DIALOGUE : POURQUOI LE POUVOIR TIENT-IL À SOLILOQUER ?



Jusque-là, depuis des années qu’on en entend parler, on croyait que le dialogue entre pouvoir et opposition était en cours par une sorte de rattrapage pour permettre à ceux qui ont boycotté les dernières élections législatives et présidentielle de rentrer dans le rang des parlementaires de sorte à apaiser cette crise politique qui se résume à cette exclusion.
Entre-temps, l’opposition, mille fois enfarinée par le boulanger en chef, a décidé qu’elle ne participerait pas à ce dialogue qui ne semble désormais voulu que par le pouvoir et quelques jeunes opposants qui s’estiment à la diète depuis assez longtemps.
Le RFD, premier parrain d’Aziz, parti de l’aile radicale de l’opposition radicale, vient de rendre public ce qu’il appelle « dossier » sur la gestion jugée catastrophique du général civilisé. Dossier chiffré avec des exemples dont la pertinence ne résistera pas aux sarcasmes du porte-parole du gouvernement qui peut dire ce qu’il veut vu qu’il est persuadé de parler, via la TVM, à n’importe qui.
Seule faiblesse de ce dossier, il n’est qu’économique… Le RFD ne parle pas de l’orientation domestique de notre diplomatie au service des saoudiens au point de faire nôtres tous leurs ennemis. L’actuel ministre des affaires étrangères n’y est pour rien car les islamistes, cautionnés ou nom par les saoudiens, savent qu’il n’est pas connu pour être leur ami… Il ne peut s’agir, comme tout ce qui est important, que d’une orientation inspirée à son employeur par plusieurs intérêts dont ceux de la Mauritanie ne sont pas les premiers sur la liste.

DIALOGUE : POURQUOI LE POUVOIR TIENT-IL À SOLILOQUER ?
Ainsi, en plus de la fièvre de l’arabité errante qu’on veut imposer comme maîtresse de la Mauritanie plurielle, en plus du bénéfice en espèces sous forme de financements divers en contrepartie d’une adhésion diplomatique à toutes épreuves dont la moindre est l’implantation tous azimuts de l’islam OGM appelé wahhabisme, en plus de toutes ces petites raisons, la grande raison serait la porte ouverte à l’asile doré offert à tout autocrate du Maghreb s’il a bien servi.
On aurait pu donc espérer un paragraphe sur le chapitre diplomatique du bilan Azizien qui a traîné le nom de la Mauritanie partout comme un tekoussou.
On aurait pu espérer aussi un bilan de la gestion du cas Birame dont le succès est désormais indissociable de l’ère azizienne. Comment se fait-il que notre pays soit désormais célèbre dans le monde pour être un pays d’esclavage et d’apartheid ? Le bilan en communication du pouvoir azizien est catastrophique et c’est dramatique pour tout le monde car le malaise entre les communautés à l’intérieur du territoire vaut désormais le mensonge étalé à l’extérieur avec un franc succès.

DIALOGUE : POURQUOI LE POUVOIR TIENT-IL À SOLILOQUER ?
A ce titre, si le pouvoir, si l’assemblée nationale n’ont jamais eu le courage de demander des comptes à l’ambassade des USA à propos du rapport annuel du département d’état confirmant les dires de Birame, on aurait souhaité que le RFD se charge de l’invitation à explications.
Tout ce monde semble terrorisé à l’idée de convoquer l’ambassadeur des USA pour explication or ce n’est pas un acte de guerre mais juste la marque d’un état, d’un pouvoir, d’une majorité qui réclame des explications.
Sur quoi se fonde le rapport du département d’état pour confirmer les dires de Birame ? On aimerait pouvoir voir les sources afin d’adhérer éventuellement à l’accusation car en effet nous vivons à Nouakchott, souvent dans les quartiers où les murs n’ont pas d’oreilles, aussi, nous aimerions sincèrement savoir d’où sortent les conclusions du département d’état ?
Si vraiment ce pouvoir est si monstrueux en la matière pourquoi l’ambassade des USA traite-t-elle avec lui en parfaite connivence ? Doit-on faire comme les gabonais qui ont perturbé un meeting de Sarko et aller perturber, c’est un peu tard, une sortie de Barack Obama en disant » Hussein ! Viens chercher Aziz ! «
Le silence du pouvoir et de l’opposition sur ce rapport du département d’état est triste et malsain car il montre une élite qui a peur et qui joue à l’hypocrisie pour ne pas mettre de l’huile sur le feu croyant que les USA veulent déstabiliser la Mauritanie selon l’inspiration des sionistes. Il faut crever l’abcès car le rapport suivant sera le même que les deux derniers.
On peut énumérer mille volets que RFD aurait pu traiter dans le bilan d’Aziz pour accabler ses mandats sauf celui de la sécurité. Tout le reste est discutable alors pourquoi ne pas aller le discuter lors du fameux dialogue que le pouvoir est seul à vouloir apparemment sans avoir réussi à y faire adhérer les vieux chameaux justement parce qu’ils sont vieux et ne sont plus poussés par l’ambition à laquelle l’histoire politique de ce pays doit tant de trahisons.
Les vieux tiennent bon et ils refusent d’être encore bernés car quiconque participera à ce dialogue sera berné car seuls des intérêts inavouables peuvent le motiver à tout prix même sans les principaux partis de l’opposition radicale.

Le pouvoir joue au plus fin en disant qu’il ne veut pas entendre parler de préalables car en vérité tout ce qu’il veut c’est que tout le monde se mette à la même table, discute et à la fin ce sont les volontés du pouvoir qui passeront au nom de la majorité démocratique. On imagine déjà le porte-parole du gouvernement et d’autres ironiser à propos des vieux chameaux qui parlent de dialogue qu’à condition que les conclusions soient celles qu’ils espèrent et non le résultat du dialogue démocratique où toutes les forces vives ont participé pour réclamer ceci et cela.
Le pouvoir réussira car plus rien n’empêche Aziz de rester d’une façon ou d’une autre : tout autour, rien qu’en Afrique, on trouve, jusqu’au patron de l’union africaine, des hommes forts comme dit la presse jusqu’en occident. Aziz partir ? Pour aller où ? Qui imagine Aziz dans sa maison à Nouakchott comme tonton Ely avec tant d’ennemis ? Après tout c’est possible vu que Haidalla circule librement malgré le funeste passif de son régime.
Pourtant le pouvoir militaire devrait réfléchir à une sorte de roulement pour apaiser l’esprit de l’homme fort du moment. Le pouvoir en Mauritanie donne au chef de l’état, chef des armées, un pouvoir presque absolu : tout lui obéit, armée, administration, justice et même le peuple qui par la complicité du suffrage universel direct participe au succès de l’homme fort or aucun esprit n’est préparé à tant de pouvoir chez nous et c’est un miracle qu’Aziz n’aie pas déjà pris le chemin d’autres hommes forts arrivés comme lui chez qui comme au Tchad, les opposants disparaissent tout simplement.
Pour l’instant, Aziz n’a pas de sang sur les mains, les prisons sont quasiment vides et chacun dit ce qu’il veut mais jusqu’à quand ? A sa place, c’est difficile d’imaginer une suite qui ne serait pas de terminer ses jours dans son lit tranquille après une vie au pouvoir car rien pour l’instant ne peut l’en empêcher vu la nature des forces en présence.

Le dossier du RFD se trompe, les mauritaniens pourront être de plus en plus misérables cela n’entrainera jamais un soulèvement significatif, c’est une question de culture : n’est pas palestinien qui veut. Le peuple mauritanien peut crever de faim sans dire un mot car la noblesse de la culture a toujours été au milieu de la misère des serviteurs. Si personne n’est sorti vu l’état de l’éducation, de la santé et les abus en tous genres avant même l’arrivée d’Aziz, si personne n’est sorti quand les forces de sécurité étaient à l’agonie, qui donnera sa vie aujourd’hui sauf une poignée de martyrs vite oubliés.
Il est temps de réfléchir à un moyen de pouvoir changer de petites choses vitales pour le quotidien et l’avenir des mauritaniens avant de penser à changer le chef d’une armée toute puissante dans un pays de pauvres diables pacifiques.
C’est en gagnant de petites victoires sur le malheur quotidien qu’une opposition crédible renaîtra de ses cendres alors seulement après avoir de nouveau convaincu, après avoir de nouveau rassemblé que d’autres marches vers le pouvoir seront accessibles. Pour l’instant, l’opposition radicale ressemble à un Hamas désarmé pendant que l’opposition au parlement ressemble au Fatah qui a compris que la main que tu ne peux pas couper, embrasse-la comme on dit aussi chez nous.


Depuis 1978, l’opposition civile démocratique a fait les mêmes erreurs que les pionniers de l’OLP jusqu’à la corruption de l’autorité palestinienne et le jusqueboutisme du Hamas avec pour seul résultat : l’impasse…
De là à dire que le pouvoir azizien représente la force occupante ? Là s’arrête la parabole puisqu’il est le premier militaire civilisé à être élu démocratiquement. Par contre il dirige une armée qui est l’héritière de la force d’occupation des volontés civiles avant la légitimité démocratique. Si l’occupation militaire n’est plus, bien que toujours disponible en fonction des aléas démocratiques qui pourraient emporter le président sortant malhabile, reste que ses séquelles font encore de l’effet par la crainte qu’elles inspirent aux civils largement domestiqués par la force avant de voter en paix et en force pour le tombeur de l’élu…

Qui est le chef des armées ? C’est la seule question. Dès que la réponse est admise, l’administration le sert ensuite le peuple le suit et la question ne se pose plus tant que le chef est le chef. Telle est la loi chez nous comme ailleurs, la loi respectée et non celle portée en bandoulière par la république pour être fréquentable officiellement par les gendarmes du monde en la matière à qui on n’apprend pas à faire la grimace mais qui respectent cette politesse de l’apparence comme les approximations d’une langue étrangère en cours d’apprentissage surtout quand l’accent et les approximations ne nuisent pas à leurs intérêts.
Que signifie alors s’opposer démocratiquement sous ses régimes-là ? Cela signifie être l’exception qui renforce la règle par son incapacité à….


Lire la suite :

http://www.chezvlane.com/2016/09/dialogue-pourquoi-le-pouvoir-tient-il.html

Vendredi 23 Septembre 2016
Boolumbal Boolumbal
Lu 491 fois



Recherche


Inscription à la newsletter