Mauritanie : Kaédi, ville symbole du pardon panse ses blessures



Mauritanie : Kaédi, ville symbole du pardon panse ses blessures
Libération cette semaine de 10 jeunes négro mauritaniens et le notable de la ville détenus depuis des semaines suite aux émeutes intercommunautaires qui ont secoué Kaédi dans le sud de la Mauritanie. Quinze autres jeunes seraient toujours placés sous mandat de dépôt. Malgré cette libération partielle des manifestants la tension raciale est loin de s’estomper dans cette ville devenue en 2008 le symbole du pardon du chef de l’Etat mauritanien Ould Aziz à la communauté noire victime des crimes du régime raciste de Ould Taya lors des évènements de 89 à 91.

Ironie de l’histoire. C’est dans la capitale du Gorgol à Kaédi qu’un commerçant maure a agressé en plein jour une vendeuse noire au marché déclenchant ainsi les premières émeutes graves depuis les évènements de 89. Un camouflet aux prières de Kaédi en 2008 à l’initiative du chef de l’Etat mauritanien qui avait demandé pardon à la communauté noire victime de crimes odieux du régime raciste de Ould Taya. Vingt quatre ans après les mauritaniens ont l’impression de revivre le même cauchemar. Ce qui vient de se passer indigne la classe politique notamment d’obédience négro mauritanienne. D’une certaine façon ce sont l’UFP de Ould Maouloud, le MPR de Kane Hamidou Baba et le mouvement citoyen TPMN de Wane Birane qui ont volé au secours des habitants en y dépêchant des émissaires. Les autres partis l’AJD-MR de Ibrahima Sarr et les Flam ont dénoncé les graves atteintes aux droits de la communauté noire victime de discrimination et de l’impunité des autorités du pays. La diaspora également n’est pas en reste. Ce nouveau climat de suspicion pourrait bien changer les relations entre l’administration et les populations du Sud malgré la libération ce début de semaine de 10 jeunes négro mauritaniens et du notable de la ville détenus depuis une semaine. Quinze autres jeunes seraient toujours placés sous mandat de dépôt. Cette libération partielle des manifestants n’est pas pour calmer la situation et pourrait fragiliser encore la cohabitation entre les différentes communautés dans cette partie du Sud du pays où les noirs sont majoritaires. Politiquement cet incident racial mine un peu plus le crédit des autorités administratives et judiciaires de Kaédi censées représentées toutes les populations. Une gouvernance tant partiale avec des arrestations arbitraires qui pourraient aggraver la situation. Ce sentiment de désespérance surtout des jeunes et d’impunité des vrais responsables des troubles sont autant de facteurs qui expliquent cette révolte. Les observateurs craignent que cette défaillance des autorités de Kaédi et au-delà de Nouakchott laisse des traces et réveille de vieux démons du passé contraires à l’unité nationale et à la cohésion sociale. Personne ne le souhaite bien sûr mais cette nouvelle défiance des jeunes appelle une intervention radicale de la crise. Or plus les jours passent plus les populations ont l’impression que l’administration n’est pas à la hauteur des évènements malgré une légère baisse de tension. Kaèdi est entrain de panser ses blessures. Il faudra redouter la contagion dans les autres régions du Sud.

Source:yaya kane

Mardi 16 Juillet 2013
Boolumbal Boolumbal
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