Débat: L’unité nationale à l’épreuve de la problématique des langues



Débat: L’unité nationale à l’épreuve de la problématique des langues
Plusieurs hommes politiques – majorité et opposition – des universitaires, des cadres du secteur privé, des intellectuels et des acteurs de la société civile ont pris part, le mercredi 12 mai, à un débat autour du thème de «l’unité nationale à l’épreuve de la problématique des langues». Organisé par le REseau Mauritanien pour l’Eveil et la DEmocratie (REMEDE), le débat était animé par Wane Mohamed dit Doudou, enseignant chercheur à l’université de Nouakchott et modéré par Mohamed Said Ould Hommody, journaliste et homme de lettres.
Après avoir évoqué l’historique de la politique linguistique, en s’interrogeant sur plusieurs de ses aspects, le conférencier dira que la politique linguistique de la Mauritanie a été tracée par les colonisateurs. Il a affirmé que la Mauritanie est un pays-passerelle où une politique paradoxale des langues a prévalu. «Enorgueillissons-nous du fond culturel qui devrait être le ciment de notre communauté de destin. L’équité et la tolérance devraient prévaloir, dans le cadre d’une diversité culturelle intégrée. Le droit à la différence culturelle, reconnu et magnifié», a préconisé Wane, soulignant que les communautés mauritaniennes «ont connu des siècles de vie commune faites de confrontations mais, aussi, d’alliances».
Par rapport à la question de la cohabitation, le docteur Wane Doudou a appelé à ce que la Mauritanie, «passerelle entre l’Afrique sub-saharienne et le Maghreb, puisse assumer son ancrage équilibré, dans ces deux espaces, pour mieux promouvoir sa riche diversité culturelle».
Au nom du REMEDE, Aly Sy, avait, auparavant, indiqué que le réseau vise, à travers cette activité, comme toutes celles qui l’ont précédée, depuis sa fondation, il y a deux ans, à «aider à l’élaboration, la mise en place et l’exécution d’un programme durable de paix et de développement, pour placer le pays dans une perspective tournée vers le travail, le respect, la discipline et la justice». Le REMEDE se définit, précise Sy, comme un réseau qui «aborde, par une politique de partenariat et une approche participative, les divers aspects de la vie politique et sociale du pays». C’est un mouvement de cadres issus de divers horizons ethnico-linguistiques et socio-professionnels: responsables d’institutions et hauts cadres de l’administration publique et parapublique, chefs d’entreprises privées, banquiers, informaticiens, représentants de sociétés étrangères en Mauritanie, etc.
Les échanges, au cours de cette soirée, ont abordé plusieurs dimensions liées au sujet: la cohabitation entre les différentes composantes nationales avant la colonisation, l’intrusion de la donne coloniale, les premières années de l’indépendance, les différentes réformes du système éducatif mauritanien, les lois traitant du statut des langues, au cours des 50 années écoulées, (notamment les différentes constitutions) en vue de cerner les divers contours de la politique linguistique depuis l’indépendance, l’identité nationale, le rôle des mouvements politiques, etc.

Le président du PLEJ, Ba Mamadou Alassane, s’est indigné de la persistance, après 50 ans d’indépendance, de la problématique des langues et de l’absence d’un dialogue national autour du système éducatif. Ainsi, la Mauritanie a connu cinq réformes de celui-ci, qui furent des actes, non seulement, de politique linguistique mais, aussi, de prises de mesures pour la planification linguistique de ses politiques. Le représentant de l’UDP, Mohamed Ould Cheikh, a prôné l’instauration du bilinguisme, dans le cadre d’une solidarité nationale, avec une ouverture et le développement des langues nationales. C’est, dit-il, la seule solution actuelle pour la Mauritanie. Selon l’ancien ministre de l’Environnement et du Développement Durable, le consensus est nécessaire pour la paix et la tolérance. Quant au représentant du parti Sawab, Abdessalam Horma, il s’est employé à «démystifier» l’étiquette, collée à son parti, «de regroupement de racistes. […] Nous n’avons pas», dit-il, «une vision exclusiviste des communautés. Nous restons ouverts à toutes les communautés nationales». Il a indiqué que les quatre composantes nationales de la Mauritanie sont les Arabes, les Pulaars, les Soninkés et les Wolofs». Il rappellera que les Mauritaniens ont une responsabilité, collective, de la promotion des quatre langues nationales. « Quant au français, c’est une langue étrangère imposée», devait-il conclure.

D’autres orateurs abonderont dans le sens de l’enseignement des langues nationales et des reformes de l’éducation nationale, dégageant, ainsi, une forte tendance en faveur de l’officialisation et de l’enseignement de toutes les langues nationales. Une boutade, en coulisses, résumait cette opinion: «Un des prochains critères, impératifs, de nomination aux stations supérieures de l’Etat sera l’expression aisée dans toutes les langues nationales. L’arabe, en sus, en tant que langue de notre unité culturelle et le français, en prime, pour son apport à la construction de l’Etat…»

Thiam

Source: Calame

Mercredi 19 Mai 2010
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