Ibrahima Samba Soumaré maire de la commune de Khabou… Que faire ?



Ibrahima Samba Soumaré maire de la commune de Khabou… Que faire ?
C’était le 21 avril dernier, en milieu de matinée dans son bureau du siège de la commune. Peu avant son arrivée, ce sont Eydah Ould Dehehbi conseiller municipal et très proche collaborateur du maire et Sy Hamedine secrétaire général de la mairie, qui nous ont accueilli et installé dans son bureau après une brève visite des lieux.

La commune de Khabou disions-nous tantôt dans notre précédente livraison, compte environ 38.000 habitants, selon M. Eydah. Elle compte aussi 41 villages dont huit gros villages que sont : Khabou la capitale communale ; Diogountourou ; Sabouciré ; Coumba NDao ; Sollou ; Boké Diambi ; Guemmou ; Ch’lekha. Dans l’attente du maire qui accompagnait le wali adjoint chargé des affaires économiques de la wilaya en tournée de bilan économique 2009 dans la commune, M. Eydah nous a parlé des réalisations faites au bénéfice des habitants de la commune. Ainsi, dira t-il, la commune de Khabou dispose d’un forage avec son château d’eau qui est construit. Les premiers coups de pioche pour creuser des tranchées devant loger les conduites du réseau de distribution du village ont démarré le 21 avril. Troublante coïncidence s’il en est, tout comme la tournée du wali adjoint chargé des affaires économiques dans la commune. Attendre presque la fin du mois d’avril 2010 pour aller faire le bilan des réalisations de l’année 2009 laisse franchement perplexe.
Au vu de l’état calamiteux des routes, le manque de sérieux dans l’exécution des ouvrages précieux menés par des entreprises nationales, la fiabilité des résultats obtenus est remise en question. Pour rappel, l’Etat, par ses démembrements au niveau régional, attribue ces marchés auxdites entreprises. Par exemple, l’entreprise EGB a gagné un marché pour la construction d’un pont devant traverser un marigot se trouvant non loin de l’entrée du village de Khabou. Personne ne connait les conditions dans lesquelles ce marché a été passé, ni son montant réel. A la wilaya à Sélibaby c’est la loi de l’omerta. Toujours est-il que ce pont n’est plus fonctionnel depuis belle lurette. Qui en souffre aujourd’hui dans cette commune ? Ce sont les populations ! Que peut faire le maire et son conseil municipal ? Rien sinon attendre que l’état veuille bien se décider à reconstruire le pont. La commune n’a pas les moyens de réaliser de gros ouvrages ou même la route Sélibaby-Khabou dont les études sont achevées. Des exemples de mauvaise gouvernance sont légions freinant tout progrès de développement économique et social de la commune. Le peu d’argent que l’Etat met à la disposition de la commune par le biais du Fonds Régional de Développement (FRD) ne sert à rien. Et pour cause, avant même d’arriver à destination, la mauvaise gouvernance locale fait que 50 à 60 % du montant disparaissent pour être répartis entre tout un monde de fonctionnaires véreux de l’administration régionale. Cette situation n’est pas propre seulement à la commune de Khabou. Toutes les communes du pays la vivent. Cependant, aucun maire n’a le courage de dénoncer ces pratiques quand souvent d’ailleurs ils n’en sont pas complices. En tout cas Ibrahima Samba Soumaré, même s’il n’a pas pipé mot sur les pratiques mafieuses en cours dans l’arrondissement, il nous a été facile de comprendre son désarroi, ses inquiétudes et son ras-le-bol d’une administration régionale corrompue à tous les échelons de la hiérarchie.
La municipalité de Khabou est administrée par un élu sous les couleurs de l’UDP. M. Ibrahima Samba Soumaré, c’est son nom, au-delà des nombreux problèmes quotidiens qu’il gère, il n’est pas indifférent aussi à l’implantation de l’UPR dans sa commune. Sur la question et sur d’autres, il a dit ce qu’il en pense sans détour mais avec feinte.

Le Quotidien de Nouakchott : L’UPR est en pleine campagne d’implantation dans la commune de Khabou. N’y a-t-il pas déjà une saignée de militants de votre parti dans la commune pour adhérer au parti présidentiel ?

Ibrahima Samba Soumaré :
C’est normal et inévitable pour des gens analphabètes sans culture politique. D’autant qu’ils nous ont vu lutter aux côtés de l’UPR lors des élections présidentielles dernières de juillet 2009. Donc, pour eux il n’y a pas de distinction à faire entre l’UDP et l’UPR. C’est une situation de confusion qu’a entretenue les émissaires de l’UPR chargés de l’implantation dans la wilaya et en particulier dans la commune de khabou. Pour convaincre les militants de l’UDP à couper la carte d’adhésion UPR, mon nom a été utilisé dans les villages qu’ils ont sillonnés pour dire que je suis avec eux. J’ai voulu faire un communiqué de démenti à ces fausses allégations mais finalement je n’y ai pas recouru. Toujours est-il que le discours véhiculé était faux, archi faux. Certes ils sont libres de s’implanter mais je pense qu’ils doivent le faire sans avoir à induire en erreur nos militants par des subterfuges scandaleux. Mais ces villages leur ont dit qu’ils n’ont pas vu le maire et qu’ils attendent de le voir avant de décider de la suite à donner à la requête UPR. Ces pratiques déloyales d’un genre dépassé se sont déroulées dans la commune.
C’est pour cela que je vous disais que c’est inévitable que des militants très mal avisés se retrouvent dans le camp de l’UPR sans rien comprendre. D’ailleurs on peut même dire que la majeure partie des militants de l’UDP s’est déjà inscrite au compte de l’UPR. Mais pour nous ce n’est pas inquiétant, pourquoi ? Parce que ces gens qui sont avec moi n’ont pas compris parce qu’ils ont été tout bonnement trompés. Ce n’est pas si grave et cela me laisse indifférent. Je suis entrain de sensibiliser nos militants pour lever la confusion entretenue dans leurs esprits. Quant à moi, Ibrahima samba Soumaré, je reste élu de l’UDP et militant du parti. Tant que l’UDP existe, je ne la trahirais pas l’UDP. Mes gens qui sont avec moi et qui sont partis à l’UPR, ils vont revenir inchallah. Il suffit pour cela de les sensibiliser et c’est ce à quoi je m’attelle en ce moment.

Q.D.N : y a-t-il un message du parti en ce sens ou non ?

I.S.S :
écoutez, nous avons attendu un signal du parti mais silence radio total. Pourtant avec l’implantation de l’UPR qui pointait, nous nous attendions à voir les choses bouger au niveau du parti mais rien n’a été dit. En tant que seul maire UDP élu dans les 18 communes du Guidimakha, je n’ai pas à ce jour des informations en ce sens concernant une quelconque implantation encore moins des consignes sur l’attitude à adopter. Donc les gens qui étaient avec moi comme je le disais tantôt, sont partis, mais ils l’ont fait par méconnaissance des réalités politiques.

Q.D.N : un mot sur votre commune ?

I.S.S :
vous savez, nous sommes la plus grande commune du Guidimakha peuplée environ de 32.000 habitants avec une quarantaine de villages. Nous sommes frontaliers à la fois du Sénégal par Diogountourou et à la fois du Mali par le Karakoro d’une part et Khabou Gadiaga d’autre part. Donc c’est la plus grande commune de la région et la plus peuplée. Nous avons Alhamdoulillah fait beaucoup de réalisations dont vous avez peut-être pris connaissance avec mon conseiller. L’année dernière, il y a eu une compétition au niveau des 18 communes du Guidimakha à l’issue de laquelle nous avons été élus première commune performante de la région.

Q.D.N : quelles sont vos principales préoccupations en ce moment ?

I.S.S
: pour ma commune, la première préoccupation c’est le désenclavement. C’est un grand souci pour nous. Surtout la route principale Khabou-Sélibaby qui relie la commune à la capitale régionale. Des études de faisabilité ont été menées il y a trois ans maintenant. Après, on a dit qu’une route bitumée sera construite dans deux ans. Et jusqu’à présent rien n’a été fait.
En période d’hivernage, nous avons des marigots qui deviennent de véritables obstacles. Ainsi, dès que les premières pluies tombent, nous sommes coupés de la région. J’ai compris les raisons d’une telle inertie des pouvoirs publics à l’endroit de la commune. Parce que les cadres ressortissants de Khabou sont très peu présents dans la haute administration. Ils ne sont que trois ou quatre à servir dans l’administration mauritanienne. Nous n’avons aucun avocat pour plaider notre cause. Or pour pouvoir avoir quelque chose, il faut être en même temps au sommet et à la base. Malgré cet handicap, nous gardons quand même espoir car je pense que l’Etat est là pour veiller sur tous les problèmes des citoyens où qu’ils se trouvent à travers le territoire national. Voyez-vous, qui dit désenclavement, dit circulation des biens et des personnes, donc développement économique et social.
La seconde concerne la santé, une autre priorité et non des moindres de la commune, mais nous avons des problèmes en la matière. Franchement dit, ici on se soigne au Mali et au Sénégal. Chaque mercredi il y a des pirogues à Khabou qui transportent des malades pour Gakoura village malien se trouvant à 35 Km de la capitale communale. Dans ce village, il y a un centre de santé bien équipé (radiographie, échographie, scanner et autres équipements sanitaires de pointe) et doté d’un personnel médical qualifié dont un médecin. Trois kilomètres plus loin de ce village malien, se trouve une autre structure sanitaire. Il y a aussi le village malien de Tefessirga à 10 km de Khabou et Bakel au Sénégal en face de Gouraye. Nos malades se rendent dans ces différentes structures sanitaires maliennes où ils sont bien accueillis pour se consulter, faire des examens ou se soigner. Ils y trouvent de bons médecins et de très bons médicaments. Même les gens de l’Assaba passent par Khabou pour aller se soigner dans ces villages maliens.
A quoi tout cela est dû ? A Khabou, nous avions un major et un médecin. D’ailleurs, faut-il le signaler, 4 médecins se sont succédés ici. Certains font un mois ou deux mois, des fois même un an mais ils finissent par quitter. On ignore les raisons qui les poussent à quitter mais il semble que ce n’est pas Khabou seul qui vit ce phénomène d’après le Drass de la wilaya qui m’a cité aussi le cas de Wompou qui vit la même situation.
Les immigrés ont construit un très grand poste de santé à Khabou qui a été érigé en centre de santé. Il reste que cette structure sanitaire manque de personnel (médecin et infirmiers) et n’a pas d’équipement. C’est pourquoi nous n’avons pas d’autres choix que de nous rendre dans ces structures sanitaires maliennes pour se soigner. Moi et ma famille on se déplace comme tous les autres malades pour y aller. C’est dur avec le coût de change entre l’ouguiya et le CFA mais que faire ? A l’impossible nul n’est tenu !

Propos recueillis par Moussa Diop depuis Khabou


Source: Quotidien Nouakchott

Mercredi 28 Avril 2010
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