
Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz aurait décidé d’entreprendre une nouvelle voie autre que la répression dans le traitement du dossier des extrémistes islamistes : le dialogue avec les détenus Salafistes. Ce processus sera, assure-t-on dans certains milieux, lancé incessamment. Le pouvoir y sera représenté par un groupe d’oulémas qui tenteront, comme ce fut cas ailleurs dans certains pays musulmans confrontés au même problème, de convaincre les jeunes ‘‘égarés’’ de jeter les armes et d’envisager la vie autrement.
Si une telle orientation arrivait à se confirmer, elle renforcera certainement l’emprise de certains milieux islamistes modérés sur le pouvoir de Aziz et pourrait être sanctionnée par l’entrée au gouvernement de membres du parti islamiste modéré Tawassoul.
Le président de la République a reçu, lundi 11 janvier 2010, au palais présidentiel un groupe important d’érudits, oulémas et chercheurs qui avaient animé, quatre jours durant, un colloque organisé par le ministre des Affaires islamiques et de l’enseignement originel autour du thème très à la mode actuellement ‘‘Islam et dialectique de la tolérance et du fanatisme dans la compréhension et le comportement’’. Au menu des discussions entre le chef d’Etat et ses hôtes figuraient en bonne place les conclusions du colloque. Surtout celles relatives au traitement pédagogique de la question et la possibilité de convaincre certains éléments de renoncer à l’idéologie jihadiste.
Selon des informations relayées par la presse, le président Aziz aurait fait savoir à des proches que le lancement du dialogue avec nos Salafistes n’est plus qu’une question de temps et que l’objectif recherché est de faire revenir à la raison certains éléments en prison qui ne sont pas dangereux afin de contenir la crise déclarée depuis 2003 entre notre pays et certaines organisations extrémistes dont la majorité des membres croupissent en prison.
C’est cette nouvelle orientation dans le traitement de ce dossier qui aurait empêché la justice de programmer le procès des Islamistes pendant la session de la cour criminelle qui va s’ouvrir en janvier courant.
On penserait déjà, dans le camp du pouvoir, au choix du groupe d’oulémas qui doit mener les pourparlers ou discussions avec les détenus islamistes. Ceux-ci auront comme mission de convaincre les jeunes islamistes détenus de profiter de la brèche que constitue l’intention du pouvoir d’engager une action ‘‘constructive’’ envers les éléments ‘‘modérés’’ de la mouvance salafiste en vue d’étouffer dans l’œuf le phénomène du terrorisme qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans le pays et commence à peser sérieusement sur sa stabilité. D’ailleurs, les actes de violence ou d’enlèvements d’étrangers perpétrés en 2009 dépassent l’entendement et poussent à la vigilance et la sagesse pour faire face à ce développement spectaculaire qui a transformé la Mauritanie de terre de recrutement et de refuge à un objectif direct de la nébuleuse terroriste dans la zone : Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI).
Sentant l’approche sécuritaire, basée essentiellement sur la répression militaire, insuffisante pour faire face au danger, le pouvoir a pris donc les devants par son option de chercher à contenir le phénomène à travers une action intelligente et non violente qui a fait ses preuves dans certains pays musulmans. C’était le cas de la Libye qui a décidé d’ouvrir un dialogue avec ses extrémistes religieux qu’elle avait, un moment donné jeté en prison. Une action que le pays du guide libyen avait sentie insuffisante pour éradiquer le mal islamiste qui se développait au sein de la jeunesse. Conscient de la complexité du problème, les autorités libyennes avaient décidé d’ouvrir un débat qui avait pris beaucoup de temps avec leurs salafistes en demandant à des érudits de la pensée islamique et oulémas d’entrer en discussion avec eux. Certains de nos oulémas ont même été appelé à contribuer à cette entreprise qui avait abouti à la résolution définitive de ce problème en Libye. Une approche similaire a été utilisée au Qatar et a produit des résultats positifs. D’ailleurs Cheikh Mohamed El Hacen Ould Dedew a joué un grand rôle dans l’expérience qatarie.
Une réaction au péché
Le rapport final du colloque de Nouakchott, consacré à la question de l’extrémisme religieux, fait état des dégâts sociaux et religieux causés par l’extrémisme et le fanatisme.
Ce conclave a tenté de esquisser le profil du jeune homme sentant une forte culpabilité pour avoir transgressé la loi de Dieu à un moment de sa vie et qui cherche à se racheter en se transformant en monstre assoiffé de violence et capable de tuer pour des convictions religieuses qui ne sont point le fruit d’une bonne éducation musulmane ni d’une lecture correcte du Coran ou de l’Islam. En un mot : un ignorant qui se croit fondé à émettre des Fatwa. Le rapport affirme également que "les symptômes du fanatisme et de l‘extrémisme" tendent à devenir chez ces personnes d’abord "introversion et isolement, puis... indignation et haine de la société qui se transforment rapidement en actes violents, en défiance envers la société, en rejet de l’autre, en remise en question des intellectuels, en auto destruction... et d‘autres dommages encore".
Envisagés sous cet angle, ces personnes, jugés dangereux par les occidentaux par exemple, deviennent des malades qui ont besoin d’être traités à travers une action pédagogique que peuvent mener à bonne fin les oulémas, forts de la considération et du respect que leur confère leur statut dans une société musulmane comme celle de la Mauritanie.
Cette action peut susciter de l’incompréhension chez nos alliés occidentaux et même carrément de l’animosité chez les familles des victimes de cette violence aveugle qui frappe sans distinction. Surtout que parmi les gens avec qui le gouvernement veut ouvrir le dialogue, il y en a bien certains qui ont commis des crimes de sang…
Autre difficulté pouvant compromettre le résultat de cette approche : les dirigeants des mouvements qui attaquent notre pays depuis 2005 ne sont pas mauritaniens. On voit mal donc le poids de l’influence que pourrait exercer sur ces étrangers l’intervention de nos oulémas …
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle approche de lutte contre le terrorisme constitue un précédent dans notre pays qui peut bien, s’il réussit, atténuer la pression sur le gouvernement. Il reste cependant que ce nouveau tournant intervient moins d’une semaine après l’adoption d’une loi très sévère contre le fléau du terrorisme qui n’a pas fait l’objet d’un réel débat public. Juste quelques échanges au parlement. La question qui se pose maintenant est de savoir à quoi joue le pouvoir. Veut-il négocier comme le laissenent sous entendre les Oulémas ou va-t-il jouer la carte de l’intransigeance comme le laisse croire la loi sur le terrorisme ?
Ould Bladi
Source: Biladi
Si une telle orientation arrivait à se confirmer, elle renforcera certainement l’emprise de certains milieux islamistes modérés sur le pouvoir de Aziz et pourrait être sanctionnée par l’entrée au gouvernement de membres du parti islamiste modéré Tawassoul.
Le président de la République a reçu, lundi 11 janvier 2010, au palais présidentiel un groupe important d’érudits, oulémas et chercheurs qui avaient animé, quatre jours durant, un colloque organisé par le ministre des Affaires islamiques et de l’enseignement originel autour du thème très à la mode actuellement ‘‘Islam et dialectique de la tolérance et du fanatisme dans la compréhension et le comportement’’. Au menu des discussions entre le chef d’Etat et ses hôtes figuraient en bonne place les conclusions du colloque. Surtout celles relatives au traitement pédagogique de la question et la possibilité de convaincre certains éléments de renoncer à l’idéologie jihadiste.
Selon des informations relayées par la presse, le président Aziz aurait fait savoir à des proches que le lancement du dialogue avec nos Salafistes n’est plus qu’une question de temps et que l’objectif recherché est de faire revenir à la raison certains éléments en prison qui ne sont pas dangereux afin de contenir la crise déclarée depuis 2003 entre notre pays et certaines organisations extrémistes dont la majorité des membres croupissent en prison.
C’est cette nouvelle orientation dans le traitement de ce dossier qui aurait empêché la justice de programmer le procès des Islamistes pendant la session de la cour criminelle qui va s’ouvrir en janvier courant.
On penserait déjà, dans le camp du pouvoir, au choix du groupe d’oulémas qui doit mener les pourparlers ou discussions avec les détenus islamistes. Ceux-ci auront comme mission de convaincre les jeunes islamistes détenus de profiter de la brèche que constitue l’intention du pouvoir d’engager une action ‘‘constructive’’ envers les éléments ‘‘modérés’’ de la mouvance salafiste en vue d’étouffer dans l’œuf le phénomène du terrorisme qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans le pays et commence à peser sérieusement sur sa stabilité. D’ailleurs, les actes de violence ou d’enlèvements d’étrangers perpétrés en 2009 dépassent l’entendement et poussent à la vigilance et la sagesse pour faire face à ce développement spectaculaire qui a transformé la Mauritanie de terre de recrutement et de refuge à un objectif direct de la nébuleuse terroriste dans la zone : Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI).
Sentant l’approche sécuritaire, basée essentiellement sur la répression militaire, insuffisante pour faire face au danger, le pouvoir a pris donc les devants par son option de chercher à contenir le phénomène à travers une action intelligente et non violente qui a fait ses preuves dans certains pays musulmans. C’était le cas de la Libye qui a décidé d’ouvrir un dialogue avec ses extrémistes religieux qu’elle avait, un moment donné jeté en prison. Une action que le pays du guide libyen avait sentie insuffisante pour éradiquer le mal islamiste qui se développait au sein de la jeunesse. Conscient de la complexité du problème, les autorités libyennes avaient décidé d’ouvrir un débat qui avait pris beaucoup de temps avec leurs salafistes en demandant à des érudits de la pensée islamique et oulémas d’entrer en discussion avec eux. Certains de nos oulémas ont même été appelé à contribuer à cette entreprise qui avait abouti à la résolution définitive de ce problème en Libye. Une approche similaire a été utilisée au Qatar et a produit des résultats positifs. D’ailleurs Cheikh Mohamed El Hacen Ould Dedew a joué un grand rôle dans l’expérience qatarie.
Une réaction au péché
Le rapport final du colloque de Nouakchott, consacré à la question de l’extrémisme religieux, fait état des dégâts sociaux et religieux causés par l’extrémisme et le fanatisme.
Ce conclave a tenté de esquisser le profil du jeune homme sentant une forte culpabilité pour avoir transgressé la loi de Dieu à un moment de sa vie et qui cherche à se racheter en se transformant en monstre assoiffé de violence et capable de tuer pour des convictions religieuses qui ne sont point le fruit d’une bonne éducation musulmane ni d’une lecture correcte du Coran ou de l’Islam. En un mot : un ignorant qui se croit fondé à émettre des Fatwa. Le rapport affirme également que "les symptômes du fanatisme et de l‘extrémisme" tendent à devenir chez ces personnes d’abord "introversion et isolement, puis... indignation et haine de la société qui se transforment rapidement en actes violents, en défiance envers la société, en rejet de l’autre, en remise en question des intellectuels, en auto destruction... et d‘autres dommages encore".
Envisagés sous cet angle, ces personnes, jugés dangereux par les occidentaux par exemple, deviennent des malades qui ont besoin d’être traités à travers une action pédagogique que peuvent mener à bonne fin les oulémas, forts de la considération et du respect que leur confère leur statut dans une société musulmane comme celle de la Mauritanie.
Cette action peut susciter de l’incompréhension chez nos alliés occidentaux et même carrément de l’animosité chez les familles des victimes de cette violence aveugle qui frappe sans distinction. Surtout que parmi les gens avec qui le gouvernement veut ouvrir le dialogue, il y en a bien certains qui ont commis des crimes de sang…
Autre difficulté pouvant compromettre le résultat de cette approche : les dirigeants des mouvements qui attaquent notre pays depuis 2005 ne sont pas mauritaniens. On voit mal donc le poids de l’influence que pourrait exercer sur ces étrangers l’intervention de nos oulémas …
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle approche de lutte contre le terrorisme constitue un précédent dans notre pays qui peut bien, s’il réussit, atténuer la pression sur le gouvernement. Il reste cependant que ce nouveau tournant intervient moins d’une semaine après l’adoption d’une loi très sévère contre le fléau du terrorisme qui n’a pas fait l’objet d’un réel débat public. Juste quelques échanges au parlement. La question qui se pose maintenant est de savoir à quoi joue le pouvoir. Veut-il négocier comme le laissenent sous entendre les Oulémas ou va-t-il jouer la carte de l’intransigeance comme le laisse croire la loi sur le terrorisme ?
Ould Bladi
Source: Biladi