
Du moins, à en juger, tout simplement, par les images diffusées par la télévision mauritanienne. Un de mes amis espagnols me le suggérait, hier, dans un courrier électronique: «J’ai découvert, aujourd’hui, la TVM! Mais, dis-moi, il n’y a pas de noirs, dans ton pays?» J’ai tiqué. Entre les Hartanis, les Hal Pulaaren, les Soninkés, les Wolofs et les quelques Bambaras, à l’Est, les Soudanes représentent, plus ou moins, les deux tiers de la population. Comment mon ami, qui n’a jamais mis les pieds, c’est vrai, sur notre territoire national, pouvait-il se poser une telle stupide question? J’ai, donc, allumé mon poste de télévision et me suis astreint, une fois n’est pas coutume, à un suivi de quelques heures, ce wek-end, des émissions de notre télé-bidon. Et j’ai été, sidéralement, édifié. Selon notre petite lucarne nationale, notre Mauritanie est, en effet, désormais blanchie ; décolorée ; javellisée, probablement. Présentateurs, présentatrices, hommes et femmes politiques, techniciens supérieurs et autres cadres, religieux et autres huiles consacrées, la proportion de beydanes atteindrait, en ces professions hautement médiatisées, des sommets.
Avec, par ci, par là, des nuances bon teint: il semblerait, ainsi, qu’a contrario du jugement hâtif de mon ibérique ami, la TVM admette une négritude majoritaire de notre pays dans, peut-être, trois secteurs : la main d’œuvre, la pauvreté et le sous-prolétariat. «Nous ne nous y reconnaissons pas», me dit, de son côté, un autre ami journaliste, peul de chez peuls, arabisant, cependant, mais fatigué, comme jamais, du blanchiment des choses, des gens et de l’argent. Mauritanie sépulcrale, en route vers son tombeau? Et l’on s’étonne que les bailleurs de fonds, étrangers, s’inquiètent de ces pâles couleurs et ne croient plus guère aux discours officiels sur notre riche pluralité de tons. Baissez le son, spécialistes de l’audio-visuel, et nuancez la pigmentation de l’image : la réalité mauritanienne est, heureusement, plus bariolée que vos courtes – et dangereuses – vues.
feylili
Source: Points Chauds
Avec, par ci, par là, des nuances bon teint: il semblerait, ainsi, qu’a contrario du jugement hâtif de mon ibérique ami, la TVM admette une négritude majoritaire de notre pays dans, peut-être, trois secteurs : la main d’œuvre, la pauvreté et le sous-prolétariat. «Nous ne nous y reconnaissons pas», me dit, de son côté, un autre ami journaliste, peul de chez peuls, arabisant, cependant, mais fatigué, comme jamais, du blanchiment des choses, des gens et de l’argent. Mauritanie sépulcrale, en route vers son tombeau? Et l’on s’étonne que les bailleurs de fonds, étrangers, s’inquiètent de ces pâles couleurs et ne croient plus guère aux discours officiels sur notre riche pluralité de tons. Baissez le son, spécialistes de l’audio-visuel, et nuancez la pigmentation de l’image : la réalité mauritanienne est, heureusement, plus bariolée que vos courtes – et dangereuses – vues.
feylili
Source: Points Chauds