Arrestation de O. Naji, 2ème message à Mint Ahmed Tolba



Arrestation de O. Naji, 2ème message à Mint Ahmed Tolba
Toujours prompt à rapporter les moindres faits et gestes de ses cousins, le Général Mohamed Ould Hadi, Directeur général de la sûreté nationale (DGSN) vient d'alerter la Présidence sur une série d'événements impliquant plusieurs hommes d'affaires de l'entourage tribal de l'ancien président Maaouiya Ould Taya.

Selon nos sources, les nostalgiques de la dictature, après avoir échoué à imposer Ahmed Ould Daddah à la Présidence, envisagent de préparer le retour de Ould Taya au pays, dans le but de sa réinsertion politique, à moyen terme, histoire de gêner l'action du Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz, pour l’obliger à composer.

Afin de couper court à toute tentative, le Général, désormais élu, est en train de signifier, à son ancien patron Ould Taya, ce qui l'attend si jamais il s'avisait de remettre les pieds à Nouakchott. Dans ce cadre, sans y être invité, Ould Abdel Aziz, devant certains journalistes, s’engageait à faire poursuivre le dictateur déchu, dès son retour à Nouakchott, au motif, crédible en l’occurrence, de ses crimes financiers et de sang. En témoigne, la plus récente interview de Ould abdel Aziz, diffusée le 29 octobre dernier sur France 24.

Pour les forfaitures politiques, Ould Abdel Aziz n'a pas eu besoin de s'appesantir ; tout le monde a en effet compris qu'il s'agit des atrocités commises contre les négro-mauritaniens, sous Ould Taya. Sur le volet financier, Ould Abdel Aziz a voulu être plus clair.

Toutes les personnes arrêtées ou limogées, pour détournement de fond public, ont un point commun : les faits qui leurs sont reprochés se sont déroulés depuis que Ould Abdel Aziz est aux affaires. Un seul fait exception, Sid'El Moktar Ould Naji. Ce dernier n'a joué aucun rôle majeur depuis la chute de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi, ni durant son mandat. Alors, pourquoi maintenant ?

Taqadoumy a recoupé les différentes déclarations, à la fois des proches du pouvoir et des anciens collègues de travail de Ould Naji : deux hypothèses se dégagent nettement :

1) Le dernier conseil des ministres a procédé au limogeage de Sid'Ahmed Ould Elbou (dit Isselkou) qui dirigeait la Société nationale d'aménagement agricole et des travaux, un établissement public à gros budget, sous la tutelle du ministère du développement rural ; il a été crée, par Ould Cheikh Abdellahi, dans le but de favoriser l'autosuffisance alimentaire du pays. Le remplace Mohamed Ould Beyey, un ingénieur en génie mécanique, précédemment cadre à la SNIM.

Selon les tenants de la première hypothèse, l’éviction de Ould Elbou est l'une des conséquences de l'arrestation de Ould Naji. Les deux avaient dirigé le Commissariat aux droits de l'homme, à l’insertion et à la lutte contre la pauvreté, un département crée par Ould Taya, en conformité à la doctrine de la Banque Mondiale, décriée depuis. Le Président Ould Cheikh Abdellahi, sans la moindre enquête sur la disparation de plusieurs dizaines de milliards d'ouguiya, décidera de mettre un terme à ses activités.

Selon nos sources, cette liquidation visait à éviter le lourd embarras d’une partie de l'entourage de Ould Cheikh Abdellahi. L'on cite, par exemple, Sid'El Moktar Ould Cheikh Abdellahi et Zeïni Ould Ahmed El Hadi. Donc, l'actuel réouverture du dossier a justement pour dessein, de solder le passif.

2) Mais d'autres analystes pensent, en revanche, que Ould Naji répond de sa gestion de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM). A l'époque, il aurait donné libre accès, aux caisses, à Aïcha Mint Ahmed Tolba, épouse de Ould Taya ; celle-ci et l’ex capitaine Ahmed Ould Taya, fils aîné du dictateur, se seraient largement servis. Ould Abdel Aziz enverrait donc un signal clair à Ould Taya, sous forme de mise en garde tacite dont la substance se résume à "reste où tu es, ne bouge plus".

L'on se souvient que Ould Abdel Aziz avait réussi à déstabiliser Ould Cheikh Abdellahi puis le renverser en s'attaquant à son épouse Khattou Mint El Boukhary ; il agira de même, avec son cousin et ex chef de l’Etat, Ely Ould Mohamed Vall, en alimentant la presse sur les acquisitions immobilières de son épouse Oum Kalthoum Mint Na.

Les tenants de cette hypothèse avancent d'ailleurs une fuite de l'enquête : le nom de l'ancien gouverneur de la BCM Yahya Ould Atigh aurait été cité, ce qui corrobore la probabilité de la réouverture globale d’un tel dossier, et donc l’intelligibilité du courrier subliminal, à l'attention de Ould Taya. Selon bien des observateurs avertis, le dictateur en exil demeure l'unique personne qui inspire un semblant de crainte, sinon de la méfiance, à l’actuel Président de la République.

L’usage de la menace lors de l’entretien France 24 prendra corps avec l'emprisonnement de Ould Naji. Cet acte, suivant le continuum de la dissuasion dans la rhétorique de la guerre, constitue, à son tour, un nouveau message, cette fois-ci adressé à Madame Ould Taya, née Mint Ahmed Tolba.



Source: Taqadoumy

Dimanche 15 Novembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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