Thiédel Mbaye, la perle du Fouta chante l’unité nationale



Thiédel Mbaye, la perle du Fouta chante l’unité nationale
Une voix d’or pour une Unité Nationale. Un titre « Almoudo » qui sonne sur l’oreille de celui ou de celle qui fonde ses préoccupations majeures sur les catégories les plus vulnérables dans un monde bouleversé par l’inégalité dans tous ces compartiments. C’est sans doute la raison principale mêlée à l’inquiétude du devenir de ces couches vulnérables que Thiedel Mbaye, avec des sonorités dignes d’une ressortissante du Fouta et un rythme musical qui rappellent la fierté d’une appartenance de famille de griotte, que l’ambassadrice et promotrice d’une Mauritanie plurielle clame ses appréhensions face à l’horreur du traitement des Almoudo. C’est dans sa demeure sise le quartier socogim PS que Thiedel Mbaye a bien voulu recevoir l’équipe de mauritanies1 pour parler de son album, sa carrière, les difficultés rencontrées dans le monde du showbiz et aussi ses projets à court et moyens termes.


1. A quelle période remonte votre envie de vouloir chanter et qu’est ce qui a motivé votre décision de faire une carrière dans la musique ?

T. Mbaye :
Tout d’abord je vous remercie de m’avoir offert l’occasion à travers vos colones pour m’exprimer. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, Je m’appelle Thiédel Mbaye. Je suis issue d’une très grande famille de griots. Je ne peux pas vous dire exactement quand est ce que j’ai commencé à chanter. Ce que je puis vous dire c’est que J’ai grandi dans le milieu mais je n’ai appris dans un espace classique à chanter. C’est donc un don que le Tout puissant m’a accordé. Depuis 1986, nous avons créé une troupe de jeunes griots traditionnels en poulars, dénommée Donawal. C’est en ce moment que j’ai commencé à exercer et que j’ai constaté que j’avais un grand talent pour faire une carrière dans la musique. Par la suite, nous avons crée le groupe « yéla Ala mari » en Février 1993.


2. Vous venez de sortir un album dénommé : Al Moudo » qui veut dire Talibé, particulièrement jeune mendiant. Parlez nous de cet album?

T. Mbaye :
J’ai composé cet album titré « Almoudo » avec comme principal objectif de lutter, à ma manière contre la mendicité. Etant mère de famille et femme au foyer, je pense à ces milliers de jeunes garçons qui trainent dans la rue, avec un manque d’éducation et qui sont surtout confrontés aux accidents et aux maladies de toute sorte liées à leur mésaventure de tous les jours. J’avais du mal à comprendre cette façon peu orthdoxe d’éduquer et du coup j’ai décidé, fort de mes ressentiments, d’élever la voix pour ne serait ce attirer l’attention de ceux qui enseignent le coran et des marabouts formateurs de ces petits talibés qui sont désorientés de l’essentiel et qui n’ont en réalité aucune perspective d’avenir dans un monde où , l’éducation est en passe de devenir le secteur le plus utile pour la formation . Almoudo est donc une alerte face à l’horreur que vivent les talibés afin que les apprentissages du saint coran soient véritablement un levier fort de lutte contre l’alphabétisme.


3. D’autres titres figurent dans cet album : comme l’unité nationale, quel sens portez-vous à ce titre ?


T.Mbaye :
Je pense que je suis très bien placée pour chanter l’union nationale en tant qu’artiste Mauritanienne. Je rappelle que la Mauritanie est une union de différentes composantes parmi elles :
- Les poulars
-les Hassanes
-Les wolofs
-Les soninkés
-Les bambaras
Vous conviendrez avec moi que la Mauritanie est une et indivisible et il faut que toutes ces composantes soient solidaires pour bâtir cette nation que nous aimons tant et faire de telle sorte que notre pays profite au maximum de sa richesse culturelle, j’allais dire de son africanité et de son arabité. Il faut qu’on arrive à faire de la Mauritanie un havre de paix en nous adossant sur notre patrimoine culturel au-delà des clivages d’ordre ethnique.

4. Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontées dans le milieu du Showbiz?


T.M’baye
: j’ai le regret de vous dire que les artistes ne vivent pas de leur art, c’est la première aberration. Seulement pour dire que dans le milieu du showbiz, il existe encore beaucoup de problèmes. On a rencontré beaucoup de contraintes car pour produire un Album ou tourner un clip, ll faut impérativement avoir des moyens et ceci fait défaut pour nous. Il s’y ajoute qu’en Mauritanie les gens n’accordent pas beaucoup d’importance aux loisirs. On espère que ça va changer avec le temps, néanmoins, il y’a des gens qui nous supportent et qui nous accompagnent d’une manière ou d’une autre mais il y’a d’autres par contre qui n’arrivent pas à profiter et à découvrir ce qu’on est entrain de faire. Aucune structure de l’Etat ne nous soutient malheureusement.


5. Quels sont vos projets à court et long terme ?


T.M’baye :
A court terme, je dois engager la promotion de cet album tant au niveau national que régional. A long terme, j’envisage élargir la dimension de la musique Mauritanienne en dehors de nos frontières pour une bonne visibilité de notre culture. Vous me permettrai aussià travers cette interview de parler aux jeunes talents pour leur dire qu’un artiste doit s’armer de beaucoup de patience et de courage dans l’effort , car comme le dit l’adage, seul le travail paie. La nouvelle génération doit apprendre à composer des chansons sur des thèmes inhérents à l’éducation, à la culture, à l’unité des cœurs et des esprits dans une approche participative pour le développement économique de notre pays et se refuser à ne liverer que des chansons à caractère laudatif.
Je ne peux terminer sans vous rendre un vibrant hommage, vous mauritanies1 pour le travail colossal que vous avez engagé car je vois dans ce que vous faites une Mauritanie plurielle, où toutes les Mauritanies sont à la Une. Ne serait ce que ce caractère unificateur, vous méritez des encouragements dans votre noble et exaltant projet.

Propos recueillis par Mamadou Ousmane Tall et Aissata Koudja Bâ



Jeudi 29 Juillet 2010
Boolumbal Boolumbal
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