Opposition en déconstruction



Opposition en déconstruction
Mohamed Ould Abdel Aziz a pris le dialogue par le bout qui lui convient. Pour aborder l’opposition il a préféré commencer par ceux qui a priori ne poseraient pas de difficultés ; ou s’ils devaient se montrer récalcitrants se feraient rappeler à l’ordre à cause d’un passé récent pas très glorieux en termes de relations avec le pouvoir incarné par ce général converti en civil lutteur contre ce qu’il appelle la gabegie.

Yahya Ould Waghf et Boidiel Ould Houmeid ont en commun d’avoir été dans le collimateur. L’un pour une histoire d’Air Mauritanie et de riz avarié, l’autre pour une histoire de CNAM et de quelques millions…Tous deux ne sont pas très loin du système. Ils en sont d’ailleurs l’émanation : Boidiel, fidèle à Maouya jusqu’au bout, n’est pas pour autant un ennemi juré de l’acteur principal de sa destitution. En bon calculateur politique, il n’a donc plus grand intérêt à rester cramponné à une opposition à laquelle il ne doit normalement rien. Ni d’avoir ‘cotisé’ 102 millions qu’il avait été sommé de rembourser à l’Etat. En représailles à sa position anti-putschiste d’après 06 août 2008, trouveront ses avocats Me Aissata Tall et Me Lô Gourmo. Ni d’avoir créé un parti politique. Histoire de se démarquer adroitement du radicalisme incarné au sein de la COD par le RFD et l’UFP, quand arrive un autre ‘tayaiste’ Louleid Ould Waddad à Adil, c’est l’occasion pour Boidiel de se créer un cadre d’expression plus adapté : le WIAM.

« Le Président m’a reçu à deux titres.
D’abord en ma qualité de président de la COD. Ensuite en tant que président du parti WIAM. » A dit Ould Houmeid le soir de sa rencontrer avec Oud Abdel Aziz. Il venait de faire le compte rendu d’une entrevue que la présidence de la République a organisée avec une certaine solennité. Deux conseillers était d’abord transmettre l’invitation au dirigeant du WIAM et président de la COD. Celui-ci ne manquera donc pas de transmettre « la disposition au dialogue avec l’opposition sur les sujets qui touchent et concernent le pays. »Et les problèmes qui touchent le pays datent de presque deux ans. Depuis le coup d’Etat.

La rupture constitutionnelle a créé une crise politique dont les conséquences furent la désolidarisation de la classe politique opposante à celle qui dirige. C’est pourquoi, l’entretien entre le Mohamed Ould Abdel Aziz et Boidiel Ould Hoimeid aurait pu avoir pour sujet essentiel : la constitution et les textes. Le premier cherchant à se prévaloir d’une légalité constitutionnelle, disant à son interlocuteur conformément aux textes et aux lois de la République ; le second rétorquant si les textes et les lois de la République avaient été respectés, on n’en serait pas là. Et il aurait réussi à dévaluer toutes les actions qui ont mené la Mauritanien à ce point depuis le coup d’Etat du CMJD jusqu’à celui du HCE. Et peut-être l’entrevue aurait été terminée en queue poisson car Ould Houmeid aurait pu irriter ce Président qui visiblement est en train d’offrir à son opposition ce qu’elle réclamait depuis longtemps. Et pour cause, dans les Hodhs où il était parti présider à la pose de la première pierre d’une nouvelle moughataa, Ould Abdel Aziz avait épargné l’opposition dans son discours. Pour lui la guerre contre la gabegie est même finie. Cela veut-il dire qu’après voir corrigé les ‘gabégistes’ qu’étaient à ses yeux tous ces leaders de l’opposition, le président mauritanien décidait de passer à la phase d’apaisement et d’inviter à la table ses adversaires ?

Du temps du FNDD, l’option était à dissuader la communauté internationale à faire un geste de reconnaissance à la junte au pouvoir, voire de soutien économique au pays. Il s’en est suivi le gel de l’aide au développement en guise de sanction. Mais se voulant imperturbable, Ould Abdel Aziz minimise les effets d’une telle réaction. A ceux qui voulaient,t le soumettre aux clauses de l’accord de Dakar, il répondait avec véhémence : nous ne nous basons pas sur l’étranger.Aujourd’hui, c’est lui qui visiblement fait le premier pas. Mais il ne veut pas, d’après Boidiel Ould Houmeid que l’on interprète cela comme une pression venant de la table ronde de Bruxelles. En rapportant ainsi les propos du président alors même qu’un jour plus tôt, au cours d’un meeting,g de son parti, il critiquait la réaction du Premier ministre Ould Laghdaf à l’issue des promesses faites par les partenaires à Bruxelles, Boidiel a évolué dans sa position. Il trouvait notamment que le fait que le Premier ministre ait déclaré avoir reçu plus qu’il n’avait demandé dénotait un manque de profondeur dans l’étude du dossier présenté aux bailleurs. En bon financier, il avait relevé qu’en matière de gestion celui qui obtient plus qu’il n’a demandé ne saura pas quoi en faire pour la simple raison qu’il n’a pas prévu cette marche de façon rigoureuse. « C’est une remarque que j’ai faite au cours d’un meeting », maintenant, il est question de discuter ensemble de questions importantes comme les élections. Préfère-t-il reconnaître. Et puis, « il est clair à mon sens qu’il n’y a plus de problème » au sujet de l’accord de Dakar. Poursuivra-t-il. Et pourtant si car le RFD maintient ses positions. Même si Boidiel Ould Houmeid prend sur lui qu’ils n’ont plus de réserve maintenant.» et surtout annonce que si un parti est mis en minorité, il doit se soumettre à la position de la majorité au niveau de la COD.Présage de déconstruction ou d’effritement alors ?

La COD est exposée. Un peu comme l’a été le FNDD au lendemain de l’élection présidentielle du 18 juillet ayant vu le Tawassoul se démarquer, la COD peut connaître un éclatement calme. Et ce sera sans doute l’objectif visé par le pouvoir. En abordant d’abord Ould Waghf, Ould Abdel Aziz, qui avait dit connaître les mauritaniens peut avoir visé dans le camp par l’angle qui lui parait le plus efficace. L’ancien Premier ministre vient de loin. Ses déboires avec le pouvoir dans les dossiers d’Air Mauritanie « t du riz avarié pourraient bien être utilisés contre lui s’il ne cautionnait ou ne se faisait l’écho d’une disposition au dialogue qui aurait d’y être exprimée à qui de droit. Du moins constitutionnellement. Voilà pourquoi Ahmed Ould Daddah tolérerait difficilement d’avoir été court circuit ainsi.Il ne serait pas le seul grand leader de la COD à en vouloir aux autres d’avoir été choisis avant lui si Messaoud OPuld Boulkheir n’avait fait une sorte de clin depuis Damas en Syruie en invitant les nations islamiques à rompre toutes relation avec l’Etat d’Israël en s’inspirant de la Mauritanie comme modèle.Il ne serait donc pas surprenant qu’il soit partie prenante d’un compromis marginalisant le RFD ?

Kissima

La Tribune N°508 du 05 juillet 2010

Source: Taqadoumy

Lundi 5 Juillet 2010
Boolumbal Boolumbal
Lu 395 fois



Recherche


Inscription à la newsletter