Le 14 juillet, Nicolas Sarkozy a annoncé que les retraites des anciens combattants africains seraient alignées sur celles de leurs frères d’armes français. Mais l’injustice est trop ancienne pour pouvoir être réparée.
Décidément, ce 14 juillet 2010 restera gravé dans bien des mémoires en Afrique. Encore davantage dans la partie francophone du continent, au sud du Sahara. En effet, pour la première fois, des troupes, au nombre de treize, représentant les armées des pays des chefs d’Etat africains ont paradé sur les prestigieux Champs-Elysées invités [à l’exception d’Andry Rajoelina, le président de la Haute Autorité de transition malgache, qui n’a pas été convié, et de l’Ivoirien Laurent Gbagbo, qui s’est fait représenter par son ministre de la Défense]. Mieux, c’est à ces lointains héritiers des tirailleurs sénégalais qu’est revenu l’honneur d’ouvrir le défilé militaire. Une première. Une marque d’estime, s’il en est, quoique diversement appréciée sur le continent noir, que l’ancienne métropole a bien voulu exprimer à l’endroit de ses ex-colonies pour le cinquantenaire de leurs indépendances. Cerise sur le gâteau de ce 50e anniversaire de l’accession des “indigènes” à la souveraineté : la promesse de “décristallisation” de la pension des anciens combattants.
“C’est pour témoigner de notre reconnaissance indéfectible envers les anciens combattants originaires de vos pays que nous souhaitons les voir bénéficier désormais des mêmes prestations de retraite que leurs frères d’armes français. Il y a des dettes qui ne s’éteignent jamais. Il était temps de le reconnaître.” Parole du grand chef blanc, Nicolas Sarkozy, lors du dîner offert, mardi 13 juillet, à ses treize commensaux. Comme gage de sa “sincérité”, l’hôte élyséen a annoncé qu’un projet de loi serait déposé devant le Parlement “à la rentrée prochaine”. Mieux vaut tard que jamais, même si promesse de grand n’est pas héritage. On se rappelle en effet qu’en novembre 2006, sous le règne de Chirac “l’Africain”, la même Assemblée nationale avait entériné le relèvement des pensions sans que cela ne soit, jusque-là, suivi d’effet. Combien seront-ils à bénéficier de cette aménité présidentielle ? Quelque 30 000 personnes, soit 10 000 anciens soldats ayant servi sous le drapeau français et 20 000 veuves de “chair à canon”. Insignifiant. Oui, insignifiant, au regard du nombre de tous ces conscrits coloniaux morts, parfois dans le dénuement total, sous l’empire de cette loi aussi scélérate que raciste de 1959, portant gel des pensions des vétérans des ex-colonies françaises d’Afrique et d’Asie [loi des finances dite “de cristallisation”, votée le 26 novembre 1959].
Certes, la mesure, si elle venait à être appliquée, pèsera sur le budget hexagonal qui n’est pas, en ces temps de crise, au mieux de sa splendeur. Mais la meilleure façon de faire amende honorable sur cette iniquité dont ont été victimes ces oubliés de la victoire sur le nazisme, c’est de faire rétroagir la future loi sur le dégel des pensions de retraite. Au moins ça pour éteindre la dette financière. Quant à la dette de sang, elle, elle ne s’éteindra jamais. Jamais !
Source: Courrier international.com
Décidément, ce 14 juillet 2010 restera gravé dans bien des mémoires en Afrique. Encore davantage dans la partie francophone du continent, au sud du Sahara. En effet, pour la première fois, des troupes, au nombre de treize, représentant les armées des pays des chefs d’Etat africains ont paradé sur les prestigieux Champs-Elysées invités [à l’exception d’Andry Rajoelina, le président de la Haute Autorité de transition malgache, qui n’a pas été convié, et de l’Ivoirien Laurent Gbagbo, qui s’est fait représenter par son ministre de la Défense]. Mieux, c’est à ces lointains héritiers des tirailleurs sénégalais qu’est revenu l’honneur d’ouvrir le défilé militaire. Une première. Une marque d’estime, s’il en est, quoique diversement appréciée sur le continent noir, que l’ancienne métropole a bien voulu exprimer à l’endroit de ses ex-colonies pour le cinquantenaire de leurs indépendances. Cerise sur le gâteau de ce 50e anniversaire de l’accession des “indigènes” à la souveraineté : la promesse de “décristallisation” de la pension des anciens combattants.
“C’est pour témoigner de notre reconnaissance indéfectible envers les anciens combattants originaires de vos pays que nous souhaitons les voir bénéficier désormais des mêmes prestations de retraite que leurs frères d’armes français. Il y a des dettes qui ne s’éteignent jamais. Il était temps de le reconnaître.” Parole du grand chef blanc, Nicolas Sarkozy, lors du dîner offert, mardi 13 juillet, à ses treize commensaux. Comme gage de sa “sincérité”, l’hôte élyséen a annoncé qu’un projet de loi serait déposé devant le Parlement “à la rentrée prochaine”. Mieux vaut tard que jamais, même si promesse de grand n’est pas héritage. On se rappelle en effet qu’en novembre 2006, sous le règne de Chirac “l’Africain”, la même Assemblée nationale avait entériné le relèvement des pensions sans que cela ne soit, jusque-là, suivi d’effet. Combien seront-ils à bénéficier de cette aménité présidentielle ? Quelque 30 000 personnes, soit 10 000 anciens soldats ayant servi sous le drapeau français et 20 000 veuves de “chair à canon”. Insignifiant. Oui, insignifiant, au regard du nombre de tous ces conscrits coloniaux morts, parfois dans le dénuement total, sous l’empire de cette loi aussi scélérate que raciste de 1959, portant gel des pensions des vétérans des ex-colonies françaises d’Afrique et d’Asie [loi des finances dite “de cristallisation”, votée le 26 novembre 1959].
Certes, la mesure, si elle venait à être appliquée, pèsera sur le budget hexagonal qui n’est pas, en ces temps de crise, au mieux de sa splendeur. Mais la meilleure façon de faire amende honorable sur cette iniquité dont ont été victimes ces oubliés de la victoire sur le nazisme, c’est de faire rétroagir la future loi sur le dégel des pensions de retraite. Au moins ça pour éteindre la dette financière. Quant à la dette de sang, elle, elle ne s’éteindra jamais. Jamais !
Source: Courrier international.com
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