Pouvoir/Opposition : Quels rapports après la présidentielle ?



Pouvoir/Opposition : Quels rapports après la présidentielle ?
La configuration des futurs rapports pouvoir-opposition est au centre de toutes les préoccupations après le scrutin présidentiel du 18 juillet dernier. Un vote qui consacre la victoire de Mohamed Ould Abdel Aziz, leader de l’Union Pour la République (UPR). Un « triomphe » fortement contesté par le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et le candidat indépendant et ancien chef de l’état, Ely Ould Mohamed Vall. Tout le monde s’interroge désormais sur la nature des relations entre le futur président de la République et ses anciens adversaires.

Est-il possible qu’ils s’entendent sur quelque chose, le minimum, ou vont-ils plutôt continuer à s’ignorer et à se quereller ?

Ahmed Ould Daddah et ses amis du RFD se sont rapidement prononcés par rapport aux perspectives post électorales, alors que la position de Messaoud Ould Boulkheir et ses amis était attendue avec impatience à l’issue d’une première rencontre tenue le lundi 27 juillet dans la localité de Teverit (25 kilomètres de Nouakchott), dans la maison secondaire du président de l’Assemblée nationale.
Un premier conclave auquel ont pris part tous les segments du front anti-putsch et de nombreuses personnalités. Occasion qui a permis à tous de prendre la parole pour dégager une stratégie commune devant déterminer les rapports entre le FNDD et le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, nouveau président de la République.
Au cours de cette réunion, les différents intervenants ont presque tous « tiré » dans le même sens pour arriver à un large consensus sur la nature « biaisé et frauduleuse » de l’élection présidentielle du samedi 18 juillet 2009.
Un constat sur la base duquel responsables, militants et sympathisants du FNDD rejettent le principe d’une reconnaissance formelle du nouveau pouvoir. Une position dont la conséquence politique a été également dégagée, sous la forme d’une alliance stratégique consolidée avec le RFD d’Ahmed Ould Daddah et l’ancien chef de l’état, Ely Ould Mohamed Vall, pour s’opposer au nouveau régime.
La seule note discordante au cours de la rencontre du lundi 27 juillet a été l’intervention de Khalil Ould Teyib, député de la tendance nassériste de l’Alliance Populaire Progressiste (APP).
Ce haut responsable a fortement plaidé en faveur de la reconnaissance du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, pour créer les conditions d’une scène politique apaisée après plusieurs mois de crise politique, institutionnelle et économique, qui ont fortement éprouvé le pays.
Un discours qui ne semble pas avoir convaincu les camarades de Ould Teyib. Soupçonnant un nouveau coup fourré de Kadhafi, ces derniers ont même rappelé la « solution » du 6 juin préconisée par le Guide libyen. D’où un rejet sans concession de la démarche visant un quelconque rapprochement avec le président de la République élu.

Les démons du passé

Avec la configuration des rapports entre pouvoir et opposition qui se dessine dix jours après le vote du samedi 18 juillet 2009, la Mauritanie semble être rattrapée par ses vieux démons. Ceux qui l’ont hanté pendant 13 ans après 1992, année marquant la première élection présidentielle pluraliste sous le magistère de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya.
Un président de la République élu, contesté par un front intérieur, mais bénéficiant de la reconnaissance de la communauté internationale.
La suite est une absence totale de dialogue politique avec un système « démocratique » verrouillé, totalement en panne.
Le reste est constitué par de fréquents débauchages des responsables et cadres de l’opposition avec un mouvement ininterrompu de transhumance pour aller à la soupe du pouvoir.
Une configuration qui laisse entière toutes les questions de fond et donne naturellement le sentiment d’un nouveau départ vers le passé du pays au million de poètes.
Comme si l’histoire des élections en Mauritanie se résumait à un jeu dans lequel le tenant du pouvoir sort toujours vainqueur pour faire face par la suite à la contestation impuissante des battus.
L’approfondissement de la démocratie, l’instauration et le renforcement de l’état de droit, les lancinantes questions liées au développement, vont encore en souffrir et attendre des solutions pendant longtemps. Pour cause, le nouveau régime, qui doit les prendre en charge, mettra plus d’énergie à diviser et combattre son opposition pour se maintenir au pouvoir.


Kouchka
Source: Biladi

Mercredi 29 Juillet 2009
Boolumbal Boolumbal
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