Houria Bouteldja : « Pour nous la question raciale est sociale »

En dix ans, les idées de la cofondatrice du Parti des indigènes de la République, qui milite en France pour dénoncer le sort réservé aux descendants de l'immigration coloniale, ont fait du chemin.



Houria Bouteldja : « Pour nous la question raciale est sociale »
Sorti en mars dernier, le dernier essai d’Houria Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous, a déchaîné les passions dans la presse française. La militante a été une nouvelle fois accusée d’antisémitisme, d’homophobie et de racisme antiblanc. Houria Bouteldja s’en défend et préfère, elle, examiner l’impérialisme blanc colonial toujours à l’oeuvre dans la structuration du monde contemporain. Contre Sartre, elle convoque Genet, Baldwin ou encore Fanon, et appelle à la construction d’un « amour révolutionnaire », moteur de l’antiracisme politique.

Les Blancs, les Juifs et nous va être prochainement publié aux États-Unis chez Semiotext(e), la maison d’édition new-yorkaise de Assata Shakur et Mumia Abu Jamal, mais qui a publié dans le passé des penseurs français tels que Gilles Deleuze, Félix Guattari, Jean Baudrillard, Paul Virilio ou encore Michel Foucault. Pour Jeune Afrique, Houria Bouteldja revient sur dix années de militantisme et sur les questions qui fâchent la société française.

Jeune Afrique : Comment êtes vous entrée en politique ?


Houria Bouteldja : Je suis entrée en politique en 2003 pour dénoncer la loi portant sur l’interdiction du voile à l’école. Mais elle a été votée. Ensuite en janvier 2005 avec un petit groupe on a lancé l’Appel des indigènes de la République pour dénoncer le sort des populations issue de l’immigration coloniale. Et le parti est issu de cette appel-là, il y a 11 ans maintenant.

Comment a-t-il été perçus à ses débuts ?

On a toujours été mal perçus. L’appel a beaucoup divisé la gauche.Tout le monde s’et dressé contre nous. L’hebdomadaire Marianne fait des unes contre l’appel. Mais nous avons quand même reçu des soutiens avec la signature de nombreux indigènes, de personnalités venant du bureau politique du Parti communiste, des Verts, de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).

Depuis, les choses ont tellement évolué dans le débat public sur la question postcoloniale que la plupart des militants de gauche auraient honte aujourd’hui de ne pas signer cet appel. Il y a toujours eu une opinion extrêmement islamophobe, réactionnaire, ultra républicaine et laïcarde, autant au niveau des micro résistances il y a des choses qui s’organisent, une pensée qui se développe, se construit et gagne du terrain. Avec le PIR nous avons été les précurseurs de ces mouvements.


Source: http://www.jeuneafrique.com

Jeudi 6 Octobre 2016
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