Pouvoir / opposition : A qui profite le « jeu du dos à dos » ?



Pouvoir / opposition : A qui profite le « jeu du dos à dos » ?
Abdel Aziz daddah.jpgInviter l’opposition au dialogue juste à la veille de la rencontre de Bruxelles a été perçu comme une volonté, même timide, du pouvoir de donner à l’opinion internationale l’image d’un pays déjà qualifié et digne de confiance aux yeux des bailleurs et autres partenaires au développement. On sait en vérité que parmi les exigences de ces investisseurs, la stabilité. Celle-ci se reconnait au climat politique qui règne dans un pays. Voir les acteurs politiques avoir les mêmes préoccupations économiques est un signe encourageant. C’était le cas en 2007, lorsqu’à la faveur du coup d’Etat de 2005, l’opposition radicale avait salué les projets des militaires puis accepté le verdict des urnes qui ont porté Sidi Ould Cheikh Abdellahi au pouvoir. Du coup, Zeine Ould Zeindane alors Premier ministre d’un gouvernement reconnu comme issu des choix libre de la population, n’avait eu aucune difficulté de réussir sa sortie devant le Club de Paris.
Cette fois-ci, le défi que doivent lever le Président Mohamed Ould Abdel Aziz et Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, Premier ministre depuis le coup d’Etat d’aout 2008, c’est bien de parvenir à convaincre que le climat politique en Mauritanie est serein que l’opposition est en bons termes avec le pouvoir, que les problèmes que celle-ci aurait pu utiliser comme Chaval de bataille ont été repris en charge par le pouvoir : lutte contre la pauvreté, infrastructures routières, lutte contre la gabegie, justice, etc.

Mais est-ce suffisant pour autant ?

Quand Mohamed Ould Abdel Aziz reçoit Yahya Ould Ahmed Waghf, ancien Premier ministre de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, toutes les antennes étaient orientées vers cet homme. Qu’allait-il déclarer ? N’est-ce pas la seconde fois que le président d’Adil est reçu par le chef de l’Etat ? N’a-t-il pas été prisonnier sous les chefs d’accusations de gabegie ?
Qu’à cela ne tienne. C’est à Ould Waghf qu’incombera la mission : disposition au dialogue. De quoi animer la scène. Car Yahya Ould Ahmed Waghf a très vite rendu compte à ses collègues de la COD. Réaction : l’appel au dialogue doit être public. Pas en catimini ont semblé répondre les grosses pointures de cette opposition. On peut alors imaginer les conflits des sensibilités. Ahmed Ould Daddah en sa qualité de chef de file de l’opposition « s’est toujours plaint » de n’avoir pas été reçu par le Président de la République. Alors, que ce soit à Ould Waghf qu’est exprimée une volonté d’ouverture, quoi de plus frustrant ! Le parti Adil n’est pas suffisamment opposant aux yeux de certains leaders. Ce que ce parti reprocherait au chef de file de l’opposition c’est d’avoir tardé à comprendre que le coup d’Etat d’aout 2008 n’était pas un mouvement de rectification mais un moyen de régler des comptes. Reste à savoir ce que l’opposition sera capable de faire de cette question du dialogue qui risque de la diviser. Entre les radicaux qui ne croient pas aux chances d’Ould Abdel Aziz et les modérés qui souhaiteraient un rapprochement avec le pouvoir, l’avenir de l’opposition est dans une balance assez chancelante. Et conjuguer le verbe ‘dialoguer’ à la démocratie simple reste un véritable attrape-nigaud. Aux plus rusés de s’en sortir.

Amadou Diaara

Mardi 15 Juin 2010
Boolumbal Boolumbal
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