Fenêtre Sur : PROMESSES ELECTORALES : MENTIRA BIEN QUI MENTIRA LE DERNIER



Fenêtre Sur : PROMESSES ELECTORALES : MENTIRA BIEN QUI MENTIRA LE DERNIER
Comment se fait-il que, de tout temps et à toute époque, les électeurs savent que les promesses politiques sont souvent des mensonges ou des vœux pieux, qu’ils pestent contre ceux qui les font mais qu’ils continuent à aller voter pour un camp alors même qu’ils estiment que tous les partis sont « blanc bonnet et bonnet blanc ».

Mentir et écrire n’importe quoi pour être élu est une tromperie démocratique qui transforme l’électeur en une sorte de consommateur que l’on tente de gruger avec de la publicité mensongère en lui vendant n’importe quoi. Dès lors, nous ne votons que pour des illusions pourtant imprimées noir sur blanc dans des programmes électoraux. La démocratie n’en sort évidement pas vainqueur. Car le mensonge politique et la fausse promesse peuvent être et devraient être vus comme une trahison, tout au moins une arnaque envers le citoyen qui, en fin de compte, est le détenteur de la souveraineté populaire et dont le représentant doit théoriquement mettre en œuvre ce sur quoi il s’est engagé devant lui.

Mais promesses trompeuses et mensonges éhontés peuvent être compris également comme des messages et des signes plus ou moins subliminaux envoyés à ceux de son propre camp. Ils participent alors d’un rituel partagé entre le politique et l’électeur qui est d’exprimer que l’on appartient au même monde idéologique. Prétendre, par exemple, que l’on va supprimer la pauvreté ou l’insécurité sont deux promesses intenables mais qui permettent de dire à ceux à qui elles sont destinées, dans leur langage que l’on partage valeurs et vision politique analogues. L’émetteur et le récepteur de ces messages et de ces signes savent bien que ces promesses sont irréalisables et que ce sont des balivernes. Néanmoins ils entretiennent le sentiment profond d’être membres d’une communauté politique identique.

Il est tout aussi important de condamner les menteurs que de fustiger ceux qui veulent bien les croire alors qu’ils savent qu’ils mentent. Ce raisonnement, moins souvent mis en avant que celui de la duperie, a le mérite d’expliquer l’inexplicable : pourquoi la grande masse des électeurs ne croient plus au discours politique, se méfient des promesses et accusent les élus de mensonges tout en continuant, dans une sorte de duplicité idéologique, à mettre un bulletin dans l’urne en votant, de plus, pour le même camp qui vient pourtant une nouvelle fois de les décevoir. Il ne s’agit pas ici d’excuser, ni de légitimer de tels comportements, seulement de les rendre compréhensibles.
On comprend bien que cela n’est évidemment guère satisfaisant mais, en toute honnêteté intellectuelle, il est tout aussi important de condamner les menteurs que de fustiger ceux qui veulent bien les croire alors qu’ils savent qu’ils mentent. C’est dans ce que nous attendons, nous tous, de la politique et de ceux qui décident de s’y investir, que se trouve en grande partie la solution. Non seulement pour ne plus gober les promesses intenables et les discours démagogiques que nous savons tels mais également pour ne pas nous en remettre à ceux qui les tiennent en les élisant ou en leur faisant confiance les yeux fermés. Oui, la démocratie est un combat. Oui, elle ne peut exister que si l’on paye le prix de la liberté.

Celui-ci est fait de la responsabilité et de la dignité de chacun de nous. C’est ce qui nous élève et nous donne de grandes gratifications. Quand nous y renonçons, nous permettons à tous les aventuriers de la politique de nous berner. Nous pouvons décider que ce prix est trop élevé, que c’est un fardeau et nous en remettre à ces aventuriers qui, un jour ou l’autre, ouvrirons la porte à d’autres bien plus dangereux qui nous conduiront à ces régimes autoritaires et despotiques qui considèrent le peuple comme un ramassis de gens irresponsables, incapables de prendre leur destin en main.

Avant de tomber dans cette renonciation, regardons autour de nous, dans ce monde où la démocratie est si rare et où la liberté est un bien si cher à tous ceux qui ne l’ont pas.
La classe politique ne s’est pas convertie aux vertus du pragmatisme et de la responsabilité politique qui implique de dire le réel et d’agir sur lui concrètement en proposant des mesures réellement applicables.

BAC


Source:http://tempsforts.net

Jeudi 5 Juin 2014
Boolumbal Boolumbal
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