Mauritanie : Racisme et impunité, quel dépassement ?

مبادرة إنبعـــاث الحــــركة الانعتـــــــاقية
INITIATIVE DE RESURGENCE DU MOUVEMENT ABOLITIONNISTE
IRA
RÉCÉPISSÉ N° FA 010000102912202100001



L’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (Ira) apprend que l’État mauritanien tente, une fois de plus, de solder, à sa manière, le dossier du passif humanitaire - marqué par les massacres et déportations commis sous le régime du Colonel-Chef d’Etat Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, entre 1986 et 1991. L’essai d’épuration ethnique visait les ethnies non-arabophones du sud, sur la base d’une ségrégation de l’identité génétique, du mode de vie et de la langue.

Depuis la chute de ce dictateur en 2005, différents gouvernements ont voulu régler le contentieux, sans jamais enfreindre l’immunité des tortionnaires, pourtant connus mais toujours sous la protection d’une soi-disant solidarité de leurs tribus, devant laquelle s’effacent l’exigence du droit et l’impératif d’égalité des citoyens.

A chaque essai, la seule réponse de l’État se résume à des dédommagements financiers aux survivants et ayants droits des disparus. Aujourd’hui encore, l’autorité politique envisage de consacrer, au volet financier des compensations, environ 26 milliards d’ouguiyas afin de tarir les larmes des veuves, des orphelins et des familles des victimes de la tuerie. La formule de la rançon en contrepartie du silence n’est pas nouvelle. En Mauritanie, elle arrive à sa troisième édition, sans convaincre ni satisfaire.

Or, dans un État de droit, que guident la rationalité et l’éthique universaliste, la réparation d’un crime collectif suit une succession d’étapes dont les expériences du Maroc et de l’Afrique du Sud présentent un exemple plutôt édifiant. L’argent n’en constitue qu’un aspect résiduel, quoique d’utilité certaine.

Aussi, l’Ira et la communauté des défenseurs et promoteurs de la dignité humaine réclament :


1. D’emblée, s’impose l’ouverture d’un dialogue social exclusivement consacré à l’apurement de la dette des violations massives des droits de la personne, sur la période 1986-1991, en vue de parvenir à l’adoption d’une feuille de route consensuelle, dans le double souci de cicatriser et de réconcilier.

2. Parmi les conditions non-négociables figurent, par ordre de priorité décroissante, la publication de la vérité nominale, son inscription aux curricula de l’enseignement public, la célébration d’une journée de la mobilisation contre les discriminations et l’érection d’un monument dédié, au cœur de la capitale.

3. En vertu du recouvrement de la cohésion post-crise, il convient de procéder à la restitution intégrale des terres spoliées et à l’indemnisation des propriétaires évincés, par la subvention de la mise en valeur des parcelles de culture, au moins durant une période de 10 ans. Cet aspect ne relève pas seulement du symbole. La richesse des terres arables de la vallée du fleuve Sénégal suscite les convoitises de l’agro-business, comme le prouve la réussite, en cours, de plusieurs fermes, au profit d’entrepreneurs non-mauritaniens. Ici, se joue, loin des regards et de l’attention de la presse, l’un des aspects les plus décisifs d’une domination qui biaise pour mieux s’adapter, tant elle abuse de fraude, d’esquives et de faux semblants.

C’est uniquement grâce au respect des trois prescriptions que le règlement peut être envisagé, dans la durée. Il permettrait, enfin, au pays, de dépasser l’une des contradictions majeures où s’abime la perspective de sa continuité.

Aussi, en termes de constats et de propositions, l’Ira et les organisations alliées souhaitent-elles contribuer à l’effort d’apaisement et de reconstruction. Cependant, la dynamique relève, d’abord, de la volonté du pouvoir exécutif. Il lui revient de la conduire selon les standards de l’inclusion et de la transparence.

Le Président Biram Ould Dah Ould Abeid
Bruxelles, Belgique
23 Octobre 2025

Jeudi 23 Octobre 2025
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