Guinée : le coup d’Etat du lieutenant colonel Doumbouya relance la problématique de la gouvernance en Afrique



La condamnation unanime du coup de force en Guinée par la communauté internationale et les institutions régionales africaines (CEDEAO, UA) est considérée par les observateurs comme des réactions à retardement et à double vitesse sur la dérive autoritaire du régime d’Alpha Condé.

Ce regard désintéressé sur les constitutions africaines relance le débat sur la bonne gouvernance. Le cas guinéen est un exemple de la contestation d’un troisième mandat illégitime et anticonstitutionnel imposé par Alpha Condé après deux mandats consécutifs. Cette violation de la constitution fut pourtant acceptée par la communauté internationale, la France, la CEDEAO et l’UA, lesquelles s’empressèrent de condamner et de réclamer la libération d’un président qui a gouverné plus de 10 ans d’une main de fer la Guinée. Un pays premier producteur de bauxite avec des ressources hydrauliques abondantes, toujours l’un des plus pauvres de l’Afrique subsaharienne.

C’est paradoxal qu’un ancien chef historique de l’opposition guinéenne accédé au pouvoir par des élections n’ait pas réussi à tirer des leçons du passé chaotique du pays. Les observateurs ne comprennent pas une telle dérive autoritaire rattrapée par les putschistes après 9 mois de gouvernance. La Guinée n’est pas un cas isolé. Le fils du président Déby est au pouvoir grâce au salut de l’armée qui l’a nommé après la mort de son père violant ainsi la constitution qui prévoit en cas de vacances du pouvoir, la présidence revient au président de l’Assemblée nationale avant l’organisation de nouvelles élections.

Le Mali ne donne pas également l’exemple. Les militaires profitent de la révolte du peuple pour déposer le président IBK avant de procéder à un deuxième coup d’Etat au président civil. Le président ivoirien Alassane Ouattara vient de briguer un troisième mandat après avoir changé la constitution. La Côte d’Ivoire considérée comme un des pays stables et démocratique a basculé dans l’antichambre des régimes autoritaires.

Les observateurs craignent une turbulence au Sénégal à deux années de la fin du deuxième mandat de Macky Sall qui laisse planer un troisième mandat pour un pays réputé l’un des meilleurs élèves de la gouvernance démocratique. La deuxième tendance en Afrique est symbolisée par les alternances militaires sous vernis démocratique comme la Mauritanie, l’Algérie, l’Egypte,

Dans ces pays les élections sont verrouillées par un système électoral qui passe par une prétendue commission nationale indépendante des élections et un conseil constitutionnel, organes de tricherie politique et de fraudes. Un véritable frein à l’alternance démocratique pour l’opposition dans les différents pays susmentionnés. Le modèle de gouvernance dans ces Etats repose sur des forces clientélistes et tribalistes proches de la présidence engendrant ainsi une oligarchie militaire. Une gabegie et une corruption occultées par la communauté internationale et les institutions africaines qui soutiennent sans réserves ces régimes.



Cherif Kane

Coordinateur journaliste

Source: www.kassataya.com

Lundi 6 Septembre 2021
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