Terrorisme islamiste:la Mauritanie dans l’œil du cyclone



Terrorisme islamiste:la Mauritanie dans l’œil du cyclone
Les rapts des ressortissants occidentaux (espagnols et italiens) sur le territoire mauritanien en novembre et décembre 2009 représentent une tendance faisant de la Mauritanie et du pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz une cible « prioritaire » de la nébuleuse terroriste Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). C’est du moins ce à quoi, entre autres, est arrivée une étude récente d’un spécialiste espagnol des questions militaires et sécuritaires, Javier Innapes Bouejos, rendue publique ces derniers jours.
L’étude est arrivée donc à la conclusion que le pouvoir de Aziz est très menacé à cause du changement de stratégie de la nébuleuse terroriste qui entendrait désormais transformer le territoire mauritanien en objectif premier afin d’aboutir à des résultats rapides. Exactement la même approche que celle adoptée par le Polisario au début du conflit du Sahara et qui avait abouti à la chute du régime de Moktar, trois ans seulement après le début du conflit…

Cet expert espagnol, qui vient de réaliser ladite étude au profit d’un Institut d’Etudes Stratégiques espagnol, évoque les dangers du terrorisme islamiste pour le nouveau pouvoir de Nouakchott, légitimé par les urnes à l’occasion de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009. Et, sur la base des dernières manifestations du phénomène, sert un parallèle avec les problèmes sécuritaires de la fin de règne du président Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, avec la meurtrière attaque du poste militaire de Lemgheity « les opérations et attaques terroristes qui se sont déroulées en Mauritanie au cours des dernières semaines représentent un danger aux conséquences imprévisibles pour le pouvoir et le pays ».
Les conclusions de cette étude tombent au moment de la tenue à Nouakchott d’un colloque scientifique sur le thème « l’Islam et la problématique de la modération et de l’extrémisme dans l’interprétation et le comportement ». Un forum qui marque la volonté du gouvernement d’ajouter un volet pédagogique au traitement sécuritaire du phénomène extrémiste islamiste violent.
L’étude du spécialiste espagnol note « un changement » de la stratégie de la nébuleuse terroriste islamiste sous régionale et internationale, qui aurait de la sorte « totalement renoncé à faire du vaste territoire mauritanien un simple refuge, ou point de départ de ses attaques pour le transformer en théâtre d’opérations de sa guerre ».
Une révélation, qui fait froid au dos, d’autant plus qu’elle est assortie d’une comparaison avec la stratégie du front POLISARIO des années 1978, tenant à mettre à genoux notre pays, considéré comme le maillon faible dans la guerre du Sahara Occidental.
La suite de cet épisode ayant été le renversement du pouvoir du président Moktar Ould Daddah, suivi du retrait de la Mauritanie du territoire de l’ancienne colonie espagnole.
Dans le cadre de la même démarche, l’étude de l’expert en sécurité Bouejos remarque une « accalmie » des actions terroristes islamistes sur le « front » algérien, un pays voisin, qui a enregistré son mois de Ramadan le plus « tranquille » depuis plusieurs années et qui depuis cinq mois n’a pas enregistré d’opérations terroristes sur son sol.
Le mouvement terroriste nourrirait ainsi la ferme intention d’intensifier ses attaques sur le territoire mauritanien dans un proche avenir « dans le cadre du terrorisme djihadiste international ».

Une stratégie à objectifs multiples

La nouvelle stratégie du tout terrorisme dont l’étude annonce l’adoption et la mise en œuvre « imminente » répond à plusieurs objectifs à la fois.
Le premier consiste à combattre le régime pro occidental du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Un général, qui a renversé le pouvoir de Sidi Mohamed Ould cheikh Abdallahi, présenté comme étant un homme jeune et fort dans l’optique de la lutte contre le terrorisme et comme un « agent » des occidentaux, ennemis jurés de la nébuleuse terroriste internationale.
Le danger de la nouvelle offensive terroriste est accentué par la situation sociale « difficile » du pays, qui offre un terrain « favorable » avec « l’échec » des politiques gouvernementales qui n’ont pu mettre fin à l’exode des populations rurales vers les grands centres urbains, sources de pauvreté et de chômage.
L’étude évoque également les difficultés du système éducatif, comme un terreau fertile pour les déviations terroristes.
S’y ajoute l’attitude globale de la société mauritanienne dont la mentalité collective ne perçoit la réalité du danger que représente le phénomène terroriste. Pire, certaines figures de la nébuleuse islamiste violente, Ben Laden, Zaouahery, … sont souvent considérées comme des héros par une frange de la population.
L’étude parle également de la nature vaste et poreuse du territoire national, avec des zones parfois montagneuses et difficilement contrôlables, le manque d’équipements de l’armée, les derniers mouvements au sein de la grande muette, ‘‘mettant à l’écart les officiers baathistes’’, après les rapts des ressortissants espagnols et italiens, sources de possibles divisions..
Autant de points faibles que tentera d’exploiter la nébuleuse terroriste dans sa nouvelle offensive contre la Mauritanie
Pour faire face efficacement à cette situation de tous les dangers, l’étude préconise un renforcement de la coopération économique à la fois de l’Espagne et de l’Union Européenne (UE) avec la Mauritanie pour mettre fin à la misère, terreau fertile pour toutes les dérives.
Beaucoup d’interrogations demeurent toutefois posées : pourquoi une telle étude dans un contexte mauritanien trouble ? Que cherche-t-on derrière cela ? Est-ce que les doutes que peuvent provoquer, au sein des partenaires européens, les conclusions de cette étude ne risquent-ils pas de mettre un terme à la lune de miel entre les européens, particulièrement les français et les espagnols, et leur chouchou, le président Aziz ?


Cheikh Sidya

Source:
Biladi

Dimanche 10 Janvier 2010
Boolumbal Boolumbal
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