Réaction du DEKALEM: LANGUES ET GUERRE DES LANGUES



Réaction du DEKALEM: LANGUES ET GUERRE DES LANGUES
A l’occasion de la célébration de la journée arabe en Mauritanie le 1er Mars 2010, le 1er Ministre Docteur Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a dit : « Notre souveraineté et notre identité seraient incomplètes si la langue arabe n’occupe pas la place qui lui revient et devienne une langue d’échanges et un vecteur de science comme elle l’a toujours été à travers les âges ».

En parlant de souveraineté et d’identité, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ne s’adresse pas à la Nation plurielle de Mauritanie, mais à une race et à une langue de ce pays. Pour lui, les autres langues nationales ne constituent pas un élément de souveraineté et d’identité nationale. Il parle en tant que 1er Ministre d’une composante ethnique : les Maures.



Et la Ministre de la Culture Mme Cissé Mint Cheikh Ould Boïda d’ajouter : « Le plus grand défit auquel fait face la langue arabe est la propagation des langues locales et dialectes qui lui suppléent et celle de la langue de travail ».

Madame la Ministre est contre la volonté d’Allah qui a créé la différence dont les langues et la couleur de la peau. Elle veut gommer les différences que Dieu a fait sacrées. Seul Allah est UN. La Mauritanie Islamique ne veut pas de différences ! Ensuite, le Pulaar, le Soninké et le Ouolof ne sont pas des dialectes mais des LANGUES.

Le parti DEKAALEM/RDNM rappelle que la Langue est l’élément fondamental qui différencie l’homme de l’animal. Elle est un instrument de communication, d’identification et de transmission de connaissances. Elle est une clé sociale.

Dans plusieurs pays, comme en Mauritanie Islamique, elle a été utilisée comme un moyen de domination raciale, religieuse et d’assimilation culturelle. La résistance contre l’oppression culturelle, la périphérisation des minorités nationales ont engendré des luttes épiques. La formation des états nations de l’Europe de l’Est, de l’Ouest, en Amérique et d’ailleurs a provoqué souvent des affrontements sanglants. Tuer une langue qui exprime le génie de son peuple, c’est priver son peuple de son âme. C’est un crime contre l’humanité.

La Mauritanie, située à la lisière du monde Arabe et de l’Afrique Noire, est un Etat biracial et pluri ethniques où ses différentes nationalités ont, depuis plusieurs siècles, créé des relations tantôt pacifiques, tantôt conflictuelles dans des célèbres Empires tels que le Ghana, le Tekrour, le Mali, etc.

Cette cohabitation a permis un malaxage culturel et biologique. Le Pulaar, le Hassanya, le Soninké et le Ouolof ont été et le sont encore des instruments de communication inter ethniques. Au départ, la langue Arabe n’était maîtrisée que par une minorité d’intellectuels motivés par la diffusion de la religion islamique.

Nos populations ont préservé leur unité dans cet espace autrefois appelé Gangari par le dialogue, la tolérance, la solidarité et le respect de la différence. Nous devions profiter de ces acquis légués par nos ancêtres pour créer une symbiose et non une phagocytose culturelle.

Mais, en Mauritanie, nous n’avons pas seulement que l’arabe. D’autres langues, le Pulaar, l’Ouolof, le Soninké, l’Hassanya font aussi partie de notre paysage culturel. Il fallait toutes les prendre en charge et les introduire dans le système éducatif.

Il faut permettre à chaque mauritanien de s’éduquer d’abord dans sa langue maternelle, s’ouvrir à la langue de son voisin, et de connaître aussi les langues étrangères de son choix afin de mieux s’affirmer dans l’agir de l’étant et participer lucidement et efficacement à la construction d’une civilisation universelle.

Le bilan que nous faisons de l’éducation en Mauritanie de l’indépendance à nos jours est un retentissant échec. Il est tant d’ouvrir les yeux pour réformer le système éducatif et redonner à nos langues la place qu’elles méritent. Il n’y a que la volonté politique de l’Etat mauritanien qui manque pour cause de chauvinisme et d’exclusion avec comme slogan que tout musulman est arabe.

Le travail de l’Institut des Langues Nationales Mauritanien a été positif bien que supprimé, nous disposons d’une partie essentielle de ce qu’il a produit. Nous pouvons actuellement profiter des progrès inouïs de la technique et de la science pour introduire nos langues dans le système éducatif afin d’éviter l’explosion d’une guerre des langues. Les hommes politiques, nos intellectuels civils et militaires de la base au sommet de l’Etat doivent obligatoirement maîtriser nos langues nationales, rampes de développement.

Plusieurs pays dont l’Inde, le Mexique, ont officialisé plus de vingt langues nationales. La Tanzanie et le Rwanda ont officialisé leurs langues nationales et en ont fait des langues de travail et de gouvernement.

Nous devons nous rappeler que nous avions une langue nationale qui s’appelait le Lazzari, disparue faute d’être utilisée. Le Bambara n’est pas reconnu comme langue nationale alors qu’il est parlé à l’intérieur du pays. Le Hassanya est assimilé à l’Arabe. La Mauritanie est devenue un pays tueur de langues ! C’est le même sort qui menace les langues négroafricaine de Mauritanie d’aujourd’hui c'est-à-dire le Pulaar, le Soninké et le Ouolof.

En Algérie, à Tizi Ouzou, bien que musulmans, les Berbères de ce pays mènent des luttes acharnées pour l’enseignement et l’officialisation de leurs langues. Sa Majesté Hassan II a évité cette tension au Maroc en créant l’académie berbère. Aujourd’hui, l’enseignement du Berbère est obligatoire au Maroc. Une télévision est créée pour les berbères du Royaume ! L’UMA n’est pas seulement arabe, mais pluriethnique. Quelle richesse ! Quelle force !

Le Sénégal a créé l’académie des langues nationales confiée au Docteur Fari Sylla Ka Professeur en Linguistique à l’Université Cheikh Anta Diop. Au Soudan, depuis plusieurs années, les catholiques Anianias se battent pour la reconnaissance de leur identité culturelle. Les Tamoul du Ceylan, les Sikhs de l’Inde, les Bretons, les Occitans, les Corses de France, les Basques, les Catalans d’Espagne, les Kurdes de l’Iraq, mènent des luttes acharnées pour l’enseignement de leurs langues.

Le cas du Québec et de la Belgique, comme de l’Irlande du Nord sont bien connus. En Suisse, il n’y a que 3 langues régionales, le Français, l’Italien et l’Allemand. Elles sont toutes officielles. Le Français est dominant chez les français, l’Italien dans sa région et l’Allemand de même. La direction politique du pays est rotative. Chaque représentant d’une ethnie, français, italien ou allemand peut le diriger en un temps déterminé.



C’est cette grenade linguistique, qui n’a pas été maniée avec doigtée qui a fait exploser l’ancienne URSS. Le problème irlandais depuis l’époque de Karl Marx et d’Engels n’est pas résolu. Le problème Touareg au Mali et au Niger, les Diolas en Casamance, les Ibos au Nigéria et ailleurs, ont déstabilisé l’Afrique.

Nous invitons toutes les associations culturelles du pays ainsi que toutes les personnes sensibles à nos problèmes culturels à coopérer, à créer une synergie et de mettre à disposition toutes les informations dont elles disposent afin de faciliter l’introduction de nos langues nationales dans le système éducatif.

Comme nous invitons ces associations et personnes sensibles à rester nos sentinelles pour veiller contre vents et marrées à l’enseignement de nos langues, à l’instauration de l’égalité et de la justice et à l’avènement d’une Mauritanie réconciliée avec elle-même où chaque nationalité s’identifierait.

A la lumière de ce qui s’est passé, notre parti, DEKAALEM/RDNM demande :

-Des excuses publiques de Mr 1er Ministre Docteur Moulaye Ould Mohamed Laghdaf et la démission de son Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports Madame Cissé Mint Cheikh Ould Boïda dont le discours provocateur incite à la violence politique entre communautés et nuit à l’unité nationale.



-L’introduction de nos langues nationales Pulaar, Soninké et Ouolof dans le système éducatif est impérative pour assurer à la Mauritanie une paix civile et une stabilité.

-L’article six(6) de notre constitution est arbitraire. Il faut officialiser sans discrimination nos quatre (4) Langues nationales et leur donner le même temps d’antenne à la radio et à la télévision.



-La création d’un Ministère et une Académie des Langues Nationales, seront des instruments indispensables qui répondront aux vœux de notre pays et combleraient en matière d’éducation, les carences précitées.

-La convocation d’une conférence nationale, forum, … peu importe l’appellation qui se penchera sur la QUESTION NATIONALE, c'est-à-dire une solution à notre cohabitation, car mieux vaut prévenir que guérir.

-La redéfinition de la mission de la radio Mauritanie et la télévision de Mauritanie (Services d’état) qui ont servi et continuent de servir de relais à une propagande mensongère en direction de paisibles citoyens et de pays qui connaissent mal la Mauritanie. Ce sont des instruments de propagande d’une race et d’une langue et non de la Nation plurielle. Ils ont trahi leur noble mission en contribuant largement à animer la haine et le rejet entre les citoyens. Le partage du temps d’antenne doit être équitable.

L’homme ne vit pas seulement que de pain, mais aussi de culture.


Avec Allah nous vaincrons ! La lutte continue !



Nouakchott, le 27 Mars 2010


DEKAALEM/RDNM

LE BUREAU POLITIQUE NATIONAL




Jeudi 1 Avril 2010
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