Forum de la société civile du bassin du Fleuve Sénégal :



Forum de la société civile du bassin du Fleuve Sénégal :
Uicn10 L’Uicn (Union internationale de conservation de la nature) a organisé du 24 au 26 Mai 2010, à Nouakchott, un forum dédié à la société civile du bassin du Fleuve Sénégal. Placée sous le signe du dialogue régional sur les grandes infrastructures hydrauliques en Afrique de l’Ouest, la rencontre visait l’implication effective de la société civile pour une meilleure péréquation entre la nécessité énergétique de ces ouvrages et la réduction de leurs impacts environnementaux négatifs. Les recommandations en ont été fortement inspirées.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis la mise en place des grands ouvrages hydrauliques dans notre sous-région. L’importance indéniable pour nos Etats de la maitrise de la gestion des eaux et des apports énergétiques des barrages n’a pas, en revanche, occulté les aléas environnementaux de telles réalisations. Pour le coordinateur de l’Uicn-Mauritanie, inaugurant les débats, il faut «promouvoir la gestion écologiquement durable et socialement équitables des ressources en eau ». C’est le sentiment partagé pendant trois jours d’intenses échanges entre des représentants de la société civile en Mauritanie, au Sénégal, en Guinée et au Mali, réunis au cours de ce forum de Nouakchott, qui sera suivi, dans deux semaines par une rencontre similaire prévue au Mali. Des représentants des organismes de bassins notamment ceux de l’Omvs ont également pris part à ce forum de dialogue initié en 2008 par le Centre de coordination des ressources en eau (CCRE) de la CEDEAO. Mais comment concilier les avantages et les méfaits des barrages?

La mise en place des barrages répond à des préoccupations objectives pour les Etats de la sous-région qui au-delà du déficit hydrique font également face aux limites énergétiques et une facture pétrolière en perpétuelle hausse. Mais si ces ouvrages crées pour résorber ces déficits sont indispensables au développement économique et social, ils charrient également des problèmes sanitaires, environnementaux, sociaux…aussi lancinants les uns que les autres. Et la situation est telle aujourd’hui que les usagers mettent en avant d’abord les problèmes liés à la mise en place des barrages. Ces effets pervers, dans la conscience collective des communautés, prennent le dessus sur les avantages certains générés par les infrastructures. Cette réalité psychologique risque de susciter un rejet d’autant plus que la société civile semble regretter ne pas être associée dans la réflexion et la mise en place des ouvrages. Mieux encore, elle a souvent l’impression de les subir parfois.

En effet, nonobstant l’apport certain des barrages, ces derniers ont, par ailleurs, modifié le régime hydraulique, provoquer l’envahissement des eaux par des plantes nuisibles, de moustiques vecteur du palu, contribué à l’érosion des berges…Des constats que partagent les membres de la société civile de la sous-région et qui appellent à une concertation plus sérieuse. Mais encore faut-il que la société civile n’ait pas l’impression de plaider dans un désert…

Très peu organisée, la société civile a profité du forum de Nouakchott pour faire entendre sa voix. Elle sera représentée par plusieurs membres en vue du suivi de ses recommandations. Un objectif que s’assigne aussi l’Uicn comme l’a promis son coordinateur en Mauritanie, Mohamed Lemine Ould Baba qui a révélé que son organisation «s’emploiera à soutenir vos recommandations et vous aider à les porter jusqu’au bout du dialogue, au plus haut niveau de décision, pour qu’elles soient écoutées et prises en considération ». Fin de citation.

La volonté politique d’impliquer réellement la société civile dans ce dialogue restera cependant tributaire de la volonté politique des dirigeants de la sous-région. Alors wait and see !


Les recommandations à l’issue du Forum


Recommandation N°1

La réalisation des investissements complémentaires aux ouvrages existants pour une meilleure valorisation des ressources en eau disponibles après barrages et la mise en place d’une politique favorisant l’accès à la terre aux populations riveraines (soutien aux petites exploitations familiales,…)

Recommandation N°2

La conception et la mise en œuvre de projets répondant aux besoins sociaux de base des populations affectées (eau potable, santé, éducation, pêche, élevage, énergie, économie locale,…) afin que le sentiment d’amélioration des conditions de vie soit davantage partagé ;

Recommandation N°3

La mise en place d’un mécanisme de « dialogue continu » entre parties prenantes aux projets de grandes infrastructures hydrauliques (initiative, études, analyse et choix des options, construction, gestion, etc.) afin de partager la responsabilité à tous les niveaux par rapports aux impacts (positifs et négatifs) à venir. Ce qui suppose au préalable, une identification rigoureuse de toutes les catégories d’acteurs concernés (Gouvernement central, Gouvernement local, OSC, leaders d’opinion, secteur privé, PTF, etc.) ;

Recommandation N°4

Le renforcement des capacités (techniques, politiques, financiers) des acteurs de la société civile et la mise en place d’un mécanisme propre de participation adéquat afin qu’il puissent jouer efficacement le rôle qui et le leur dans la mise en œuvre des projets de grandes infrastructures hydrauliques. Des programmes spécifiques doivent être développés en direction des organisations communautaires de base tous secteurs confondus ainsi que les composantes sociales à fort potentiel de mobilisation sociale (les femmes, les jeunes, chefs religieux et coutumiers, etc.) afin de les outiller sur les questions environnementales et des mesures à prendre à tous les niveaux pour y remédier. Une attention particulière devra être portée à la question de la transhumance et ses effets collatéraux.

Recommandation N°5

La réalisation d’une évaluation exhaustive quantitative et qualitative des impacts après barrages afin de tirer leçons du passé pour les projets à venir et afin d’envisager les mesures correctives à mettre en place pour maximiser les impacts positifs, minimiser les impacts négatifs des barrages existants au profit d’un développement local durable et équitable ;

Recommandation N°6


L’adoption de l’évaluation environnementale stratégique comme passage obligé dans le projet de barrage afin de mieux cerner et prendre en compte les impacts environnementaux, socioéconomiques et sanitaires sur les communautés humaines, animales et végétales, à l’échelle de toutes les zones impactées directement ou indirectement, y compris les zones côtières, au regard des enjeux reliés aux changements climatiques ;

Recommandation N°7


La mise en place d’instrument de mesure et de partage des coûts et bénéfices entre le niveau national et le niveau local d’un même pays ;

Recommandation N°8

La mise en place au niveau communautaire ouest africain d’un mécanisme d’arbitrage, de médiation entre parties prenantes des projets de grandes infrastructures hydrauliques ainsi que de recours pour les parties (Etats, Organismes de bassin, Collectivités locales, OSC, PTF, etc) ;

Recommandation N°9

La mise en place d’un mécanisme de suivi des recommandations des forums de la société civile dans le cadre du dialogue régional sur les barrages incluant la tenue régulière de forums locaux et régionaux ;


Recommandation N°10


Le soutien à la structuration de la participation de la société civile (identification des représentants, qualité des représentants, etc.) :

Recommandation N°11


La mise en place d’un dispositif de suivi des questions environnementales en particulier l’évolution de la qualité de l’eau avec une attention à donner à la problématique des végétaux aquatiques.


Source
: La griffe au quotidien




Jeudi 27 Mai 2010
Boolumbal Boolumbal
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