Sow Mohamed Deïna, ancien maire de Rosso

« Je considère Aziz comme mon président et je le soutiens »



Sow Mohamed Deïna, ancien maire de Rosso
On l’aura vite constaté, le 9 juin dernier à l’accueil du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, à Rosso, la mobilisation des habitants de la ville était faible.

Les observateurs de la scène politique locale évoquent un malaise politique profond né de l’implantation de l’Union Pour la République (UPR) dans la région et particulièrement à Rosso. En effet, après une lutte sans merci entre deux clans rivaux, les résultats de l’implantation donnent gagnants la tendance du sénateur de Rosso, Mohamed El Hacen Ould El Hadj dit Mohcen et Bä Madine directeur général de l’ANAIR. Ils contrôlent toutes les structures de base du parti dans la région du Trarza. La tendance adverse dirigée par l’ancien maire de Rosso, M. Sow Mohamed Deïna et Fassa Yérim l’actuel locataire de la mairie, n’en continue pas moins à crier à la fraude et à la mascarade. Quoi que battu, l’ancien maire de Rosso ne s’avoue pas encore vaincu dans ce combat de génération qui l’oppose aux jeunes loups politiques du département.

Sow Mohamed Deïna est un baron politique de Rosso. Maire de la commune de Rosso durant 21 ans, il a été aussi député pendant quatre ans et ministre sous l’ère Taya pendant 3 ans. Après le coup d’Etat de 2005 contre Ould Taya, l’ancien baron politique du PRDS, change son fusil d’épaule. Il soutient la transition du CMJD du colonel Ely Ould Mohamed Vall qui compte dans le gouvernement dirigé par Sidi Mohamed Ould Boubacar, Mognana Mint Sow Mohamed Deyna, sa fille, qui y occupe la poste Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre chargée des Nouvelles Technologies et de la Modernisation de l’administration. Au cours de cette transition, les militaires préparent la candidature de Sidi Ould Cheikh Abdellahi pour les élections présidentielles de mars 2007. Aussi, il n’hésite pas à soutenir celle de Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Celui-ci remporte la victoire.

Le 6 août 2008, le jockey des militaires est renversé par un des auteurs du putsch de 2005, Mohamed Ould Abdel Aziz. Avec son ami Boidjel Ould Houmeid qui était ministre secrétaire général de la présidence de la république, Sow Mohamed Deina se retrouve dans le camp anti-putsch. Contrairement à Boïdiel, il n’est pas un militant anti putsch actif. La longue crise politique qui s en est suivie s’est soldée par les accords de Dakar. A la presidentielle du 18 juillet, Sow Mohamed Deïna soutient Ely Ould Mohamed Vall qui s était porté candidat.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts jusqu’au moment où Sow Mohamed Deïna est reçu par le locataire du palais présidentiel. Le contentieux a-t-il été vidé entre les deux hommes ? Mystère, l’ancien maire n’en a pas pipé mot ! Cependant, après cette rencontre, Sow Mohamed Deïna a pris la décision d’intégrer l’UPR comme sa fille d’ailleurs, Mme Mognana.

A travers cet entretien avec le Quotidien de Nouakchott, il parle de l’accueil du président de la République dans sa ville ainsi que des problèmes politiques au sein de l’UPR.

Quotidien de Nouakchott : Vous étiez à l’accueil du président de la République alors que beaucoup ne vous y attendez pas. Qu’avez-vous à en dire ?

Sow Mohamed Deïna : Vous savez, je fais partie des citoyens de la ville de Rosso et le président de la République est le président de tous les mauritaniens. Il est venu en visite à Rosso, même s’il venait pour un problème bien spécifique qui est l’agriculture, je me devais d’être présent à l’accueil. Malheureusement je n’ai pas pu le saluer. Il a tout juste salué une partie des gens. Mais quand même j’étais très heureux d’être à l’accueil et lui souhaiter la bienvenue à Rosso.

Est-ce que cette présence à l’accueil confirme que vous êtes toujours à l’UPR contrairement à ce qui se dit çà et là ?

Je n’ai jamais pris une décision autre que celle que j’ai prise il y a quelques temps à savoir, le choix de rentrer dans l’UPR. J’ai ma carte de militant de l’UPR. J’avoue que cela s’est passé dans des conditions un peu spéciales bien sûr, mais mon souhait allait au-delà, car je voulais que tous les militants qui m’ont toujours soutenu prennent aussi leurs cartes. Malheureusement ils n’ont pas pu couper leur carte de militant du parti. Or un parti ce sont les militants qui lui donnent la force. L’implantation s’est déroulée dans des conditions un peu particulières et j’ai dit ce que je pensais de la situation à ce moment là. Il n’empêche que personnellement, et je l’ai dit, je milite dans l’UPR. Le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz étant le président de tous les mauritaniens, je le considère comme mon président et je le soutiens.

Comment expliquez-vous alors que les habitants de la ville ne soient pas sortis en masse pour accueillir le chef de l’Etat ?

Çà peut provenir de beaucoup de choses parce que les militants ne se déplacent que lorsqu’ils sont motivés. En politique il y a des responsables, il y a des dirigeants, et le peuple suit ses militants. Si les militants ne mobilisent pas les populations pour venir à un accueil, le résultat ne peut-être que celui constaté sur le terrain par tout le monde. Malheureusement c’est ainsi, et c’est ce que nous avons constaté. Je suis venu la veille dans l’après-midi et j’ai assisté comme tous les citoyens à l’accueil, mais comme le parti UPR à Rosso a des responsables, a une équipe qui le dirige, c’est cette équipe qui aurait dû mobiliser les populations afin qu’elles viennent à l’accueil du chef de l’Etat parce qu’il n’était pas n’importe quel visiteur.

Comprend-on dans vos propos qu’il y a un malaise politique à Rosso qui mine les rangs de l’UPR ?


Je sais tout simplement que pour ce qui me concerne, je l’ai dit tout à l’heure, ce que j’ai eu à faire en son temps. J’aurais pu amener les populations à s’inscrire, à militer, à être membre de ce parti. Mais on n’a pas voulu les laisser s’inscrire et d’être membre de ce parti. Donc on ne peut pas reprocher aux populations de ne pas être venues. Soyons raisonnable parce que s’ils avaient leurs cartes de militant et membre de ce parti, il est certain que leur mobilisation se ferait à n’importe quelle occasion.

Vous semblez dire que l’absence de mobilisation des habitants de Rosso pour accueillir le chef de l’Etat est due au fait qu’ils ont été empêchés de s’inscrire pour être membre du parti. Pourtant d’aucuns disent que l’opposition a un pied solide dans la ville de Rosso plus qu’ailleurs dans le département. Qu’en dites-vous ?

Non, je ne peux pas vous le dire puisque j’en sais quelque chose. Personnellement tous ceux qui me suivent voulaient prendre leur carte du parti mais quand on le leur a refusé, ils se sont sentis découragés. C’est certainement pour cette raison qu’ils n’ont pas voulu se déplacer. S’ils avaient pris leur carte du parti, certainement ils seraient venus à l’accueil.

Nous populations de Rosso et au-delà, la population de toute la Mauritanie, nous devons nous donner la main pour travailler ensemble pour nous entraider et faire tout ce que nous aurons à faire dans l’intérêt général, l’intérêt national. Nous devons éviter le particularisme, le clanisme, éviter tout ce qui peut diviser. Si nous le faisons, nous pouvons réussir parce que notre pays a besoin de nous tous et c’est un pays à qui Dieu a donné beaucoup de potentialités. Mais si ces potentialités ne sont pas gérées dans les conditions normales avec la participation et l’aide de l’ensemble des citoyens qui peuvent œuvrer dans ce sens, il y aura toujours quelque chose qui ne va pas marcher.



Propos recueillis par Moussa Diop

Mardi 15 Juin 2010
Boolumbal Boolumbal
Lu 1079 fois



Recherche


Inscription à la newsletter