Marie Ndiaye, prix Goncourt 2009



Marie Ndiaye, prix Goncourt 2009
Pas de discussion, mais une adhésion dès le premier tour. L’auteure de Trois femmes puissantes (Gallimard) s’est vu décerner, ce lundi 2 novembre, le prix Goncourt tandis que le prix Renaudot revenait à Frédéric Beigbeder pour Un roman français (Grasset). Fin août, à l’occasion de la parution du roman de Marie Ndiaye, nous avions esquissé son portrait. Un article que nous republions à l’occasion de sa consécration. Heureuse mais calme. Devant les caméras et les appareils photographiques qui forment comme une muraille imprenable autour d’elle, Marie Ndiaye, en noir et gris, affiche le visage impassible d’une déesse qui regarderait avec un peu de distance tout ce tohu-bohu bruyant et crépitant. Le contraste est saisissant entre l’affolement qui caractérise traditionnellement la remise du Goncourt, et l’attitude hiératique de la lauréate. « Je suis très contente d’être une femme qui reçoit le prix Goncourt », lance-t-elle aux journalistes agglutinés sous une pluie légèrement drue.

Avant elle, neuf femmes seulement en 106 ans se sont vu remettre le Goncourt. C’est dire si « les prix littéraires sont machistes » pour reprendre l’expression même de Françoise Chandernagor, juré du Goncourt et fervente admiratrice du livre de Marie Ndiaye, laquelle admet « avoir du mal à comprendre pourquoi ce livre rencontre un tel succès. Je suppose qu’il s’agit d’un mélange d’histoires qui touchent et d’écriture ».


Les jurés eux sont intarissables. Pour Didier Decoin, qui reconnait avoir lu par deux fois déjà Trois femmes puissantes, Marie Ndiaye est « un très grand peintre qui sait donner chair, saveurs, odeurs à ses personnages » ; Françoise Chandernagor parle, elle, d’« une force d’évocation incomparable, faulknérienne » tandis qu’Edmonde Charles-Roux a été séduite par « l’écriture, sa conviction, sa simplicité. Pas de théâtre, pas de blabla ». Bernard Pivot s’est dit lui aussi touché par « l’écriture somptueuse, avec un très bel usage, note-t-il, de l’adjectif et de l’adverbe, très rare ». Même emballement de la part de Tahar Ben Jelloun qui parle d’une « écriture magnifique et d’une histoire très forte, qui fait réfléchir sur les relations dans la famille, entre une fille et un père africain, et qui aborde aussi la question de l’immigration clandestine ».

Trois femmes puissantes se présente comme un triptyque qui aurait pour point commun l’Afrique. Le roman est donc constitué de trois récits qui ont chacun pour héroïne une femme, luttant à chaque fois pour sa dignité, entre la France et l’Afrique. Elles s’appellent Norah, Fatah et Khady et quel que soit leur environnement, elles sont chacune habitées par une aptitude à la résistance hors du commun. Si ce roman a bénéficié dès sa publication d’une presse élogieuse et superlative, Marie Ndiaye rappelait à juste titre qu’elle n’est « pas du tout une débutante » : « J’écris depuis vingt cinq ans » comme pour expliquer sa très grande tranquillité.

Fille d’un père sénégalais et d’une mère bretonne, elle a 18 ans quand elle publie son premier roman, Quant au riche avenir (1985). Titre prémonitoire puisqu’en un quart de siècle, la Berlinoise d’adoption compte une vingtaine de recueils de nouvelles et de romans dont Rosie Carpe, prix Fémina en 2001.

Huit ans plus tard, elle décroche le Goncourt, en plein débat sur l’identité française. Ce qui n’a pas échappé à Tahar Ben Jelloun, même si cela n’a pas compté dans son adhésion. « Cela ne fut pas le critère qui m’a déterminé mais sur le plan théorique, je suis content que ce soit arrivé ».

Chez les voisins du Renaudot, on n’en est pas là puisque, dans un rapprochement des plus cocasses, le prix 2009 est revenu à Frédéric Beigbeder pour Un roman français, récit autobiographique qui fleure bon la province et la bourgeoisie française. Notons enfin que le Renaudot de l’essai est revenu à Daniel Cordier pour Alias Caracalla (Gallimard) et que le Renaudot du livre de poche (initié cette année) a récompensé Hubert Haddad pour Palestine.

Source: RFI

Lundi 2 Novembre 2009
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