Samory Ould Béye, SG de la CLTM : «Marchander avec l’Espagne, l’Italie pour emprisonner les immigrés, est honteux et inacceptable »



Samory Ould Béye, SG de la CLTM : «Marchander avec l’Espagne, l’Italie pour emprisonner les immigrés, est honteux et inacceptable »
Dans un entretien exclusif accordé au QDN, le Secrétaire Général de la Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie (CLTM), Samory Ould Béye est revenu sur la lutte menée par le régime actuel contre la gabegie, le FNDD, mais surtout la journée mondiale du travailleur migrant.

Quotidien de Nouakchott : Quelles significations donnez-vous à la Journée Mondiale du travailleur migrant?

Samory Ould Beye : Les travailleurs migrants bien qu’acteurs essentiels dans le développement des pays d’accueil et d’origine continuent de souffrir de beaucoup de discriminations.
En quête perpétuelle d’un travail décent ils se trouvent confrontés à un calvaire permanent. Leurs droits fondamentaux sont largement bafoués, c’est ainsi que leurs conditions de vie sont précaires ; ils n’ont pas droit à la protection sociale ; leurs moyens de survie sont assez limitées ; ils n’ont pas le droit de circuler librement et pire ils souffrent d’une exploitation abusive qui les confinent à des taches occultes, à des travaux difficiles ne respectant en aucun cas l’intégrité morale et le respect des droits de l’homme.
Le fait de marchander avec l’Espagne, l’Italie pour créer une prison pour les immigrés, est honteux et inacceptable, car il faut respecter l’être humain, il faut également le mettre dans des conditions acceptables. On ne peut pas accepter de créer des prisons où des gens meurent de maladies, de faim, de mauvais traitements contre l’argent qu’on reçoit des autres pays, alors qu’eux, quand ils ont besoin de compétences pour leur développement, leur économie, ils acceptent de recevoir les immigrés, mais quand ils en ont assez, ils les renvoient dans des conditions inhumaines sans que nos Etats ne réagissent.
Les droits fondamentaux, l’homme doit en réjouir, partout. Certes, certains de ces migrants créent des situations parfois gênantes et pleines de conséquences néfastes pour les pays d’accueil, mais cela ne pourrait jamais justifier de telles pratiques. Nos états, les organismes internationaux concernés, les partenaires sociaux doivent réfléchir ensemble et conjuguer les efforts afin de mettre fin au calvaire dont sont victimes quotidiennement plusieurs milliers de personne dans le monde.

QDN : Le rôle de la CLTM pour lutter contre cette forme de discrimination?


Samory Ould Beye :Aujourd’hui nous sommes l’Organisation au niveau nationale qui va signer le 18 courant avec le Mali et le Sénégal, un observatoire de migration, la première convention parrainé par l’OIT pour la première fois dans le monde,.
La Mauritanie a aussi ses enfants qui vivent à l’extérieur, dans les pays du Golfe, en Europe et partout dans l’Afrique Il faut se soucier des conditions dans lesquelles ils vivent dans leur pays d’accueil. Il faut également œuvrer pour créer des conditions beaucoup plus propices qui encouragent leurs retour.
Devant ce tableau sombre et à l’occasion du 18 décembre, journée mondiale du travailleur, la Confédération Libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM) se solidarise avec tous les travailleurs migrants dans le monde.
Et elle lance un appel pressant à la reconsidération des droits majeurs de cette frange trop vulnérable.

QDN: Que pense-vous de la situation politique actuelle du pays ?


Samory Ould Beye : La situation politique actuelle du pays est inquiétante puisque ça pousse vers l’instabilité. Et quant il y a instabilité, en réalité, il y a tous les problèmes. Puisque aujourd’hui nous pensons que la situation économique sociale du pays est liée à cette instabilité. Nous ne pensons pas qu’un pays puisse se construire avec cette situation ou chaque jour, il y a des interpellations, des abus. Nous pensons qu’il y a des exagérations et elles ne contribuent pas à la résolution des problèmes économiques et sociaux du pays.
On ne peut pas construire le pays, sans que tous les acteurs ne se retrouvent, sans une vision d’ensemble pour évoluer vers le développement intégré.

QDN : Que dire de la lutte contre la gabegie menée par le Chef de l’Etat. ?

Samory Ould Beye :
Je pense que c’est une chose importante, nécessaire à mener, mais il faut que cela soit loin du règlement du compte, il faut que cette lutte se fasse dans la transparence et qu’elle soit basée sur des règles claires, une vision réelle, une politique de rationalisation des ressources de l’Etat avec également une répartition de ces richesses à toutes les catégories de la population de manière équitable et juste.

QDN : Pensez-vous que la formation d’une Coordination des partis de l’opposition soit nécessaire actuellement ?

Samory Ould Beye : Personnellement ça ne m’inspire pas confiance dans la mesure où il y a absence de vision. Car avoir un pied de l’autre coté et brouiller les cartes et faire du mouchardage, ça n’inspire plus confiance.

QDN : On peut dire alors que le FNDD est mort, enterré ?

Samory Ould Beye : Le FNDD est mort, mais son corps est encore là. Il existait, mais depuis les dernières élections, la situation est devenue plus confuse.

QDN : Pensez-vous que Messaoud Ould Belkheir a eu le soutien nécessaire de ses amis, lors des élections présidentielles du 18 juillet 2009 ?

Samory Ould Beye: Messaoud n’a pas eu le soutien nécessaire, car il pouvait avoir un score beaucoup plus favorable.


Reconnaissez-vous le nouveau régime ?

Samory Ould Beye: Les élections n’étaient pas libres et transparentes. On ne le reconnaît pas mais on reconnaît seulement les institutions.

Propos recueillis par Dialtabé

Source: Le quotidien Nouakchott

Jeudi 17 Décembre 2009
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