps chez des observateurs qui croyaient la rupture consommée avec le passé. Le retour au devant de la scène d’anciens caciques du pouvoir de Taya ne se fait plus sous couvert d’un « recasage » dans des postes d’ambassadeurs, de PCA (Président de Conseil d’Administration) ou de Conseiller mais dans la banalité totale qui se veut nécessité de ratisser large. Sans doute que la constitution du parti-Etat, l’Union pour la République, et son implantation qui a ravi la vedette à toutes les implantations du défunt PRDS expliquent que le pouvoir ne s’embarrasse plus de scrupules pour assurer une bonne cotation populaire. Au prix d’un « grand bond en arrière ».
Amadou Diaara
Source: Renovatuer
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