Célébration du 8 mars : La gent féminine, à la croisée des chemins.



Célébration du 8 mars : La gent féminine, à la croisée des chemins.
Il est permis de dire sans équivoque, que la femme mauritanienne actuelle a franchi une étape importante dans le combat pour la reconnaissance de son statut et de ses droits au plan social mais surtout politique et éducatif.

Un travail important à mettre à l’actif de ces nombreuses battantes qui se sont investies dans le combat pour l’émancipation dont les résultats ne sont plus à démontrer. Même si beaucoup reste à faire. Des mouvements associatifs les plus dynamiques en passant par des initiatives de promotion du genre au sein de la classe politique, la femme mauritanienne est à la pointe du combat.

Entreprenante, persévérante et décomplexée devant les mâles, la gent féminine ne se contente plus des 20% au sein des postes électifs. Elle place la barre très haut en exigeant l’adoption d’une loi qui institue la parité hommes femmes.

Plusieurs fois, ce projet a été relancé dans les débats et porté dans des rencontres de haut niveau. A la veille des élections municipales et législatives, le sujet revient au galop. Y a-t-il meilleure occasion que la commémoration de la fête de la femme pour inscrire cette question dans les cahiers de doléances du genre.

Un parcours de combattantes

Quand on évoque la question de lutte pour l’émancipation des femmes, des figures de proue encore vivantes reviennent dans les souvenirs : Aissata Kane, première femme ministre des années 70 , Madame Marièm Daddah première dame du pays , pour ne citer que quelques exemples peu nombreux à cette époque dans une société où ce sujet était jugé tabou non seulement au plan religieux mais aussi social dans une Mauritanie où le poids des préjugés était une entrave à la liberté de parole et d’action , un fardeau qui pesait sur les femmes.

Grâce à la fougue égalitaire , doublée d’une clarté dans le discours d’un militantisme féminin montant, l’ élan revendicatif a permis de briser le mur du silence et à ouvrir la porte à un combat auquel les gouvernants et même certains milieux religieux sont devenus réceptifs. Cette longue marche des femmes marquée par des avancées timides mais qui ont évolué dans un processus politique concessionnel , a permis d’élargir d’année en année le cercle des militantes notamment au sein de la société civile.

Les organisations féminines se développent de manière exponentielle, l’entreprenariat féminin libère les énergies et les ambitions dans le militantisme politique s’affirment à la faveur d’une loi accordant un quota de 20% aux candidatures féminines dans les votes. C’est la première concession remarquable accordée aux femmes. Le président Taya aidera à ce combat en se posant comme un fervent défenseur de la cause féminine. Durant son règne les femmes ont eu droit à quelques portefeuilles de plus dans le gouvernement. Dans la grande administration publique, leur présence s’est fait remarquer ces dernières années.

Pour la première fois en août 2007, deux femmes sont nommées gouverneurs. Il s’agit de Khadijettou Mint Boubou et Lemina Mint El Ghotob Ould Moma. En octobre de la même année deux autres femmes seront nommées au poste d’ambassadeurs parmi elles, Lematt Mint Ewnen accréditée à Paris. Des acquis qui finiront par régresser sous le gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf qui n’en compte plus dans les secteurs cités.

Militantes, activistes affairistes

En Mauritanie la société civile a évolué positivement avec une forte implication des femmes dans les ongs qu’elles utilisent pour défendre des causes aussi importantes que la lutte contre les violences faites aux femmes. L’Ong association des femmes chefs de famille (AFCF) est un exemple de lutte acharné contre les injustices portées à l’encontre de la femme. Aminetou Mint Ely s’est illustrée dans ce combat de titan qui a fait sauter le verrou des préjugés.

D’autres comme elle ont aussi remporté des victoires. Dans la défense des victimes de répression communautaire, Lalla Aicha , figure remarquable des droits de l’homme a abattu un travail considérable dans la dénonciation des crimes commis par le régime sanguinaire de Taya.

La célèbre avocate Fatimata Mbaye est une autre battante qui a engrangé des médailles sur le plan international dans son long combat contre l’impunité. Sans épuiser une liste devenue longue et qui honore le rôle joué par la femme, il faut souligner que l’intellectuelle féministe n’a pas seulement que l’expérience du bistouri, elle n’est pas que cadre de renom dans les institutions internationales, elle peut aussi naviguer dans les airs.

Nous avons en mémoire deux femmes pilotes de ligne qui avaient séduit les mauritaniens. Par ailleurs, les femmes d’affaires évoluant dans le formel ou dans l’informel font marcher l’économie de la Mauritanie.

Leur nombre dans les entreprises privées et dans les marchés nationaux et internationaux illustre l’idée selon laquelle la femme n’est plus que simple gardienne des enfants. Elle peut allier les deux sans porter préjudice à sa vie familiale sociale et religieuse. Qui n’a pas entendu parler de femmes comme Péya Gueye, directrice de ‘’La Case ‘’ ou encore la patronne de la clinique Kissi Dr. Mantita Tandia et bien d’autre issues de toutes les communautés du pays.

Femme droits et liberté

La liberté de la femme n’est pas synonyme de libertinage comme le pensent certains partisans de la claustration féminine. Sur le plan moral, le statut de la femme lui confère des droits mais aussi des obligations. Cette question trouve sa réponse dans la religion musulmane qui accorde à la femme des avantages énormes tout en traçant des limites à respecter. Le code féminin mauritanien s’inspire de la charia mais réserve à la femme des droits en phase avec ses devoirs et ses obligations sociales et morales qui ne lui interdisent pas de prendre en charge son destin. La question de l’égalité dans l’accès à certaines fonctions magistrales notamment est à soumettre à un argumentaire religieux mais pas sous un angle dogmatique.

L’existence d’une ministre de la femme et de l’enfant devrait dans les normes participer à cet élan de libération des forces créatrices et procréatrices. Mais les portes de cette administration ne s’ouvrent qu’à l’occasion de la célébration d’un anniversaire où les femmes sont à l’honneur. L’image d’une ministre de ce département en visite dans un marché pour s’enquérir des problèmes des vendeuses ou toute autre activité n’a jamais été visible dans les médias. La bataille devait commencer par là !

CTD et MOML


Jeudi 7 Mars 2013
Boolumbal Boolumbal
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