Le danger qui menace le gouvernement de Moulay Ould Mohamed Laghdaf n’est pas cette opposition qui tire à boulets rouges sur le pouvoir, ni même la crise économique qui dure ou le peu d’efficacité dont il fait preuve pour parer aux catastrophes (hier Tintane et Rosso, aujourd’hui des villes et villages du Guidimagha et du Gorgol), mais bien cette flambée vertigineuse des prix contre laquelle les autorités donnent l’impression d’être désarmées. A deux semaines du Ramadan, le gouvernement doit mettre en place une véritable stratégie pour que la situation déjà tendue ne se transforme en enfer.
L’augmentation des prix des denrées de première nécessité fait certes partie d’un tout, c’est-à-dire d’une situation économique en Mauritanie qui n’est vraiment pas rose, malgré le début de reprise de la coopération avec plusieurs institutions multilatérales, le retour dans les bonnes grâces de l’Union européenne et l’aide précieuse de la France, Chine, du Japon.
Et bien que le ministère du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, reprenne toujours le même refrain, évoquant à chaque occasion « la distribution de vivres aux faibles et aux nécessiteux », coopérant de manière régulière avec l’association pour la protection des consommateurs, les populations ont l’impression d’être toujours aux pires moments de la crise économique qui a vu le prix du baril de pétrole grimper jusqu’à 147 dollars US ! Aujourd’hui que les prix mondiaux ont repris leur cours normal, seul un fait explique la situation effarante des produits alimentaires en Mauritanie : les commerçants qui ont soutenu les candidats à l’élection présidentielle de juillet 2009 veulent récupérer la mise. A n’importe quel prix.
C’est pourquoi chaque jour qui passe accentue le malaise social avec l’accumulation de problèmes de tous genres. Pas de dialogue politique en vue entre le pouvoir et l’opposition, malgré ce que l’on entend chaque jour sur une « proposition » présidentielle sérieuse puisque clamée hors et fort par le Premier ministre lors de son récent passage à l’Assemblée nationale. Et puis, disons-le pour la énième fois, pas grand-chose à attendre d’une lutte contre la gabegie qui commence à perdre, si ce n’est déjà fait, son élan des premiers jours, mais surtout, aucune solution en vue pour juguler une flambée des prix qui étouffe des populations qui sentent – ressentent – les effets d’une politique d’austérité dont les victimes se comptent essentiellement dans les rangs de couches défavorisées. Le riz, le blé, le sucre, voila le trio infernal qui empêche les pères de famille de dormir. Trois sacs de ces denrées essentielles constituant la ration alimentaire sur un mois, « mangent » facilement le tiers d’un salaire moyen (30.000 UM). Le reste doit s’improviser. Si les nantis n’ont pas de soucis à ce faire, pour le moment, les pauvres doivent revoir tout à la baisse. Peuvent-ils continuer à consommer les mêmes quantités de poisson et de viande ? Ont-ils la possibilité d’agrémenter (oui, il ne s’agit pas d’un complément nutritif) leur repas de ces fruits dont regorgent pourtant les marchés de Nouakchott ?
Et ici, l’on ne parle que de la situation dans les villes ! Dieu seul sait comment vivent les citoyens dans cette « Mauritanie profonde » où, si l’on en croit les échos qui proviennent chaque jour de ces lointaines contrées, la famine est sur les portes.
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment feront ceux qui, à partir de juillet 2010, sont devenus, pour la plupart, des sans-abris ? Attendons voir les fameuses indemnités de non logement dans quelques jours pour savoir si la mesure gouvernementale a été bien étudiée ou non. Tout laisse croire pour l’instant qu’elle donnerait plutôt raison aux centrales syndicales qui ont dénoncé un partage très inégale de l’enveloppe globale de 10.000.000.000 d’UM destinée à couvrir l’ensemble des frais occasionnés pour l’Etat.
Ceux qui n’ont plus de maisons conventionnées (l’Etat ayant décidé de ne conserver que les locaux servant aux services de l’administration publique) commencent déjà sentir le poids d’une telle « surcharge ». Oui, puisqu’ils étaient déjà éreintés par la question de survie. C’est comme qui dira à ceux qui étaient logés jusqu’à présent par l’Etat et qui, reconnaissons-le, sont minoritaires : aux soucis de la bouffe, ajoutez maintenant ceux du loyer et du transport. Un cocktail explosif qui peut tout emporter sur son passage si le pouvoir ne prend pas conscience du danger qui menace la stabilité sociale.
Amadou Diaara
Source: Le renovateur
L’augmentation des prix des denrées de première nécessité fait certes partie d’un tout, c’est-à-dire d’une situation économique en Mauritanie qui n’est vraiment pas rose, malgré le début de reprise de la coopération avec plusieurs institutions multilatérales, le retour dans les bonnes grâces de l’Union européenne et l’aide précieuse de la France, Chine, du Japon.
Et bien que le ministère du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, reprenne toujours le même refrain, évoquant à chaque occasion « la distribution de vivres aux faibles et aux nécessiteux », coopérant de manière régulière avec l’association pour la protection des consommateurs, les populations ont l’impression d’être toujours aux pires moments de la crise économique qui a vu le prix du baril de pétrole grimper jusqu’à 147 dollars US ! Aujourd’hui que les prix mondiaux ont repris leur cours normal, seul un fait explique la situation effarante des produits alimentaires en Mauritanie : les commerçants qui ont soutenu les candidats à l’élection présidentielle de juillet 2009 veulent récupérer la mise. A n’importe quel prix.
C’est pourquoi chaque jour qui passe accentue le malaise social avec l’accumulation de problèmes de tous genres. Pas de dialogue politique en vue entre le pouvoir et l’opposition, malgré ce que l’on entend chaque jour sur une « proposition » présidentielle sérieuse puisque clamée hors et fort par le Premier ministre lors de son récent passage à l’Assemblée nationale. Et puis, disons-le pour la énième fois, pas grand-chose à attendre d’une lutte contre la gabegie qui commence à perdre, si ce n’est déjà fait, son élan des premiers jours, mais surtout, aucune solution en vue pour juguler une flambée des prix qui étouffe des populations qui sentent – ressentent – les effets d’une politique d’austérité dont les victimes se comptent essentiellement dans les rangs de couches défavorisées. Le riz, le blé, le sucre, voila le trio infernal qui empêche les pères de famille de dormir. Trois sacs de ces denrées essentielles constituant la ration alimentaire sur un mois, « mangent » facilement le tiers d’un salaire moyen (30.000 UM). Le reste doit s’improviser. Si les nantis n’ont pas de soucis à ce faire, pour le moment, les pauvres doivent revoir tout à la baisse. Peuvent-ils continuer à consommer les mêmes quantités de poisson et de viande ? Ont-ils la possibilité d’agrémenter (oui, il ne s’agit pas d’un complément nutritif) leur repas de ces fruits dont regorgent pourtant les marchés de Nouakchott ?
Et ici, l’on ne parle que de la situation dans les villes ! Dieu seul sait comment vivent les citoyens dans cette « Mauritanie profonde » où, si l’on en croit les échos qui proviennent chaque jour de ces lointaines contrées, la famine est sur les portes.
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment feront ceux qui, à partir de juillet 2010, sont devenus, pour la plupart, des sans-abris ? Attendons voir les fameuses indemnités de non logement dans quelques jours pour savoir si la mesure gouvernementale a été bien étudiée ou non. Tout laisse croire pour l’instant qu’elle donnerait plutôt raison aux centrales syndicales qui ont dénoncé un partage très inégale de l’enveloppe globale de 10.000.000.000 d’UM destinée à couvrir l’ensemble des frais occasionnés pour l’Etat.
Ceux qui n’ont plus de maisons conventionnées (l’Etat ayant décidé de ne conserver que les locaux servant aux services de l’administration publique) commencent déjà sentir le poids d’une telle « surcharge ». Oui, puisqu’ils étaient déjà éreintés par la question de survie. C’est comme qui dira à ceux qui étaient logés jusqu’à présent par l’Etat et qui, reconnaissons-le, sont minoritaires : aux soucis de la bouffe, ajoutez maintenant ceux du loyer et du transport. Un cocktail explosif qui peut tout emporter sur son passage si le pouvoir ne prend pas conscience du danger qui menace la stabilité sociale.
Amadou Diaara
Source: Le renovateur
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