Réfugiés mauritaniens du Sénégal Est-ce la fin de l'Histoire ?



Réfugiés mauritaniens du Sénégal Est-ce la fin de l'Histoire ?
Demain, 31 décembre, la Mauritanie espère tourner, définitivement, une page douloureuse de son histoire. Les opérations de rapatriement engagées janvier dernier, depuis le Sénégal vers la Mauritanie de citoyens chassés de leur pays au cours des événements de 89-91 devrait prendre fin.
Depuis le 29 janvier 2009, date du premier mouvement de rapatriement, 15.147 réfugiés mauritaniens du Sénégal, soit 3.634 familles, sont rentrés en Mauritanie dans les régions du Trarza, du Brakna, du Gorgol, du Guidimakha et de l'Assaba.

Cette opération de rapatriement suit un appel lancé par les autorités mauritaniennes en 2007 pour le retour des citoyens mauritaniens, deux décennies après qu'ils aient fui pour échapper à des affrontements fratricides ayant failli déboucher sur une guerre ouverte entre la Mauritanie et le Sénégal.

Selon le HCR, qui a servi d'interface dans l'accord de rapatriement entre les gouvernements mauritanien et sénégalais, un important soutien reste nécessaire après le retour pour que les rapatriés puissent reconstruire leur vie. A cette fin, les autorités mauritaniennes, par l'intermédiaire de l'Agence nationale d'appui à la réintégration des réfugiés (ANAIR) ainsi que le HCR et ses partenaires ont mis en place un long processus de réintégration : allocation de terres cultivables ; cours de rattrapage en arabe et en français ; visites médicales ponctuelles sur les sites de retour ; approvisionnement de certains sites en eau dans l'attente de solutions durables ; distribution d'intrants agricoles ; mise en place de coopératives ; mise en place de projets Vivres contre travail... Mais plusieurs Organisations non gouvernementales et des réfugiés eux-mêmes dénoncent des insuffisances notoires quant aux allocations destinées aux opérations de rapatriement et à l'insertion. Ce qui a été entrepris, jusqu'à présent, ne relèverait, selon de nombreux observateurs, que du " minimum vital.

De nombreux défis restent à relever pour que ces populations puissent avoir la même vie que tout citoyen mauritanien, notamment dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'eau, de la sécurité alimentaire, de l'agriculture et de l'élevage.

Dans le but de favoriser la durabilité de ce retour et de permettre aux populations de subvenir à leurs besoins, le HCR et ses partenaires ainsi que les agences du système des Nations Unies promettent de continuer à mettre en œuvre des activités génératrices de revenus et à assurer le suivi de la situation de protection des rapatriés sur les différents sites en 2010. Les regards se tournent maintenant vers le Mali où environ 12.000 réfugiés mauritaniens ont été recensés récemment. Parmi eux, environ seuls 8.000 pourraient souhaiter rentrer, cependant les modalités de leur rapatriement n'ont pas encore été convenues entre les Gouvernements mauritanien et malien. Le HCR estime que le rapatriement assisté du dernier groupe de réfugiés pourrait commencer en 2010.


Pourtant, les voix ne se taisent pas…

Tout le long des opérations de " retour au pays natal " des voix n'ont cessé de dénoncer les insuffisances du système mis en place par les gouvernements mauritanien et sénégalais, avec l'assistance du HCR, pour garantir le retour dans la dignité des réfugiés. Il s'agit, très souvent de forum et d'associations créés dans le contexte qui prévalait pour revendiquer le retour au terroir mais surtout exiger des réparations du tort subi par ces populations. Portes paroles reconnus ou non, ces organisations et associations dénoncent, le plus souvent, les " frustrations des populations rapatriées " liées aux mauvaises conditions, notamment d'habitat, de ravitaillement en eau, de santé et de scolarité des enfants.

Ces constats ont été faits par le forum des organisations humanitaires à quelques jours de la clôture (le 31 décembre) du processus de rapatriement des réfugiés.

Le secrétaire exécutif du FONADH a souligné dans une récente déclaration que la société civile a noté le manque de volonté politique perçu chez les autorités mauritaniennes, notamment en ce qui concerne le recouvrement des terres cultivables. Mais pour les responsables de l'ANAIR, les critiques avancées par ces ONG sont des allégations sans fondement. C'est à peine si elles ne constituent pas une sorte de continuation de l'exploitation du fonds de commerce que constituait la question des réfugiés avant la reconnaissance du principe du retour et le démarrage des opérations de rapatriement dans des conditions jugées satisfaisantes par la communauté internationale.


Acte isolé

Ce genre de fausse note est loin d'être isolé. Le 10 décembre dernier, la Coordination des Associations et Collectifs des Réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali faisait cas de la visite d'une mission du Congrès et du département d'Etat américain aux Réfugiés mauritaniens de la Vallée et annonçait clairement la nouvelle couleur de la polémique qui s'annonce : Cette visite de terrain a permis à ladite mission de " s'enquérir de la situation socio-économique difficile des réfugiés mauritaniens du Sénégal, telle qu'exprimée par les représentants des chefs de site présents à cette occasion. Ces derniers ont clairement exprimé leur volonté de ne pas procéder à leur rapatriement, pour le moment, dans le cadre des opérations en cours. Ils estiment que les conditions de rapatriement dans leurs pays, en raison des manquements observés à cet égard ne les incitent pas dans ce sens ".

Aussi, ont-ils décidé de rester au Sénégal en tant que mauritaniens, en attendant que les conditions de leur rapatriement dans leur pays soient plus satisfaisantes et plus rassurantes. C'est dans ce contexte, que la mission américaine leur aurait annoncé, qu'il est envisagé " d'insérer les réfugiés mauritaniens de la Vallée qui désirent séjourner au Sénégal dans le cadre des projets et programmes (agro-pastoraux et de construction de routes…) du Millenium Challenge Account (MCA) " octroyé, par le Congrès américain, au gouvernement du Sénégal. D'aucuns ont fait part à la mission américaine, aussi, de leur souhait de voir octroyer aux réfugiés mauritaniens une possibilité de réinstallation aux Etats-Unis d'Amérique, ce qui bien entendu reste à l'appréciation de Washington.

Et l'on serait tenté de croire que, malgré le retour de près de 20.000 Mauritaniens dans leur pays, la question des réfugiés pourrait bien être déplacée sur un autre terrain, celui du recouvrement des droits afférents au règlement du passif humanitaire, telles que la réappropriation des terres, la réintégration des anciens fonctionnaires et agents de l'Etat et une juste " réparation " pour les parents et proches des victimes des exactions des années de braise. Alors si l'histoire devait se poursuivre, qui en écrira la suite ?


Source: l'authentiue

Jeudi 31 Décembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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