La Mauritanie « nouvelle » est –elle un projet ou une réalité pourrait-on maintenant se demander après le changement intervenu en 2007, à la faveur d’un mouvement de « rectification » qui, en réalité est un coup d’état en bonne et due forme perpétré contre le régime démocratiquement élu de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Consommé par les partisans de la rectification et validé par les accords de Dakar, les mauritaniens attendent maintenant de voir si ce retour à l’ordre constitutionnel va consacrer une ère de changement véritable qui enfanterait une renaissance à tous les niveaux. Une Mauritanie nouvelle doit être envisagée sous deux angles : celui de la rupture avec le passé peu glorieux et celui de la reconstruction de la Mauritanie sur des bases justes et pérennes. Cette nouvelle image doit se traduire par une volonté de mettre fin à la démagogie politique qui a pendant des décennies érigé le mensonge en système de gestion politique, économique et social. Une tradition qui a gangrené l’état, corrompu les élites et perverti le peuple. Ainsi, rien ne se faisait plus sur des critères de mérite et de l’objectivité. Pour se nourrir, s’approprier une voiture, une concession, une évacuation médicale, une fonction, il faut user des moyens illégaux pour arriver à ses fins. Le réflexe le mieux développé était celui de la facilité, de la famille et des relations. C’est de cette façon que l’enseignement a perdu sa valeur, la santé son éthique, l’armée sa vocation, l’administration publique son autorité. Tout le système s’est vicié de l’intérieur et plus personne ne se souciait du devenir de la Mauritanie. La culture du laisser-aller a atteint son paroxysme, l’arbitraire a pris la place de la vérité ; l’incurie a gagné tous les secteurs. Les valeurs de l’effort et de l’excellence ne sont plus que des coquilles vides pour des gens qui arrivent à gravir les échelons et décrocher les diplômes par le mensonge et la falsification. Beaucoup de prétendus cadres mauritaniens portent des titres universitaires trafiqués. Des diplômes de complaisance sont délivrés à des gens qui n’ont jamais posé pied dans un amphithéâtre. Des recommandations au sommet ont permis de faciliter l’octroi d’inscriptions à des fonctionnaires médiocres dans des spécialités recherchées à l’étranger alors que les intéressés n’avaient pas le niveau requis pour suivre le cursus. Au final, ils sont porteurs du titre permettant de justifier leur future nomination dans la haute hiérarchie administrative. Ceux qui ont fourni les efforts nécessaires pour réussir leur formation dans les mêmes universités dans des conditions difficiles, et avec succès exceptionnels, seront relégués à la touche ou se conteront de grossir le rang des chômeurs. En Mauritanie, et pendant des années les citoyens vivaient dans le sentiment que l’équité et la foi au travail n’ont de sens que pour les « imbéciles ». Les intelligents sont ceux qui savent violer les lois, se jouer de la chose publique et s’enrichir dans des délais courts avec les fraudes, les détournements, le trafic de produits prohibés .C’est en changeant toutes ces mauvaises habitudes encore ancrées que le changement escompté pourrait s’opérer. Autrement on ne serait jamais loin du précipice …
Cheikh Tidiane Dia
Source: le rénovateur
Cheikh Tidiane Dia
Source: le rénovateur
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