Portrait d’un ex-opposant élu Maire de M’Bagne



Portrait d’un ex-opposant élu Maire de M’Bagne
Long et mince, souriant, le nouveau maire de M’Bagne, M. Sy Abdoulaye qui aura la lourde charge de conduire le reste du mandat en cours, naquit un certain jour de 1960 à Dawalel. Localité située à 6 kilomètres de M’Bagne (chef lieu de la Moughata’a du même nom).


Il fit ses études primaires à Dawalel et à M’Bagne de 1966 à 1973 ; année à laquelle, il décroche son Certificat d’Etudes Primaires Elémentaire (CEPE). Il est envoyé poursuivre ses études secondaires au Collège de Boghé de 1973 jusqu’en 1975. Après avoir empoché son Brevet, il quitte le collège de Boghé pour se rendre au Lycée de Kaédi. Un établissement qu’il fréquenta au cours de 5 laborieuses années qui lui permirent de décrocher le Baccalauréat en Juin
1980, option Lettres Modernes. La Mauritanie étant à cette période confronté à un déficit d’enseignants, le jeune bachelier choisit d’entrer à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) après un concours. En 1984, il réussit son examen de sortie à l’ENS avec le diplôme de professeur de Lettres Modernes (cycle A). Il est muté au collège de M’Bagne, son département natal. Quelques années plus tard, il est affecté au lycée de Rosso où, il a enseigné de 1995 à 1998, année à laquelle,il atterri au lycée de Boghé. Il passa deux années dans cet établissement avant d’être muté de nouveau au collège de M’Bagne comme Directeur des études cette fois-ci. Poste qu’il occupa jusqu’à son élection le 22 Novembre à la tête de la Mairie.
Parallèlement à sa fonction de professeur, l’actuel maire a travaillé avec le Corps de la Paix Américain en qualité de facilitateur de 1997 jusqu’en 2008. L’homme est militant syndical et politique. Il a adhéré à la centrale syndicale de l’Union des Travailleurs de Mauritanie (UTM) dès le début des années 1990. Il fut également membre du SIPES. Sur le plan politique, le professeur a milité très tôt au sein de la Mouvance des Kadihines au début des années soixante dix. Mais, c’est au sein de l’ex-UFD devenue après UFD/ère nouvelle avant d’éclater et d’être interdite qu’il fit l’essentiel de sa carrière politique. Dès 1992, il adhère au sein de cette formation politique hétéroclite de l’opposition. En 1996 puis en 2001, il se présenta comme suppléant de Diop Mamadou Amadou sur les listes candidates du RFD aux élections législatives à M’Bagne sous les couleurs du RFD d’Ahmed O Daddah. Son divorce avec ce dernier intervient seulement en Mai 2009 lorsque le leader du RFD décide de retirer son soutien à la junte militaire qui a renversé l’ancien Président Sidi Mohamed O Cheîkh Abdallahi en Août 2008.
Sy Abdoulaye est un proche parent du général Félix Négri, chef d’Etat Major de la garde nationale qui l’a soutenu à fond dans sa conquête du fauteuil Municipal. C’est un homme politique reputé modéré, ouvert et courtois.

Interview avec le nouveau Maire de M’Bagne : Sy Abdoulaye

Le Quotidien de Nouakchott : Quelles sont vos premières impressions après avoir été élu Maire de la commune de M’Bagne ?

Sy Abdoulaye : Je ressens de l’émotion et je suis comblé parcequ’une grande majorité des conseillers m’a fait confiance. Et je me rends compte que je compte
beaucoup pour ces gens là. Beaucoup de personnes m’ont soutenu dans la commune et je n’ai jamais pensé qu’elles m’apporteraient un si grand soutien ! Par ma modeste personne, ces gens ont décidé de me soutenir. Je ne m’attendais pas surtout au soutien massif que m’ont apporté les acteurs politiques de divers horizons.

Le QDN : Quelles sont les différents facteurs qui ont concouru à votre élection ; le parti seulement, certains amis ou camarades tapis dans l’ombre, peut-on savoir ?

Sy Abdoulaye : Le parti oui. Effectivement le choix de l’UPR a été déterminant dans mon élection à la tête de la mairie. Et pourtant, il aurait pu désigner un autre parmi nos camarades politiques. Mais à la lumière du rapport dressé par le directeur de campagne envoyé par le parti pour superviser l’élection municipale et d’autres comptes rendus faits par d’autres acteurs politiques locaux, le parti a compris que je constituais un bon pion pour glaner des voix au sein du nouveau conseil municipal. Il y’a aussi le rôle discret de beaucoup d’amis qui ont affirmé ouvertement qu’ils soutiendraient l’UPR si j’étais investi comme candidat. Donc, l’UPR savait dans ce contexte que j’étais le candidat le mieux placé pour ne pas dire incontournable. Il fallait me choisir comme candidat pour espérer gagner la mairie au cas contraire, on allait peut-être vers l’échec.

Le QDN : Lors de la séance de désignation des Adjoints au maire, un conseiller
municipal, Ismail Guissé en l’occurrence (candidat malheureux au poste d’adjoint) membre du Mouvement Pour la Refondation s’est évanouie dans la salle se sentant trahi d’un côté par ses alliés. Qu’en pensez-vous ?


Sy Abdoulaye :
Je pense qu’il y’a eu des coups fourrés, des coups bats qui ont
été ourdis par certains camarades. En toute sincérité, lorsqu’on se préparait pour aller à l’investiture, nous étions convenus que les 14 conseillers devraient voter pour les 5 candidats aux postes d’adjoint retenus par la coalition quitte à ce que les élus de l’opposition modifient l’ordre. N’empêche, le résultat ne changera pas et nous aurons 5 adjoints au maire qui appartiennent à notre camp politique car l’ordre nous ne le maîtrisons pas. Malheureusement, l’un de nos camarades qui a vaillamment œuvré pour notre réussite n’a pas bénéficié des voix de certains camarades. Ce qui a provoqué un choc émotionnel qui a conduit à son évanouissement. Ce qui en passant est très regrettable et qui a gâché la cérémonie d’investiture. Je salue le courage de mon frère Guissé Ismail et je lui dit qu’il n’a rien perdu car il a remplit sa mission, son devoir et fait de tout son mieux pour le triomphe de ses alliés de l’UPR. Le reste fait partie des vicissitudes de la vie politique

Le QDN : De façon ramassé, quels sont vos priorités dans l’immédiat, Monsieur, le Maire sachant que le reste du mandat est très court ?

Sy Abdoulaye : Je sais que de lourdes taches m’attendent. La première tache consiste à asseoir une équipe dynamique capable d’amorcer un travail important et de produire un résultat qu’on pourrait défendre aux prochaines échéances devant nos populations. Ayant hérité une mairie traversée par des clivages sociaux et politiques, j’oeuvrerai pour la reconquête de l’unité des cœurs et des esprits au sein de la population profondément déchirée autour des querelles d’ambition. Que tous les conseillers et acteurs politique aient en conscience et soient animés d’abord d’un seul objectif : le développement de la commune. L’enjeu réel n’est pas que tel soit maire ou que tel soit premier adjoint, ce qui importe pour nous, c’est le progrès de la commune. Or, on ne peut pas envisager le développement communal dans la dispersion des forces. L’union des forces et la conception d’un plan d’action sont indispensables pour atteindre cet objectif, à savoir aider bien entendu les populations de la commune de M’Bagne à sortir de cette situation délicate.
Je lance un appel à tous les fils de M’Bagne de quelque bord politique qu’ils soient pour s’associer à nous pour travailler en direction de cet objectif là. Je n’irai nulle part sans la contribution précieuse de l’expertise avérée de mes frères aînés : Diop Abdoulaye Hamadi (cadre à la banque centrale de Mauritanie), Diop Amadou El Hadj (ancien maire et expert consultant auprès de l’Union Européenne) et Diop Samba Hawoyel (ancien ministre) pour mobiliser des partenaires et des investissements au profit de la commune de M’Bagne. Nulle n’ignore le capitale d’expérience et le carnet d’adresse qu’ils disposent.
Je tiens à préciser que je suis le Maire de la commune de M’Bagne et non pas le Maire de Dawalel.

Propos recueillis par Thièrno Souleymane cp Brakna


Source: Le Quotidien Nktt

Lundi 7 Décembre 2009
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