
Le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, a reçu en audience lundi 21 décembre, le président du Pacte National pour la Démocratie et le Développement (PNDD-ADIL), Yahya Ould Ahmed Waghf, par ailleurs Premier Ministre jusqu’au putsch du 6 août 2008. Cette rencontre entre le Chef de l’Etat et un haut responsable de l’Opposition intervient dans un contexte de crise. Une tempête marquée par la recrudescence de rapts d’étrangers passant par notre pays. Des faits pour le moins inquiétants venus se greffer sur une crise politique dont l’expression est une absence totale de dialogue et de concertation entre le pouvoir et l’opposition. Un horizon qui demeure hermétiquement fermé 5 mois après l’installation aux commandes de l’ancien patron du BASEP.
Parallèlement à cette réalité politique morose, un quotidien économique encore régi par une espèce de déprime en conséquence de la suspension l’aide internationale induite elle-même par le clash d’août 2008.
La caractérisation immédiate du contexte politique national renvoie à deux autres événements. Le premier, moins de 24 heures avant l’audience, est une mission de l’Union Européenne (UE) au terme de laquelle un haut responsable de Bruxelles, Stafano Mansevisi, Directeur Général du Développement et des relations avec les pays ACP, a annoncé une prochaine reprise complète de la coopération entre la Mauritanie et l’Europe des 27, avec une révision des priorités au rang desquelles figure le dialogue politique conformément à l’accord de Dakar. Un accord qui a permis la participation des candidats de l’opposition à l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, remportée haut la main et dès le premier tour, par l’ancien chef de la junte.
Le deuxième événement en perspective et juste 24 heures après l’entrevue, est une manifestation de la Coordination des Forces de l’Opposition Démocratique (CFOD). Un regroupement de plusieurs partis de la mouvance anti-Aziz, qui entend ainsi protester contre «la montée de l’insécurité, l’arbitraire du pouvoir et la hausse des prix ».
Une toile de fond politique, économique et sociale qui offre un terrain au discours d’un pouvoir ‘‘décidé à redresser le bateau ivre’’ d’un pays en danger grâce à ‘‘la lutte contre la gabegie’’. Un combat à l’origine de l’arrestation pour «détournement» d’un ancien gouverneur de la BCM, Sid’El Moctar Ould Nagi et de quelques banquiers et hommes d’affaires, jusque-là réputés « intouchables ».
Une action en justice au sujet de laquelle l’opposition dénonce «l’embastillement d’adversaires politiques» n’ayant commis qu’un crime de lèse majesté, celui de n’avoir pas soutenu le candidat de la rectification putschiste de 2008, alors que la défense crie à «la violation» de toutes les règles de procédure.
Au menu de l’audience du lundi 21 décembre, finalement très brève, tous ces problèmes auraient été survolés furtivement et rendez-vous a été pris pour les prochaines semaines, probablement dans une perspective d’approfondissement de la concertation.
Point positif
Le principe d’une rencontre entre le président de la République et un haut responsable de l’opposition dans le contexte actuel, est en soi un acte positif, selon l’avis de nombreux observateurs. Certes, le plus dure reste à venir, mais le dialogue entre toutes les forces politiques du pays, est incontournable pour toutes les raisons politiques, sécuritaires, économiques et sociales qui représentent autant de préoccupations pour l’ensemble des mauritaniens.
Sur ce chemin incontournable, les écueils et les pièges ce n’est pas ce qui manque surtout dans une République sous la botte d’une poignée d’officiers depuis plus de 30 ans. Avec pour conséquence inévitable, un réel déficit de culture démocratique, terreau fertile pour les coups d’états à répétition qui, on ne sait jamais, peuvent, à tout moment, que Dieu nous en préserve, nous re-jeter dans le chaos de l’instabilité.
Une spirale de putsch qui a longtemps compromis le développement économique et plombé la promotion des ressources humaines par des pratiques dont la base est le clientélisme, le tribalisme, la corruption et la prévarication.
Les mauritaniens attendent de voir si l’initiative du lundi 21 décembre 2009 sera élargie aux autres segments d’une opposition qui semble avoir retrouvée la voix et ne cesse d’affirmer, régulièrement, son ouverture au dialogue. La marche suivie d’un meeting qui vont être organisés, cet après midi, par le front uni de l’opposition, constituera certainement un test qui peut édifier sur la capacité de mobilisation de ce camp et de l’ancrage de son discours dans la population de la capitale.
Un autre aspect important de l’équation politique dans le pays : la lecture que fera le pouvoir du mouvement de protestation de son opposition. Dans ce cas, deux hypothèses demeurent possibles.
La première, la plus probable quoi qu’insensée, est de sentir le danger d’un début de déferlement des forces opposées à sa politique. Provoquant généralement la panique au sein de la majorité, l’activisme de l’opposition pousse le gouvernement à durcir le ton en procédant à des actes d’intimidations similaires, dans le jargon militaire, à des tirs de sommation avant de lancer l’artillerie lourde dans la bataille : répression, emprisonnement, cadeaux aux amis sous forme de nomination… pour mater toutes les velléités d’opposition dans la société.
La deuxième hypothèse, plus raisonnée et ne rentrant pas dans la tradition de nos pouvoirs, est d’essayer, comme on disait pendant la guerre froide, de contenir la menace. Ce qu’on a appelé, sous d’autres cieux, le ‘‘containment’’. Une attitude plus sage qui consiste à absorber le mécontentement des adversaires politiques à travers des mécanismes civilisés et pacifiques.
Par rapport à la situation actuelle de notre pays, caractérisée par l’ouverture simultanée de beaucoup de fronts en même temps, les observateurs estiment que le pouvoir, principal joueur sur la scène, doit favoriser l’entente entre les acteurs politiques afin de pouvoir affronter le défi réel qui menace la pérennité du pays : la menace terroriste.
Cheikh Sidya
Source: Biladi
Parallèlement à cette réalité politique morose, un quotidien économique encore régi par une espèce de déprime en conséquence de la suspension l’aide internationale induite elle-même par le clash d’août 2008.
La caractérisation immédiate du contexte politique national renvoie à deux autres événements. Le premier, moins de 24 heures avant l’audience, est une mission de l’Union Européenne (UE) au terme de laquelle un haut responsable de Bruxelles, Stafano Mansevisi, Directeur Général du Développement et des relations avec les pays ACP, a annoncé une prochaine reprise complète de la coopération entre la Mauritanie et l’Europe des 27, avec une révision des priorités au rang desquelles figure le dialogue politique conformément à l’accord de Dakar. Un accord qui a permis la participation des candidats de l’opposition à l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, remportée haut la main et dès le premier tour, par l’ancien chef de la junte.
Le deuxième événement en perspective et juste 24 heures après l’entrevue, est une manifestation de la Coordination des Forces de l’Opposition Démocratique (CFOD). Un regroupement de plusieurs partis de la mouvance anti-Aziz, qui entend ainsi protester contre «la montée de l’insécurité, l’arbitraire du pouvoir et la hausse des prix ».
Une toile de fond politique, économique et sociale qui offre un terrain au discours d’un pouvoir ‘‘décidé à redresser le bateau ivre’’ d’un pays en danger grâce à ‘‘la lutte contre la gabegie’’. Un combat à l’origine de l’arrestation pour «détournement» d’un ancien gouverneur de la BCM, Sid’El Moctar Ould Nagi et de quelques banquiers et hommes d’affaires, jusque-là réputés « intouchables ».
Une action en justice au sujet de laquelle l’opposition dénonce «l’embastillement d’adversaires politiques» n’ayant commis qu’un crime de lèse majesté, celui de n’avoir pas soutenu le candidat de la rectification putschiste de 2008, alors que la défense crie à «la violation» de toutes les règles de procédure.
Au menu de l’audience du lundi 21 décembre, finalement très brève, tous ces problèmes auraient été survolés furtivement et rendez-vous a été pris pour les prochaines semaines, probablement dans une perspective d’approfondissement de la concertation.
Point positif
Le principe d’une rencontre entre le président de la République et un haut responsable de l’opposition dans le contexte actuel, est en soi un acte positif, selon l’avis de nombreux observateurs. Certes, le plus dure reste à venir, mais le dialogue entre toutes les forces politiques du pays, est incontournable pour toutes les raisons politiques, sécuritaires, économiques et sociales qui représentent autant de préoccupations pour l’ensemble des mauritaniens.
Sur ce chemin incontournable, les écueils et les pièges ce n’est pas ce qui manque surtout dans une République sous la botte d’une poignée d’officiers depuis plus de 30 ans. Avec pour conséquence inévitable, un réel déficit de culture démocratique, terreau fertile pour les coups d’états à répétition qui, on ne sait jamais, peuvent, à tout moment, que Dieu nous en préserve, nous re-jeter dans le chaos de l’instabilité.
Une spirale de putsch qui a longtemps compromis le développement économique et plombé la promotion des ressources humaines par des pratiques dont la base est le clientélisme, le tribalisme, la corruption et la prévarication.
Les mauritaniens attendent de voir si l’initiative du lundi 21 décembre 2009 sera élargie aux autres segments d’une opposition qui semble avoir retrouvée la voix et ne cesse d’affirmer, régulièrement, son ouverture au dialogue. La marche suivie d’un meeting qui vont être organisés, cet après midi, par le front uni de l’opposition, constituera certainement un test qui peut édifier sur la capacité de mobilisation de ce camp et de l’ancrage de son discours dans la population de la capitale.
Un autre aspect important de l’équation politique dans le pays : la lecture que fera le pouvoir du mouvement de protestation de son opposition. Dans ce cas, deux hypothèses demeurent possibles.
La première, la plus probable quoi qu’insensée, est de sentir le danger d’un début de déferlement des forces opposées à sa politique. Provoquant généralement la panique au sein de la majorité, l’activisme de l’opposition pousse le gouvernement à durcir le ton en procédant à des actes d’intimidations similaires, dans le jargon militaire, à des tirs de sommation avant de lancer l’artillerie lourde dans la bataille : répression, emprisonnement, cadeaux aux amis sous forme de nomination… pour mater toutes les velléités d’opposition dans la société.
La deuxième hypothèse, plus raisonnée et ne rentrant pas dans la tradition de nos pouvoirs, est d’essayer, comme on disait pendant la guerre froide, de contenir la menace. Ce qu’on a appelé, sous d’autres cieux, le ‘‘containment’’. Une attitude plus sage qui consiste à absorber le mécontentement des adversaires politiques à travers des mécanismes civilisés et pacifiques.
Par rapport à la situation actuelle de notre pays, caractérisée par l’ouverture simultanée de beaucoup de fronts en même temps, les observateurs estiment que le pouvoir, principal joueur sur la scène, doit favoriser l’entente entre les acteurs politiques afin de pouvoir affronter le défi réel qui menace la pérennité du pays : la menace terroriste.
Cheikh Sidya
Source: Biladi