La Mauritanie fêtera bientôt le cinquantenaire de son indépendance. Le bilan reste mitigé. Le développement est quasi nul, le terrorisme guette le pays, le chômage est alarmant, le pouvoir est central malgré les attentions de la décentralisation, les politiques sociales d'accompagnement des travailleurs et des retraités ne requièrent aucune importance, la crise de l'identité refait surface. Le conflit demeure aussi un aspect persistant qui affecte les décisions politiques. Toutefois, la volonté affichée de la part de l'actuel homme fort du pays en vue d'enclencher un dialogue inclusif semble être une étape pouvant permettre de dépasser l'état de la haute tension politique. En somme, ce bilan mitigé de cinquante ans d'existence de la Mauritanie est dû essentiellement à la manière dont les dirigeants de la nation prennent leurs décisions au sommet de l'Etat.
Rétrospectivement, je reviens à travers une chronique d'un pouvoir guidée par un charisme versus Mauritanien [1], sur un aspect interprétatif de l'Etat actuel de la situation socio politique voire socio-économique du pays.
En effet, les civils qui ont dirigé le pays à l'instar des militaires ont procédé au renforcement d'un charisme officiel entrainant indirectement une destruction de l'esprit de la personnalité morale des organes de l'Etat. Les structures décentralisées et déconcentrées procèdent également aux mêmes modes de fonctionnement.
Le charisme militaire est fondé en Mauritanie sur le principe de la hiérarchie pyramidale de l'exercice du pouvoir. Leur pouvoir a commencé en 1978 suite au coup d'Etat contre le premier président civil du pays Moctar O Daddah jusqu'à la modification de la constitution sous le régime militaire de Maaouiya.
Ce régime est manifestement caractérisé par la mise en place d'institutions démocratiques imposées par la France de François Mitterrand (discours de La Baule de 1990) et contestées par les belligérants internes et les organismes de droits de l'homme. Après cette modification, les militaires ont continué à diriger le pays sous une forme constitutionnellement démocratique mais en réalité en tout point comparable à un régime militaire. Cela a consolidé la procédure décisionnelle verticale.
Les chefs de clans cherchent, dans cette perspective, leurs intérêts individuels. Ces intérêts devront servir les chefs et ensuite les autres membres du clan seront servis selon leurs positionnements dans la hiérarchie du clan. Une telle hiérarchie fonctionne sur une base paternelle et masculine.
Paradoxalement, les intérêts des chefs sont maintenus selon l'esprit communautaire. Ce système n'a pas abouti, cependant, à résoudre les difficultés économiques et sociales. Ce qui a poussé l'armée à travers plusieurs coups d'Etat à déclencher un semblant mécanisme de démocratisation (le changement du trois août 2005). Le nouveau système est né d'une domination de la hiérarchie. En août 2008, le pouvoir est repris par les militaires pour une durée de 19 mois et un ancien militaire devient, par la suite, le 8ème président de la République.
En fait «les hiérarchies fournissent apparemment une anticipation et un contrôle suffisant du comportement des mâles pour permettre aux codes sociaux de se développer et de s'implanter, créant ainsi des conditions favorables à des structures sociales plus complexes et éventuellement à des sociétés de plus en plus élargies. Cet état des choses devient évident lorsque nous observons des sociétés dont la structure politique et l'ordre des sociétés se sont effondrés». (Karl Albrecht, l'intelligence sociale, 2007, p 201)
A cet égard, la population mauritanienne majoritairement jeune et masculine à 49%, risque de provoquer de fortes tensions si des mesures rapides et efficaces ne sont pas prises. En effet, selon un anthropologue «l'animal le plus dangereux sur la planète est humain mâle sans partenaire sexuel, âgé entre seize et vingt-quatre ans» (sic).
Une transposition de ce constat sur la réalité de la jeunesse mauritanienne nous permet de craindre le pire. Celle-ci représente désormais 77 % de la population. Et le taux de chômage qui est de 31 % frappe plus particulièrement cette tranche des mauritaniens. La capacité d'absorption des diplômés est quasi inexistante.
Et cette jeunesse est majoritairement célibataire. Elle ne bénéficie presque plus de la solidarité communautaire. Elle demande des emplois. Elle est déçue et désœuvrée. Ces éléments semblent suffisants pour que le pouvoir se remette en question.
La Mauritanie a besoin d'un leader ayant un charisme acquis par l'expérience et le travail sur le terrain afin que notre pays dépasse les méfaits de la hiérarchie pyramidale qui fait appel à des formes archaïques de domination, souvent destructives. L'histoire est remplie de cas de ce type. Les dictatures les plus fortes se sont effondrées après la mort de leurs chefs.
La mort de César Libye a entrainé la division de Rome en trois provinces. Alexandre Le Grand a conquis le monde ; sa mort a entrainé aussi la dissolution de son grand empire ; enfin l'instabilité que l'on peut craindre des régimes vieillissants actuels uniquement dirigés par une personnalité déjà âgée ne préparant pas sa succession en prévoyant une ouverture sont légion (Gabon, Guinée Conakry, Eqypte).
En gros, un dirigeant qui dirige avec un système performant n'est pas comme celui qui fonctionne selon un ordre dicté par les alliances contre nature. Pour que les choses évoluent en Mauritanie, il semble indispensable de revoir la manière de diriger. Il s'agit d'une nécessité qui peut s'exprimer à n'importe quel moment pour donner l'espoir tant recherché par une population qui reste pour le moment passive.
m_barrada@yahoo.fr
Rétrospectivement, je reviens à travers une chronique d'un pouvoir guidée par un charisme versus Mauritanien [1], sur un aspect interprétatif de l'Etat actuel de la situation socio politique voire socio-économique du pays.
En effet, les civils qui ont dirigé le pays à l'instar des militaires ont procédé au renforcement d'un charisme officiel entrainant indirectement une destruction de l'esprit de la personnalité morale des organes de l'Etat. Les structures décentralisées et déconcentrées procèdent également aux mêmes modes de fonctionnement.
Le charisme militaire est fondé en Mauritanie sur le principe de la hiérarchie pyramidale de l'exercice du pouvoir. Leur pouvoir a commencé en 1978 suite au coup d'Etat contre le premier président civil du pays Moctar O Daddah jusqu'à la modification de la constitution sous le régime militaire de Maaouiya.
Ce régime est manifestement caractérisé par la mise en place d'institutions démocratiques imposées par la France de François Mitterrand (discours de La Baule de 1990) et contestées par les belligérants internes et les organismes de droits de l'homme. Après cette modification, les militaires ont continué à diriger le pays sous une forme constitutionnellement démocratique mais en réalité en tout point comparable à un régime militaire. Cela a consolidé la procédure décisionnelle verticale.
Les chefs de clans cherchent, dans cette perspective, leurs intérêts individuels. Ces intérêts devront servir les chefs et ensuite les autres membres du clan seront servis selon leurs positionnements dans la hiérarchie du clan. Une telle hiérarchie fonctionne sur une base paternelle et masculine.
Paradoxalement, les intérêts des chefs sont maintenus selon l'esprit communautaire. Ce système n'a pas abouti, cependant, à résoudre les difficultés économiques et sociales. Ce qui a poussé l'armée à travers plusieurs coups d'Etat à déclencher un semblant mécanisme de démocratisation (le changement du trois août 2005). Le nouveau système est né d'une domination de la hiérarchie. En août 2008, le pouvoir est repris par les militaires pour une durée de 19 mois et un ancien militaire devient, par la suite, le 8ème président de la République.
En fait «les hiérarchies fournissent apparemment une anticipation et un contrôle suffisant du comportement des mâles pour permettre aux codes sociaux de se développer et de s'implanter, créant ainsi des conditions favorables à des structures sociales plus complexes et éventuellement à des sociétés de plus en plus élargies. Cet état des choses devient évident lorsque nous observons des sociétés dont la structure politique et l'ordre des sociétés se sont effondrés». (Karl Albrecht, l'intelligence sociale, 2007, p 201)
A cet égard, la population mauritanienne majoritairement jeune et masculine à 49%, risque de provoquer de fortes tensions si des mesures rapides et efficaces ne sont pas prises. En effet, selon un anthropologue «l'animal le plus dangereux sur la planète est humain mâle sans partenaire sexuel, âgé entre seize et vingt-quatre ans» (sic).
Une transposition de ce constat sur la réalité de la jeunesse mauritanienne nous permet de craindre le pire. Celle-ci représente désormais 77 % de la population. Et le taux de chômage qui est de 31 % frappe plus particulièrement cette tranche des mauritaniens. La capacité d'absorption des diplômés est quasi inexistante.
Et cette jeunesse est majoritairement célibataire. Elle ne bénéficie presque plus de la solidarité communautaire. Elle demande des emplois. Elle est déçue et désœuvrée. Ces éléments semblent suffisants pour que le pouvoir se remette en question.
La Mauritanie a besoin d'un leader ayant un charisme acquis par l'expérience et le travail sur le terrain afin que notre pays dépasse les méfaits de la hiérarchie pyramidale qui fait appel à des formes archaïques de domination, souvent destructives. L'histoire est remplie de cas de ce type. Les dictatures les plus fortes se sont effondrées après la mort de leurs chefs.
La mort de César Libye a entrainé la division de Rome en trois provinces. Alexandre Le Grand a conquis le monde ; sa mort a entrainé aussi la dissolution de son grand empire ; enfin l'instabilité que l'on peut craindre des régimes vieillissants actuels uniquement dirigés par une personnalité déjà âgée ne préparant pas sa succession en prévoyant une ouverture sont légion (Gabon, Guinée Conakry, Eqypte).
En gros, un dirigeant qui dirige avec un système performant n'est pas comme celui qui fonctionne selon un ordre dicté par les alliances contre nature. Pour que les choses évoluent en Mauritanie, il semble indispensable de revoir la manière de diriger. Il s'agit d'une nécessité qui peut s'exprimer à n'importe quel moment pour donner l'espoir tant recherché par une population qui reste pour le moment passive.
m_barrada@yahoo.fr
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