Après l’investiture:La Mauritanie dans l’attente d’un PM



Après l’investiture:La Mauritanie dans l’attente d’un PM
Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, premier ministre arrivé aux commandes après le coup d’état du 6 août 2008, et maintenu après l’accord cadre de Dakar pour diriger le gouvernement transitoire d’union nationale (GTUN), a présenté au président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, la démission de son équipe dans l’après midi du jeudi 6 août dernier. Un événement intervenu moins de 24 heures après la prestation de serment du nouveau président de la République. Depuis, l’opinion est restée sur sa fin.


Le président élu est allé vers son weekend à l’extérieur de Nouakchott et on ne sait pas ce qu’il entend exactement faire de son ancien PM, ni de quoi sera fait son gouvernement: d’irréductibles et zélés de la cause azizienne ou de compétences techniques ?


Logiquement, la suite est attendue sous forme de reconduction du chef du gouvernement démissionnaire, ou alors de nomination d’un homme « nouveau ». D’où de nombreux commentaires et supputations, sur les chances de « continuité » ou de « rupture » dans les salons cossues de Tevragh-Zeina, de ce genre d’exercice.
Juste après cette démission, le premier ministre sortant (qui avait parlé pour la presse publique, en deux temps. La première, à sa sortie de chez le président, était laconique et se résumait en une brève déclaration dans la quelle il expliquait qu’il avait présenté la démission du gouvernement de transition. La seconde, deux heures plus tard, était à son bureau et à sa demande. Elle concernait un détail protocolaire: rendre hommage au gouvernement de transition qui, malgré son hétérogénéité, a su conserver et travailler pour l’intérêt général de la nation… Que veut dire cela? On ne sait pas encore !) a salué le « bon travail » accompli au profit de la République par le GTUN, en dépit de son caractère « hétéroclite » découlant de la diversité des origines politiques des différents membres.
Dans cette attente du choix par un président de la République, toujours fidèle à règle du silence sur ses véritables intentions au sujet de la personnalité du chef du gouvernement à venir, l’incertitude reste grande. Cela, malgré une série de rencontres avec des personnalités de sa majorité.
Les développements « argumentés », indices plus ou moins probants et « décryptage » de signaux, sont les outils du tableau de bord auxquels se référent nos différents « spécialistes ».
Entre ceux qui prédisent la logique d’un maintien et ceux qui renvoient à la nécessité d’un changement d’homme pour un nouveau départ, le jeu de balance est parfait.




Une équipe qui gagne…

Les analystes orientés vers le maintien du statu quo font remarquer qu’arrivé dans un contexte difficile de crise politique et institutionnelle, le premier ministre sortant, qui a rendu le tablier jeudi dernier, a globalement « assuré ». Une réalité très palpable surtout après le « départ » du général Mohamed Ould Abdel Aziz, le 19 avril 2009. Un retrait lié à la nécessité de la « conformité » de la candidature de l’ancien chef de la junte à une constitution violée neuf mois au paravent.
Illustration parfaite avec les péripéties de la signature du décret convoquant le collège électoral pour le scrutin présidentiel du 18 juillet dernier. Un acte qui a fait l’objet d’une grosse divergence au sein du GTUN, et d’une âpre bataille à l’issue de laquelle le premier ministre a parfaitement manœuvré dans le sens indiqué par le « chef » pour éviter une perte de temps préjudiciable à un plan, préalablement établi, de reconquête du pouvoir.
Une action conduite sans état d’âmes, avec la mise à contribution d’une presse officielle totalement au service de la « rectification ».
La suite, c’est-à-dire les véhémentes protestations du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), les autres segments du gouvernement, n’ y changera rien.
Alors pourquoi renvoyer à ses chères études politiques le chef d’une équipe qui gagne, en tout cas, dans les manœuvres politiciennes ?
Autre indice allant dans la sens d’une possible reconduction : la présence très visible et très remarquée de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf et son épouse à la cérémonie d’investiture du mercredi dernier. Le signe d’une posture qui maintient l’homme encore tout prés de son ami Aziz, et auquel il pourrait encore rendre de nombreux « services ». L’Homme semble s’accommoder de tout rôle que compte lui faire jouer son chef, alors pourquoi se débarrasser de lui maintenant au risque de remettre en cause la récente transition au cours de laquelle le nouveau président avait décroché ses premiers galons de chef agissant pour l’intérêt des pauvres… ?




Rupture avec le putsch
Toutefois, pour contrer tous ces développements, les analystes tournés vers le changement d’un PM, pour donner la chance d’un homme vierge ne manquent pas d’arguments. Les tenants de cette thèse affirment en tout premier lieu une obligation de rupture symbolique avec le changement anticonstitutionnel du 6 août 2008. Ce qui va dans le sens de la désignation d’un nouveau premier ministre.
Autre argument de « taille » servi par les mêmes analystes et commentateurs : une option de reconduction du PM démissionnaire n’aurait pas traîné aussi longtemps.


Parallèlement à cette attente au sujet de la nomination du premier ministre et de la formation d’un nouveau gouvernement, le Groupe de Contact International sur la Mauritanie (GCIM) tiendra à Nouakchott sa première réunion d’évaluation le samedi 15 août prochain.
Au menu, l’examen des requêtes des trois candidats battus au scrutin du 18 juillet dernier : Messaoud Ould Boulkheir (FNDD), Ahmed Ould Daddah (RFD) et Ely Ould Mohamed Vall, (indépendant), ancien chef de l’état, dénonçant « manipulation et fraude » au sujet du scrutin présidentiel de la mi juillet.
Un premier conclave post électoral duquel pourraient sortir quelques recommandations relatives à la poursuite du dialogue politique conformément à la lettre et à l’esprit de l’accord de Dakar qui devraient logiquement être soumises aux différents pôles de la vie politique nationale. Particulièrement au nouveau président. Mais que valent ses recommandations après la mise en place de l’essentiel: le gouvernement ?




Kouchka




Source: Biladi

Dimanche 9 Août 2009
Boolumbal Boolumbal
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