
Après « Djombaajo »(2001), «Houmam Binné» – «l’analphabète» – (2005), Thiédel M’Baye, diva de la musique mauritanienne, vient de sortir un nouvel album intitulé «Almoudo» – «disciple de l’école coranique». Constitué de huit titres, cette nouvelle (auto)production de la cantatrice halpulaar a nécessité une année et demie de préparation et s’inscrit dans la lignée de ses précédentes productions, avec une orientation résolument sociale. La chanteuse du groupe «Yéla Alamary» se positionne comme la gardienne des valeurs stabilisatrices, célèbre la foi, la noblesse, l’honneur et restitue, au griot, tout son pouvoir. Cet album fait figure d’œuvre sociale et ouvre, sans doute, un nouveau champ d’investigations de l’artiste. Avec «Almoudo», Thiédel M’Baye creuse, avec des variations différentes, le sillon de sa carrière professionnelle, lancée en 1992. Depuis cette date, elle a su jalousement conserver ses musiciens, un atout indéniable. Changeant, à volonté, de sonorités et de rythmes, tout en préservant le soubassement initial de sa musique, la griotte de Thiénel, qui s’investit dans une mission de conscientisation, fait une large place à des thèmes qui constituent, aujourd’hui, des créneaux porteurs. Porte-étendard des causes sociales, elle évoque, au détour de sonorités ambiantes, le sort peu enviable des « Almoudo », corvéables et taillables à merci, et formule le souhait de la formation et de l’intégration des jeunes disciples. Elle n’a pas manqué de rendre hommage à un érudit du Fouta, Thierno Aliou Thiam, originaire d’Ourossogui, à relater, également, la vie du Fouta de jadis et à remercier ses fans. Un vibrant plaidoyer pour les femmes qui doivent s’impliquer dans toutes les activités. Dans cette production, Thiédel évoque, également, «l’unité nationale», en appelant à une solidarité de toutes les communautés, dans leur diversité culturelle. L’enregistrement de l’album, qui allie acoustique et électrique, a été fait à Nouakchott, au studio 118. Le mixage, à Paris, et la duplication, à Dakar. La diva a mis en vente 1500 CD et s’attend à un résultat satisfaisant. Disposant d’une riche expérience dans le domaine musical, elle a excellé dans l’élaboration d’un «produit de qualité» dans un environnement qu’elle reconnaît «jalonné d’obstacles». Pari gagné. La diva hal poulaar a été réconfortée par la décision de son marabout, Thierno Aliou Thiam, d’acheter 1000 CD à 2.500 FCFA –1.500 UM – l’unité, pour ses propres Almoudos, après avoir visualisé le single à la télé. Du coup, le staff du Yela Alamary a récolté 2.500.000 CFA – 1.300.000 UM – avant même de terminer la duplication. Cet album a couté 1.850.000 francs CFA – 900.000 UM – à la griotte qui compte organiser des tournées de promotion, à travers tout le pays, avant une randonnée musicale en France. Auparavant, elle aura à livrer deux spectacles inédits, à Dakar, en collaboration avec la chaîne privée 2STV.
Cran supérieur
Sa première production « Jombaajo », produite par le label Studio 2000 de Dakar, avait permis, à l’artiste, d’allier œuvres classiques et compositions modernes originales. Cet album constituait l’aboutissement de plusieurs années de labeur, dynamisant, soudain, la carrière professionnelle de la griotte. Ce qui constituait une rupture avec le système musical informel.
Thiédel a su exploiter ses dons, en se ressourçant dans le patrimoine culturel de son peuple, après avoir fini sa formation professionnelle en comptabilité. Ainsi, lorsque Thiédel commença à construire son avenir musical, dans les années 1980, elle sillonna tout le Fouta, pour apprendre et recueillir le patrimoine hal Pulaar. «Le Yela a une signification particulière», dit-elle, «il faut savoir l’adapter à un contexte donné.» Elle intègre, en 1988, pour la première fois, un collectif de musiciens, l’association des jeunes griots halpulaar (DonoWali). Mais ce groupe éclate, en raison de susceptibilités et de sautes d’humeur de ses membres. C’est en 1992 qu’elle se lance, véritablement, dans la profession. Elle forme son orchestre, le «Yéla Alamary», qui enchaîne les concerts, un peu partout dans le pays. Thiédel et son groupe effectuent, en 2000, une tournée au Sénégal (Dakar, Saint-Louis, Thiès et Matam). Malgré la contrainte des répétitions, Thiédel, mère de trois garçons et de deux filles, maintient sa trajectoire. Vient le temps des tournées en Europe et, avec l’argent gagné, elle décide d’investir dans l’achat de matériel moderne, tout en conservant sa racine d’authenticité qui lui vaut une solide popularité. Son audience s’agrandit et se confirme, au fil des concerts. Mesurant le chemin parcouru, elle passe à un cran supérieur, en nous livrant, dans ses albums, un produit varié de son répertoire qui ne cesse de faire un tabac, dans les bacs et dans les milieux hal Pulaar. Le soutien de son mari, Djiméra Halakha, journaliste à Radio-Mauritanie, a été déterminant dans sa réussite.
THIAM MAMADOU
Source: Calame
Cran supérieur
Sa première production « Jombaajo », produite par le label Studio 2000 de Dakar, avait permis, à l’artiste, d’allier œuvres classiques et compositions modernes originales. Cet album constituait l’aboutissement de plusieurs années de labeur, dynamisant, soudain, la carrière professionnelle de la griotte. Ce qui constituait une rupture avec le système musical informel.
Thiédel a su exploiter ses dons, en se ressourçant dans le patrimoine culturel de son peuple, après avoir fini sa formation professionnelle en comptabilité. Ainsi, lorsque Thiédel commença à construire son avenir musical, dans les années 1980, elle sillonna tout le Fouta, pour apprendre et recueillir le patrimoine hal Pulaar. «Le Yela a une signification particulière», dit-elle, «il faut savoir l’adapter à un contexte donné.» Elle intègre, en 1988, pour la première fois, un collectif de musiciens, l’association des jeunes griots halpulaar (DonoWali). Mais ce groupe éclate, en raison de susceptibilités et de sautes d’humeur de ses membres. C’est en 1992 qu’elle se lance, véritablement, dans la profession. Elle forme son orchestre, le «Yéla Alamary», qui enchaîne les concerts, un peu partout dans le pays. Thiédel et son groupe effectuent, en 2000, une tournée au Sénégal (Dakar, Saint-Louis, Thiès et Matam). Malgré la contrainte des répétitions, Thiédel, mère de trois garçons et de deux filles, maintient sa trajectoire. Vient le temps des tournées en Europe et, avec l’argent gagné, elle décide d’investir dans l’achat de matériel moderne, tout en conservant sa racine d’authenticité qui lui vaut une solide popularité. Son audience s’agrandit et se confirme, au fil des concerts. Mesurant le chemin parcouru, elle passe à un cran supérieur, en nous livrant, dans ses albums, un produit varié de son répertoire qui ne cesse de faire un tabac, dans les bacs et dans les milieux hal Pulaar. Le soutien de son mari, Djiméra Halakha, journaliste à Radio-Mauritanie, a été déterminant dans sa réussite.
THIAM MAMADOU
Source: Calame