Recensement des fonctionnaires et agents de l’Etat : Brouillard total !



Recensement des fonctionnaires et agents de l’Etat : Brouillard total !
L’administration mauritanienne est malade. C’est un fait. Victime de sa politisation et son corolaire, le népotisme, elle constitue un véritable frein au développement. Après le démarrage des opérations de recensement des fonctionnaires et des agents de l’Etat, le constat est amer. L’héritage laissé par les anciens régimes constitue une véritable bombe à retardement. L’iniquité, l’injustice sont les maitres-mots d’un recrutement abusif sans aucune préoccupation de l’intérêt général.

Rien n’y a fait. Ni les départs volontaires, encore moins les compressions. L’Administration mauritanienne n’a pas cessé de grossir ses rangs. L’anarchie de l’embauche n’a tenu compte d’aucun critère de sélection. Ceux qui étaient aux commandes ont instinctivement embauché les leurs…Sans autre forme de concours. Et cela se révèle aujourd’hui un énorme obstacle dans la recherche de l’efficacité du service public. La question est aujourd’hui de savoir à quoi devrait servir cet énième recensement.

Un personnel pléthorique et sans rendement
Ce n’est un secret pour personne. La majorité des fonctionnaires et autres agents contractuels de l’Etat ne lui rendent –littéralement- aucun service. Ils sont des milliers à travers toutes les administrations et continuent d’émarger au budget public. Ils arguent souvent de leur non affectation. Mais ce n’est certainement pas la seule raison…D’ailleurs, le recensement a révélé combien d’anciens ministres continuaient de percevoir des émoluments au nom de cette ancienne fonction. Ils étaient même pris en charge sur le budget de l’Etat pour leur hébergement, puisque chacun a certainement pu se construire un toit, le temps de sa fonction, L’Etat poussait le luxe jusqu’à prendre en charge les factures eau et électricité…Mais à la base de la pyramide des fonctionnaires et agents contractuels de l’Etat, la situation est encore plus préoccupante. De milliers d’individus dont les responsables administratifs directs ne connaissent même pas les visages après plusieurs mois voire plusieurs années d’affectation sous leur commandement se sont faits recensés ces derniers jours. Seule, une poignée d’hommes et de femmes sont pourtant là à faire le travail de ces milliers d’autres employés. Cette situation créé une atmosphère d’iniquité et d’injustice désobligeante pour les premiers responsables. A moins que, dans certains cas, ces derniers ne soient les protecteurs des usurpateurs. La situation délétère est aggravée par les lobbyings tissés au sein de toutes les administrations. Le plus souvent, ces relations tiennent aux chaines tribales dont l’un des «fils » a géré un temps cette administration. Alors, on se serre les coudes pour faire barrage aux autres «intrus ».
En décidant, après un premier recensement effectué en 2008, de voir encore plus clair dans cette population à sa charge, l’Etat devrait prendre la mesure de ses responsabilités car sans un assainissement au sein de sa ressource humaine, aucune projection de développement ne pourrait être crédible. Il y va de l’intérêt de tous. Certains évoquent aujourd’hui l’impact social d’un éventuel assainissement qui devrait aboutir à congédier le personnel inutile et couteux pour l’Etat. Il est bien vrai qu’un impact social est prévisible quand l’Etat –et on ne voit pas comment il n’y procèderait pas- sera obligé de se défaire de centaines de personnes. Mais ce sera encore pire, si au bout du compte, il n’aura fait que l’inventaire de ce personnel dont le coût gruge profondément le budget national. Va-t-il assister impuissant une implosion programmée de la fonction publique ?
Le système montre bien que même les personnes devant partir à la retraite invoquent le même impact pour se maintenir quelques années encore au détriment de la collectivité.
Plus urgent encore, le changement de mentalité. Aujourd’hui encore et en dépit de la volonté politique d’assainissement généralisé, et la peur d’être pris la main dans le sac, l’on constate que l’état d’esprit au sein de l’Administration n’a pas véritablement évolué. Malgré le slogan, la réalité dans la pratique administrative reste vivace. Le sentiment partagé est que l’intérêt général ne peut primer encore l’intérêt particulier. A cette réalité, il faut ajouter des nominations et des reclassements sur la base de diplômes dont l’authenticité laisse à désirer…
Alors que feront les autorités pour juguler la masse démographique d’un personnel souvent oisif et sans rendement possible ?
JD

Encadré
Recensement : L’Esprit de la lettre

Ce dénombrement concernera tous les personnels civils payés sur le budget de l'Etat, qu'il s'agisse de personnels permanents (fonctionnaires, auxiliaires ou contractuels nationaux ou étrangers) qu'elle que soit par ailleurs leur position (activité, détachement, disponibilité, etc.), ou qu'il s'agisse de personnels dits " non permanents " ou agents contractuels locaux payés par le service central de la solde sur la base de certificat
de service fait, de crédit délégué ou notifié.

Tiré de la lettre Al Asrana


Source: Quotidien

Lundi 25 Janvier 2010
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