Mauritanie:Torture : Brandir les trophées à New York et battre les détenus à mort à Nouakchott…

«Tous les régimes qui se sont succédés en Mauritanie depuis 1978 ont commandité, couvert et garantit l'impunité aux auteurs de pratiques massives de torture, de mauvais traitements et d'assassinats» a dit un responsable d’une ONG de défense des droits de l’Homme.



Mauritanie:Torture : Brandir les trophées à New York et battre les détenus à mort à Nouakchott…
Trois jours après la remise d’un document portant ratification par la Mauritanie du protocole facultatif de la convention de lutte contre la torture et toutes les formes de mauvais traitements, de traitements inhumains ou indignes, un détenu a été battu a mort à la prison à Nouakchott…

« M. Hamadi Ould Hamadi, ministre mauritanien des affaires étrangères et de la coopération a été reçu samedi à New York par M. Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies.

Au cours de l'audience, qui s'est déroulée dans le bureau du premier responsable onusien, le ministre des affaires étrangères et de la coopération a présenté au secrétaire général de l'ONU les documents de ratification par la Mauritanie des conventions internationales de protection des personnes contre les disparitions forcées ainsi que le protocole facultatif de la convention de lutte contre la torture et toutes les formes de mauvais traitements, de traitements inhumains ou indignes, documents que notre pays vient de ratifier. » Signé Agence mauritanienne d’information, AMI.

Le ministre des affaires étrangère a été reçu par Ban Ki Moon, samedi 29 septembre 2012. Quatre jours après, le 02 octobre, la commission nationale des droits de l’Homme rend public un communiqué avec comme premier paragraphe : « La Commission Nationale des Droits de l'Homme a appris et constaté avec surprise et consternation les actes de torture et de mauvais traitements infligés par des gardes pénitentiaires à trois détenus de la prison de Dar Naim à Nouakchott le 1er octobre 2012. Un des détenus est décédé. »

Remettre, comme un trophée, à New York, au secrétaire général des Nations Unies, le document portant ratification du protocole facultatif de la convention de lutte contre la torture et toutes les formes de mauvais traitements, de traitements inhumains ou indignes le 29 septembre, et, trois jours après, battre a mort un détenu dans une prison a Nouakchott, c’est une bien curieuse façon de lutter contre les traitements inhumains et dégradants, une bien curieuse façon de respecter les droits fondamentaux.

Malgré les efforts législatifs, la pratique de la torture en Mauritanie est souvent banalisée. Un agent des forces de sécurité qui lève la main sur un suspect, ça fait presque partie de l’ordinaire. Que faut-il faire pour amener ceux qui sont chargés de l’exécution des procédures d’enquête à respecter les principes prohibant les traitements inhumains et dégradants ?

Indépendamment des conventions internationale ratifiées par la Mauritanie, le Code de procédure pénale réglemente les enquêtes policières et prohibe les aveux obtenues des suspects sous torture. Mais les forces de l’ordre mauritaniennes n’arrivent pas a se départir de la brutalité ambiantes aussi bien au moment des interpellations que des gardes a vue.

Cette banalisation de la torture apparaît dans la presse ou on lit souvent « après avoir été cuisiné par les limiers, il a avoué… » Derrière « cuisinier » il y a des agissements indignes infligés aux citoyens. La culture de la brutalité ambiante ne s’arrête pas à la porte des prisons. Hassane Ould Brahim, fait partie des trois détenus de la prison de Dar Naim (Nouakchott) passés a tabac par les gardes, trois jours après le cadeau fait a Ban Ki Moon par le ministre des affaires étrangères. Hassen n’a pas survécu aux coups.

«Tous les régimes qui se sont succédés en Mauritanie depuis 1978 ont commandité, couvert et garantit l'impunité aux auteurs de pratiques massives de torture, de mauvais traitements et d'assassinats» a dit un responsable d’une ONG de défense des droits de l’Homme.

La CNDH, dans son communiqué « note avec intérêt la réaction rapide des autorités et l'arrestation des mis en cause ainsi que l'ouverture immédiate d'une enquête administrative et judiciaire conformément aux dispositions de la convention des Nations contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et du protocole facultatif s'y rapportant dont les instruments de ratification viennent d'être déposés par la Mauritanie auprès du Secrétariat Général des Nations Unies.

La CNDH recommande à l'Administration de rendre publiques les conclusions de telles enquêtes et de traduire en justice les auteurs de ces actes. La CNDH suggère à l'Administration d'entreprendre sans délai des campagnes de formation et d'information sur la prévention et l'interdiction absolue de la torture au profit des personnes chargées de l'application de la loi. »

Pour que cesse la banalisation de la torture, le procès des présumés tortionnaires des trois détenus de Dar Naim doit avoir lieu. Autrement, les bourreaux continueront de plus belle, étant sûrs de la garantie de l’impunité.

En Octobre 2010, la commission nationale des droits de l’homme publiait ceci : « Alertée par le nombre élevé de décès enregistrés ces derniers temps à la prison de Dar Naïm pour des raisons médicales non encore élucidées, la Commission nationale des Droits de l’homme (CNDH) a entrepris dés le 12 octobre 2010 des investigations sur les lieux et auprès des différentes administrations concernées.

Il ressort de l’état des lieux d’aujourd’hui que celui-ci n’est malheureusement pas différent de celui constaté lors de précédentes investigations conduites en Mai 2010 sur l’ensemble du territoire national et à la suite desquelles la CNDH exprimait déjà son inquiétude quant à la surpopulation carcérale, à l’insuffisance de la ration alimentaire, à l’état d’insalubrité des lieux et au manque criant de suivi médical des détenus. »

La mort de Hassane Ould Brahim n’est pas due a la surpopulation carcérale, à l’insalubrité… il a, selon tous les témoignages, été frappé à mort par les gardes de la prison.

Khalilou Diagana
Le Quotidien de Nouakchott

Dimanche 7 Octobre 2012
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