Colère contre les coupures



Colère contre les coupures
A Nouakchott, les grognes contre les coupures d’électricité se font nombreuses. Cela, depuis plus de deux mois maintenant que ça dure. A l’intérieur du pays également, le refrain des plaintes est entendu.


En fait, les usagers sont fatigués de ces coupures d’électricité. Pour justifier ces délestages, les responsables de la Somelec évoquaient des déficits de production liés à la période de fortes chaleurs du moment. Mais les populations supportent de plus en plus mal ces délestages réguliers et intempestifs. A titre de rappel, soulignons que la Somelec avait motivé les délestages intempestifs par l’accroissement de la demande en électricité par rapport à l’offre, en ces moments de grande canicule, évoquant son recours à des coupures tournantes de 2 heures de temps dans les différents quartiers de Nouakchott. Cependant, rien n’y fait.
Les populations de la ville menacent à chaque fois de descendre dans la rue pour manifester contre ces délestages. Elles disent en avoir marre des coupures intempestives d'électricité opérées par la Somelec. El Mina, Sebkha, Arafat, en passant par Tevragh-Zeina et Teyarett, des usagers et des citoyens visiblement excédés crient leur ras-le-bol devant les pernicieux délestages ayant refait surface dans la capitale. Ainsi la Somelec renoue de fait avec ses vieilles habitudes. Les coupures intempestives d'électricité, paralysant ainsi tous les secteurs d'activité, se sont aggravées. Le constat est le même dans toutes les moughataa. Du matin au soir, les populations disent avoir été privées d'électricité. Surtout dans les quartiers périphériques qui sont presque toujours dans le noir. Elles menacent par conséquent de descendre dans les rues si une solution n'est pas trouvée dans les plus bref délais.

Paralysie totale

Privés d'électricité, les usagers voient leurs provisions se gâter. Tous les secteurs d'activité sont paralysés. Tailleurs, menuisiers, coiffeur, tous ces métiers tributaires de l'électricité souffrent des délestages. Une situation qui occasionne un manque à gagner que les travailleurs de ce secteur ne pensent pas pouvoir combler de si vite. B.T, la cinquantaine bien sonnée, un air menaçant, les yeux écarquillés, la bave coléreuse aux lèvres, crie son ras-le-bol: « cette situation relève de l'incompétence du directeur de la Somelec. Le mal de cette société, tout le monde le connaît». Il affirme que pendant presque toute la journée, son quartier est privé d'électricité. « Le courant est coupé des fois à 8 h, des fois à 12 h, des fois au crépuscule sans qu’on ne sache à quel moment cela va être rétablit. Il arrive qu’on soit coupé de nouveau à partir de 00 h et jusqu'au matin », confit-il plus courroucé que jamais. Et de poursuivre, « cette situation est invivable surtout en cette période de chaleur. Nous sommes obligés de passer la nuit dehors ». Il ajoute enfin, « nos matériels électroménagers sont endommagés et personne ne nous paiera. Tout ce que nous conservons dans nos réfrigérateurs est pourri ». « Mais ce qui est surtout regrettable dans tout cela, dira-t-il, c'est la cherté des factures d'électricité ». Toutefois, il n'est pas le seul à fustiger cette cherté des factures d'électricité. Mamadou Niang, un tailleur à la Sebkha, la trentaine frisée, sueur au front, l'air très remonté, entouré de ses trois apprentis, croise les bras. Il attend, fataliste, que l'électricité revienne. Interpellé, il nous répond en demandant que ses propos ne soient ni tronqués ni censurés, « je n'ai que deux machines à coudre qui fonctionnent en ce moment, parce que les autres sont abîmées par les coupures d'électricité de même que deux mini chaînes et un réfrigérateur. Du temps que tout ce matériel fonctionnait, je payais moins que ce que je paye en ce moment malgré les nombreuses coupures. La facture qu'on m'a remise avant-hier, s'élève à 32.450 ouguiyas. Je paye mon loyer à 25.000 ouguiyas. Comment puis-je parvenir à payer tout cela si je ne parviens pas à travailler ? Mais comment travailler si on ne parvient pas à avoir du courant, nous qui en utilisons quotidiennement ? » Question sans réponse assurément ! Mamadou Niang de conclure: « Les crises sont aujourd'hui notées dans tous les secteurs d'activité du pays ». Plusieurs ménages rencontrés disent être prêts à descendre dans les rues comme ils l'avaient fait, l’année dernière en saccageant les bureaux de la Somelec à El Mina.

Reportage, Moussa Diop


Source: Le quotidien Nouakchott

Lundi 31 Août 2009
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