Affaire Ould Nagi : Transferts justifiés et injustifiés



Affaire Ould Nagi : Transferts justifiés et injustifiés
Depuis une semaine, la scène nationale est dominée par ce qui est désormais connu comme étant l’affaire Sid’El Mokhtar Ould Nagi.

L’enquête a été confiée à la police chargée de la lutte contre les crimes économiques et financiers qui, dans une démarche sans précédent, a convoqué presque tous ce que compte le pays d’hommes d’affaire.

Un rapport détaillé de la BCM déblaie le terrain et montre sans équivoque les responsabilités. La Police sachant pertinemment qu’en Mauritanie, convoqué est assimilé à, arrêté qui est assimilé à coupable, devrait faire preuve d’un peu plus de tact avant de jeter des noms en pâture à un public friand de ces scandales financiers.

Ou alors en convoquant tout ce beau monde ne veut-on pas tout simplement montrer que personne n’est au dessus de la loi et alors dans ce cas, c’est un aveu de faiblesse de l’Etat qui ne devrait pas avoir besoin de prouver quoi que ça soit à qui que ça soit.

Sur le fonds, le QDN était largement revenu sur le premier rapport de la BCM qui date de Décembre 2004. Mais celui de Septembre 2009 est encore plus détaillé. De fait, toute l’affaire repose sur des transferts pour lesquels les enquêteurs n’ont pas trouvé de justificatifs. Les états portent sur un montant 5 750 000 000 d’ouguiya entre janvier et Août 2001 et 9 493 000 000 d’ouguiyas entre février et Novembre 2002. Soit un peu plus de quinze milliards d’ouguiya qui après consolidation sont passés à 10,613 milliards d’ouguiyas.

Et c’est par l’application du taux d’intérêt calculé sur la base du taux de la pension en vigueur de 11% que l’on a majoré d’un peu plus de 13 milliards pour aboutir à une somme globale de 24 milliards d’ouguiyas. Tout cet argent provient d’un compte n° 300 11 35 de la BCM, compte où est versée la contrepartie des accords de pêche avec l’UE et qui, il faut le souligner, ne peut être mouvementé selon la Décision n° 28GR/96 portant création de ce compte, que par le Ministre des Finances.

Les inspecteurs Sidi Mohamed Ould Bleil et Lemrabott Ould Abdel Weddoud n’y sont pas allés de main morte. Ils ont traqué ces fonds et les ont presque tous remontés. En effet toutes les banques -à part la BNM- se sont montrées coopératives. Elles ont toutes spontanément, donné les noms des bénéficiaires de ces transferts. Maintenant il s’agit de savoir quels transferts sont justifiés et quels autres ne le sont pas.

En tout état de cause les limiers de la BCM identifient six personnes physiques ou morales qui ont bénéficié de ces transferts. il s’agit de la BNM pour 3.900.000.000 d’ouguiya, MAOA pour 4,5milliards, la BADH pour 193 millions (qu’elle a entre temps passé en profits exceptionnels), la Sonimex pour 220 millions, Mohamedou Ould Mokhtar (vraisemblablement le chauffeur de Ould Nagi) pour 350 millions d’ouguiyas, la BCI d’Isselmou Ould Tajedine avec la SAPAD et Imprimerie du Maghreb pour 900 millions et Abdou Maham pour 470millions d’ouguiyas.

Mais alors serait on tenté de dire pourquoi a-t-on convoqué le PDG de la GBM et le directeur de la Chiguitty Bank qui n’ont fait que leur travail de banquier, c'est-à-dire exécuter des avis de crédits pour leur clients. En effet la Chiguitty Bank a transféré 150 millions pour Abdou Maham alors que la GBM en a transféré 1.200.000.000 pour son client. Si l’on doit convoquer un banquier chaque fois qu’un transfert, de surcroît en provenance de la Banque Centrale est exécuté, la Police n’aura plus que ça à faire.

Ce sont des dizaines d’opérations quotidiennes pour lesquelles il n’y a rien à redire. Pour ce qui est de cette affaire la comptabilité de la BCM laisse apparaître les transferts suivants :BNM : 3 900 000 000, BADH : 843 000 000, Chinguitty Bank : 150 000 000, BAMIS : 3600 000 000, GBM : 1 200 000 000, BCI : 900 000 000 d’ouguiyas.


En octobre dernier, la BCM aurait porté plainte contre les auteurs que sont, le gouverneur de la Banque centrale de l’époque et ses collaborateurs, les bénéficiaires qui sont les particuliers et des entreprises auxquels les montants ont été transférés.

Suite à cette plainte la police chargée de la lutte contre les crimes économiques et financiers a procédé, mercredi dernier à l’interpellation de l’ancien gouverneur de la BCM, M. Sid’El Moctar Ould Nagi, comme elle a entendu un certain nombre de banquiers et d’Hommes d’Affaires. Ainsi donc pendant toute la semaine, et grâce à l’amalgame entre bénéficiaires et banquiers, la photo de Mohamed Ould Brahim Ould Seyid s’est étalée à la une des journaux et des sites d’information.



Source : Le Quotidien de Nouakchott



Jeudi 19 Novembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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