OTE-TOI, JE VEUX TA PLACE !



OTE-TOI, JE VEUX TA PLACE !
« Tu es un spécialiste pour légitimer les coups d’état militaires » a dit le président de l’assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheïr, à l’adresse du député Khalil Ould Tiyeb, qui était jusqu’à naguère son premier adjoint à la tête du parti Alliance Populaire Progressiste (APP).

Personnalité incontournable du milieu haratine, grand pourfendeur devant l’Eternel des militaires, Meassoud Ould Boulkheïr a été élu député en novembre 2001 sous la dictature Ould Taya. Pour la petite histoire, il est le premier élu, sous les deux décades dictatoriales d’Ould Taya, et dans l’enceinte du Parlement, à exiger le retour organisé et digne des réfugiés mauritaniens au Mali et au Sénégal et la mise sur place d’une commission d’enquête sur les centaines de militaires mauritaniens qui moururent dans les casernes où ils étaient parqués. Les interventions de Messaoud, au cours des débats de l’hémicycle relayés par la radio et la télévision nationales, étaient généralement bien suivies et les populations de la Vallée le surnommèrent « Mandela ». Irrité par ses sorties, Ould Taya dissout « Action pour le changement » (AC), le parti de Messaoud. En réaction à l’interdiction de AC, il crée « la Convention pour le Changement » (CC), parti jamais reconnu par le pouvoir de l’époque.

Avril 2003, et contre toute attente, Messaoud Ould Boulkheïr et ses militants d’El Hor fusionnent avec les nasséristes de l’APP. Amenés par Khalil Ould Tiyeb, les nasséristes excellent dans le dédoublement-noyautage et restent une grande concentration de taupes. Minoritaires mais rompus à la mobilité tactique et à la manipulation, les nasséristes mauritaniens se sont spécialisés dans le chantage racial et constituent la dernière réserve du nationalisme arabe borné. Grâce à cette alliance et surtout au poids électoral de Messaoud et des siens, deux nasséristes ont pu accéder à l’assemblée nationale : il s’agit de Bedahiya Ould Sbaï (élu à Nouadhibou) et Khalil Ould Tiyeb (Nouakchott). Mais quand le médiateur désigné par l’Union Africaine, Mouammar Kaddafi déclare, le 11 mars 2009, devant une salle pleine à craquer du Palais des Congrès de Nouakchott :« ce qui est fini est fini, toutes les forces politiques du pays doivent s'unir et regarder devant, avec notre frère Mohamed Ould Abdel Aziz, vers la Mauritanie nouvelle qui naîtra après le 6 juin", Messaoud Ould Boulkheïr se lève et quitte les lieux, imité par l'ensemble de la délégation du front anti-putsch qui proteste ainsi contre "une partialité flagrante, inadmissible, de la part d'un médiateur censé rester à équidistance de l’évènement et des protagonistes". Ce retrait devant le Guide Suprême, Khalil Ould Tiyeb ne le pardonnera jamais à Messaoud Ould Boulkheïr. Pour rectifier le tir, Khalil Ould Tiyeb fera le voyage de Tripoli et prêta allégeance, avec des chefs de partis politiques mauritaniens, à Mouammar Kaddafi, figure de proue de la mouvance nassérienne depuis la mort du Raïs Gamal Abdel Nasser en 1970. Samedi dernier, Khalil Ould Tiyeb, dans un point de presse, déclare soutenir totalement le Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Et au cours d’une plénière à l’assemblée nationale, le 13 juin 2010, Khalil Ould Tiyib prit la parole au nom des députés de l’Union pour la République (UPR). Quand il étalera les bienfaits des réformes entreprises par Ould Abdel Aziz, le président de l’assemblée nationale le coupa pour lui dire de rester dans le sujet de la plénière avant de lâcher : « Tu es un spécialiste pour légitimer les coups d’état militaires ». Après ce clash, la réponse du député ne se fait pas attendre : « ma position par rapport aux coups de force est bien connue. Cependant, mon soutien au Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz découle de la politique de réforme entreprise par cet homme d’Etat »…

Source: Mauritanie24

Lundi 14 Juin 2010
Boolumbal Boolumbal
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