Capitaine Kébé à droit et Cheikh Oumar Bah à gauche
OCVIDH: Vous êtes ancien officier de l’armée mauritanienne exilé en France, pouvez-vous décrire à nos lecteurs les circonstances de cet exil.
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Je vous remercie de l’occasion que vous m’offrez pour m’exprimer sur ce site après mon élection comme président de la CAMME.
Je me nomme Abdoulaye Hachim Kébé, je suis un ancien officier de l’Armée du grade de capitaine de l’armée du génie. J’ai servi mon pays avec amour et abnégation pendant plus de dix-huit ans, avant d’être arrêté en septembre 1986 sous le fallacieux prétexte « d’être gardien et dépositaire de secrets militaires et de les avoir divulgués ». Mon avocat, maître Diabira Maroufa, et moi avons réfuté ces accusations. J’ai été en définitive condamné à deux ans de prison et à cinq ans d’interdiction de séjour à Nouakchott sous le chef d’inculpation suivant : avoir divulgué des informations militaires sans avoir l’intention de trahir. J’ai été détenu pendant quinze mois dans l’actuel commissariat du Ksar avant d’être transféré pendant neuf mois au mouroir de Oualata.
A ma sortie de prison, je souhaitais m’investir dans l’agriculture et l’élevage chez moi, à Magama ; mais il y a eu les malheureux évènements de 1989. Je n’ai quitté la Mauritanie qu’après le hold up électoral de novembre 2003 et l’arrestation du candidat Mohamed Khouna ould HaÏdalla. Depuis 2004, je réside en France où je participe à la vie de certaines organisations de droits de l’Homme jusqu’à mon élection au poste de président de la CAMME, en remplacement de notre regretté frère Dia Ousmane. Je m’incline respectueusement devant sa mémoire et prie Allah, le Miséricordieux de l’accueillir à son paradis.
OCVIDH: Pouvez-vous nous rappeler les objectifs de la CAMME ? Et quelles sont les stratégies que vous adoptez pour réaliser ces objectifs ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: La CAMME a été créée pour rassembler l’ensemble des anciens militaires ; il faut rappeler qu’à l’époque l’AVOMM (Association des Veuves et Orphelins) était scindée en deux et des rumeurs persistantes circulaient au sujet de tiraillements entre deux courants au sein de l’OCVIDH. Il fallait sauver la famille des anciens militaires et les veuves en leur trouvant une tribune commune en mettant de côté tout ce qui pouvait opposer ses membres.
La mission première de la CAMME est de lutter avec des moyens légaux pour l’obtention du règlement du passif humanitaire.
La CAMME sera aussi au côté de ceux qui luttent pour l’éradication totale de l’esclavage et des pratiques esclavagistes sur toute l’étendue de notre pays.
La CAMME se mobilisera avec tous ceux et toutes celles qui se battent pour l’avènement d’une société juste, égalitaire et solidaire en Mauritanie. La CAMME s’est donnée la discipline de ne jamais attaquer les autres mouvements ni de répondre aux attaques proférées contre elles sur le net.
OCVIDH: Il se pose une question de cohésion du mouvement de lutte contre l’esclavage et l’apartheid en Mauritanie ! Quelle est votre perspective de consolider l’initiative de lutte armée contre le système esclavagiste et discriminatoire de la Mauritanie ? Appuyez-vous l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste de l’esclavage qui pense que les Harratin, voire tous les militaires Noirs doivent quitter l’armée nationale pour soutenir la lutte de libération de leurs frères ? Quel écho donnez-vous à cette vision ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: La cohésion est d’abord d’ordre moral. Tous les combattants engagés se reconnaissent dans l’infaillibilité de leur position. Avec la persévérance il y aura plus de poids dans la coordination de nos efforts respectifs. L’initiative de résurgence du mouvement abolitionniste est un volet de l’échiquier qui peut peser en posant et en éclaircissant le problème particulier des esclaves, et des Noirs en général.
L’esclavage est inhumain, intolérable et criminel ; plusieurs lois ont été votées sous différents régimes pour l’interdire, mais il persiste encore dans certaines contrées lointaines de notre pays. Sous le régime du président Sidi ould Cheikh Abballahi, une loi criminalisant l’esclavage a été votée.
Le monde étant devenu un village planétaire, mobilisons-nous avec les moyens de communication existants pour sensibiliser, éduquer les populations victimes de ces pratiques odieuses pour qu’elles refusent de les subir. Utilisons l’arsenal juridique existant pour traquer les apprentis sorciers qui trichent avec les lois afin de pérenniser l’esclavage. SOS-Esclave aussi fait du bon travail. Apportons-lui notre concours.
OCVIDH: Il y a le reproche que les anciens militaires ne sont pas incontournables dans l’évolution des rapports entre les Noirs et les Arabo-berbères. Comment réagissez-vous au sentiment des jeunes générations qui vous reprochent de tarder à donner l’exemple d’une lutte ouverte contre les bourreaux ? Dans la situation où n’importe quelle faction armée peut, avec un peu de chance, prendre le pouvoir, quelle conséquence en tire la Coordination des Anciens Militaires Mauritaniens en Exil ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Nous étions incontournables en étant au pays, au service de tous. Nous le restons en exigeant la justice pour tous. Les gouvernants savent qu’ils doivent sans cesse rester sur leurs gardes en considération des crimes de sang commis. Les jeunes sont appelés à s’informer non seulement sur le fonctionnement de la CAMME, mais aussi sur celui des différents mouvements de lutte. Il y va de la libération du joug que sont le lourd passif, l’esclavage, la discrimination. C’est une affaire de lutte pour la libération. La lutte armée ne devrait pas représenter la première éventualité s’il était possible d’autres moyens, sachant les souffrances que cette manière implique. Je ne la souhaite pas en premier pour mon pays. Nous pourrions éviter ainsi à notre pays un calvaire inutile Il y a à méditer les enseignements de Mahatma Gandhi et du pasteur Martin Luther King, etc. Si le racisme a été éliminé aux Etats-Unis, l’apartheid vaincu en Afrique du Sud, il n’y a pas de raison que l’esclavage ne soit pas éradiqué en Mauritanie.
OCVIDH: Comment avez-vous réagi à la création d’une école militaire exclusivement réservée aux maures arabo-berbères ? Les recrutements et les promotions dans l’armée signifient que les arabo-berbères sont dans une position défensive contre les Noirs, au lieu d’œuvrer de manière constructive et concertée avec l’ensemble des groupes sociaux ? En janvier dernier, sur cinquante cinq officiers recrutés, il n’y avait qu’un Négro-mauritanien que certains disent métisse ! Mais la haine anti-noire ne fait que s’accentuer avec la création d’un lycée militaire où ne figure aucun citoyen noir !
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Vous avez parlé de promotion au sein de l’armée, de recrutement de cinquante cinq officiers dont un seul est Négro-africain, et création d’un lycée militaire qui ne compte aucun élève Négro-africain. Je dois avouer que depuis mon départ de l’armée en octobre 1986, les choses n’évoluent pas dans le sens d’une démocratisation volontariste de la part des dirigeants militaires. Ceux qui ont agi de la sorte répondront de leur forfait devant l’histoire ; croyez-moi, le verdict va être implacable. Je pense que, pour ma part, après l’épuration ethnique qu’a connue la communauté négro-africaine su sein de l’Armée et de la fonction publique, c’est plutôt elle qui devait bénéficier de recrutement pour établir l’équilibre rompu sous ould Taya. J’affirme ici et avec force que dans l’histoire récente de notre pays, la composante Négro-africaine a été et sera toujours l’élément de stabilité de notre pays.
OCVIDH: Le coup d’Etat militaire d’août 2008 est une récidive des criminels arabo-berbères de conserver coûte que coûte le pouvoir pour échapper au jugement de leurs crimes. Quelle stratégie militaire pour la CAMME, en réponse à cette situation qui se répète et perdure ? Quel message adressez-vous à vos collègues soldats de l’armée nationale et aux autres militaires négro-mauritaniens de la diaspora ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Le coup d’Etat d’août 2008 a été pour moi une surprise et à la fois une déception ; il s’est produit après une élection résidentielle jugée « transparente », par des observateurs internationaux et par certains mauritaniens eux-mêmes. J’étais content de voir mon pays rejoindre le concert des nations démocratiques, à l’instar du Bénin, du Ghana et du Mali qui, comme nous, ont connu des coups d’Etats militaires, mais aujourd’hui, vivent une véritable démocratie. Une autre raison non moins importante me pousse à me méfier des régimes militaires, bien qu’ayant été un putschiste, c’est que les différents régimes militaires qui se sont succédés chez nous ont fait plus de victimes que la guerre du Sahara qui a duré de 1975 à 1979, quatre ans c'est-à-dire.
A propos de message, pour répondre à votre question, j’évite d’utiliser l’expression « appelle », parce que nous sommes au mois de juin ; il y a eu celui du 18 prononcé par le général De Gaulle dont le soixante-dixième anniversaire vient d’être célébré. J’invite donc les anciens des forces armées et de sécurité, les veuves et les ayants-droits des années de pogroms en Mauritanie, tous ceux présents en France ou dans les autres pays européens à venir nous rejoindre, car plus nous sommes nombreux plus nous serons plus forts et plus nous aurons une chance d’être écoutés par les autorités mauritaniennes ! Le chemin qui nous sépare du règlement définitif juste et équitable du passif humanitaire est encore plus ou moins long et parsemé d’embûches. La victoire appartient à ceux qui luttent ; donc je leur demande d’être les porte-drapeaux de ceux-là.
OCVIDH: Les réfugiés négro-mauritaniens au Sénégal viennent de désigner l’avocat El Hadji Diouf pour poursuivre le génocidaire Maawiya ould Taya. Alors que ce sont d’anciens militaires qui avaient initiée cette plainte mais semblent désormais l’oublier, ou certains de vos collègues militaires vont désormais négocier avec le régime criminel de Nouakchott qui les avait torturés, d’autres s’alignent ouvertement avec des partis politiques dirigés par des arabo-berbères ! Où est le code d’honneur des Noirs soldats ? Ne sommes-nous pas en droit de parler d’une indigne lâcheté de certains anciens militaires ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Les réfugiés mauritaniens au Sénégal viennent de désigner maître El Hadj Diouf pour poursuivre le colonel Maawiya ould Sidi Ahmed Taya, c’est une bonne chose. Les crimes commis en Mauritanie de manière gratuite et sauvage ne doivent pas rester impunis !
AVOMM qui comporte dans son bureau d’anciens militaires, a aussi porté plainte auprès d’un juge de Bruxelles. Nous connaissons les tenants et les aboutissants des différentes conduites individuelles ou collectives. C’est à l’aune de ces conduites que vous pourrez juger de l’honneur et la dignité des uns et des autres. Mais je disais tantôt que la CAMME n’attaque jamais personne. Donc à vous et à l’histoire de juger.
Je promets à tous ceux qui s’intéressent au dossier du passif humanitaire que la CAMME saisira dans les prochains jours un avocat de renommée mondiale.
OCVIDH. Un dernier mot ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Il y a tendance à diversifier les questions. Alors que sur les questions sociétales concernant la Mauritanie, notre chère Mauritanie, nous pourrions regrouper toutes les questions en rapport avec la CAMME en une seule. C’est la même chose que pour l’esclavage ou l’armée, avant de penser aux réponses à donner aux questions qu’on se pose. Dans la synthèse, la stratégie d’action serait plus simple que la dispersion des efforts.
L’OCVIDH vous remercie de votre disponibilité mon Capitaine.
Propos reccueilis par Fall Moctar, le Porte Parole de l'OCVIDH
Source: OCVIDH.ORGb[
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Je vous remercie de l’occasion que vous m’offrez pour m’exprimer sur ce site après mon élection comme président de la CAMME.
Je me nomme Abdoulaye Hachim Kébé, je suis un ancien officier de l’Armée du grade de capitaine de l’armée du génie. J’ai servi mon pays avec amour et abnégation pendant plus de dix-huit ans, avant d’être arrêté en septembre 1986 sous le fallacieux prétexte « d’être gardien et dépositaire de secrets militaires et de les avoir divulgués ». Mon avocat, maître Diabira Maroufa, et moi avons réfuté ces accusations. J’ai été en définitive condamné à deux ans de prison et à cinq ans d’interdiction de séjour à Nouakchott sous le chef d’inculpation suivant : avoir divulgué des informations militaires sans avoir l’intention de trahir. J’ai été détenu pendant quinze mois dans l’actuel commissariat du Ksar avant d’être transféré pendant neuf mois au mouroir de Oualata.
A ma sortie de prison, je souhaitais m’investir dans l’agriculture et l’élevage chez moi, à Magama ; mais il y a eu les malheureux évènements de 1989. Je n’ai quitté la Mauritanie qu’après le hold up électoral de novembre 2003 et l’arrestation du candidat Mohamed Khouna ould HaÏdalla. Depuis 2004, je réside en France où je participe à la vie de certaines organisations de droits de l’Homme jusqu’à mon élection au poste de président de la CAMME, en remplacement de notre regretté frère Dia Ousmane. Je m’incline respectueusement devant sa mémoire et prie Allah, le Miséricordieux de l’accueillir à son paradis.
OCVIDH: Pouvez-vous nous rappeler les objectifs de la CAMME ? Et quelles sont les stratégies que vous adoptez pour réaliser ces objectifs ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: La CAMME a été créée pour rassembler l’ensemble des anciens militaires ; il faut rappeler qu’à l’époque l’AVOMM (Association des Veuves et Orphelins) était scindée en deux et des rumeurs persistantes circulaient au sujet de tiraillements entre deux courants au sein de l’OCVIDH. Il fallait sauver la famille des anciens militaires et les veuves en leur trouvant une tribune commune en mettant de côté tout ce qui pouvait opposer ses membres.
La mission première de la CAMME est de lutter avec des moyens légaux pour l’obtention du règlement du passif humanitaire.
La CAMME sera aussi au côté de ceux qui luttent pour l’éradication totale de l’esclavage et des pratiques esclavagistes sur toute l’étendue de notre pays.
La CAMME se mobilisera avec tous ceux et toutes celles qui se battent pour l’avènement d’une société juste, égalitaire et solidaire en Mauritanie. La CAMME s’est donnée la discipline de ne jamais attaquer les autres mouvements ni de répondre aux attaques proférées contre elles sur le net.
OCVIDH: Il se pose une question de cohésion du mouvement de lutte contre l’esclavage et l’apartheid en Mauritanie ! Quelle est votre perspective de consolider l’initiative de lutte armée contre le système esclavagiste et discriminatoire de la Mauritanie ? Appuyez-vous l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste de l’esclavage qui pense que les Harratin, voire tous les militaires Noirs doivent quitter l’armée nationale pour soutenir la lutte de libération de leurs frères ? Quel écho donnez-vous à cette vision ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: La cohésion est d’abord d’ordre moral. Tous les combattants engagés se reconnaissent dans l’infaillibilité de leur position. Avec la persévérance il y aura plus de poids dans la coordination de nos efforts respectifs. L’initiative de résurgence du mouvement abolitionniste est un volet de l’échiquier qui peut peser en posant et en éclaircissant le problème particulier des esclaves, et des Noirs en général.
L’esclavage est inhumain, intolérable et criminel ; plusieurs lois ont été votées sous différents régimes pour l’interdire, mais il persiste encore dans certaines contrées lointaines de notre pays. Sous le régime du président Sidi ould Cheikh Abballahi, une loi criminalisant l’esclavage a été votée.
Le monde étant devenu un village planétaire, mobilisons-nous avec les moyens de communication existants pour sensibiliser, éduquer les populations victimes de ces pratiques odieuses pour qu’elles refusent de les subir. Utilisons l’arsenal juridique existant pour traquer les apprentis sorciers qui trichent avec les lois afin de pérenniser l’esclavage. SOS-Esclave aussi fait du bon travail. Apportons-lui notre concours.
OCVIDH: Il y a le reproche que les anciens militaires ne sont pas incontournables dans l’évolution des rapports entre les Noirs et les Arabo-berbères. Comment réagissez-vous au sentiment des jeunes générations qui vous reprochent de tarder à donner l’exemple d’une lutte ouverte contre les bourreaux ? Dans la situation où n’importe quelle faction armée peut, avec un peu de chance, prendre le pouvoir, quelle conséquence en tire la Coordination des Anciens Militaires Mauritaniens en Exil ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Nous étions incontournables en étant au pays, au service de tous. Nous le restons en exigeant la justice pour tous. Les gouvernants savent qu’ils doivent sans cesse rester sur leurs gardes en considération des crimes de sang commis. Les jeunes sont appelés à s’informer non seulement sur le fonctionnement de la CAMME, mais aussi sur celui des différents mouvements de lutte. Il y va de la libération du joug que sont le lourd passif, l’esclavage, la discrimination. C’est une affaire de lutte pour la libération. La lutte armée ne devrait pas représenter la première éventualité s’il était possible d’autres moyens, sachant les souffrances que cette manière implique. Je ne la souhaite pas en premier pour mon pays. Nous pourrions éviter ainsi à notre pays un calvaire inutile Il y a à méditer les enseignements de Mahatma Gandhi et du pasteur Martin Luther King, etc. Si le racisme a été éliminé aux Etats-Unis, l’apartheid vaincu en Afrique du Sud, il n’y a pas de raison que l’esclavage ne soit pas éradiqué en Mauritanie.
OCVIDH: Comment avez-vous réagi à la création d’une école militaire exclusivement réservée aux maures arabo-berbères ? Les recrutements et les promotions dans l’armée signifient que les arabo-berbères sont dans une position défensive contre les Noirs, au lieu d’œuvrer de manière constructive et concertée avec l’ensemble des groupes sociaux ? En janvier dernier, sur cinquante cinq officiers recrutés, il n’y avait qu’un Négro-mauritanien que certains disent métisse ! Mais la haine anti-noire ne fait que s’accentuer avec la création d’un lycée militaire où ne figure aucun citoyen noir !
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Vous avez parlé de promotion au sein de l’armée, de recrutement de cinquante cinq officiers dont un seul est Négro-africain, et création d’un lycée militaire qui ne compte aucun élève Négro-africain. Je dois avouer que depuis mon départ de l’armée en octobre 1986, les choses n’évoluent pas dans le sens d’une démocratisation volontariste de la part des dirigeants militaires. Ceux qui ont agi de la sorte répondront de leur forfait devant l’histoire ; croyez-moi, le verdict va être implacable. Je pense que, pour ma part, après l’épuration ethnique qu’a connue la communauté négro-africaine su sein de l’Armée et de la fonction publique, c’est plutôt elle qui devait bénéficier de recrutement pour établir l’équilibre rompu sous ould Taya. J’affirme ici et avec force que dans l’histoire récente de notre pays, la composante Négro-africaine a été et sera toujours l’élément de stabilité de notre pays.
OCVIDH: Le coup d’Etat militaire d’août 2008 est une récidive des criminels arabo-berbères de conserver coûte que coûte le pouvoir pour échapper au jugement de leurs crimes. Quelle stratégie militaire pour la CAMME, en réponse à cette situation qui se répète et perdure ? Quel message adressez-vous à vos collègues soldats de l’armée nationale et aux autres militaires négro-mauritaniens de la diaspora ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Le coup d’Etat d’août 2008 a été pour moi une surprise et à la fois une déception ; il s’est produit après une élection résidentielle jugée « transparente », par des observateurs internationaux et par certains mauritaniens eux-mêmes. J’étais content de voir mon pays rejoindre le concert des nations démocratiques, à l’instar du Bénin, du Ghana et du Mali qui, comme nous, ont connu des coups d’Etats militaires, mais aujourd’hui, vivent une véritable démocratie. Une autre raison non moins importante me pousse à me méfier des régimes militaires, bien qu’ayant été un putschiste, c’est que les différents régimes militaires qui se sont succédés chez nous ont fait plus de victimes que la guerre du Sahara qui a duré de 1975 à 1979, quatre ans c'est-à-dire.
A propos de message, pour répondre à votre question, j’évite d’utiliser l’expression « appelle », parce que nous sommes au mois de juin ; il y a eu celui du 18 prononcé par le général De Gaulle dont le soixante-dixième anniversaire vient d’être célébré. J’invite donc les anciens des forces armées et de sécurité, les veuves et les ayants-droits des années de pogroms en Mauritanie, tous ceux présents en France ou dans les autres pays européens à venir nous rejoindre, car plus nous sommes nombreux plus nous serons plus forts et plus nous aurons une chance d’être écoutés par les autorités mauritaniennes ! Le chemin qui nous sépare du règlement définitif juste et équitable du passif humanitaire est encore plus ou moins long et parsemé d’embûches. La victoire appartient à ceux qui luttent ; donc je leur demande d’être les porte-drapeaux de ceux-là.
OCVIDH: Les réfugiés négro-mauritaniens au Sénégal viennent de désigner l’avocat El Hadji Diouf pour poursuivre le génocidaire Maawiya ould Taya. Alors que ce sont d’anciens militaires qui avaient initiée cette plainte mais semblent désormais l’oublier, ou certains de vos collègues militaires vont désormais négocier avec le régime criminel de Nouakchott qui les avait torturés, d’autres s’alignent ouvertement avec des partis politiques dirigés par des arabo-berbères ! Où est le code d’honneur des Noirs soldats ? Ne sommes-nous pas en droit de parler d’une indigne lâcheté de certains anciens militaires ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Les réfugiés mauritaniens au Sénégal viennent de désigner maître El Hadj Diouf pour poursuivre le colonel Maawiya ould Sidi Ahmed Taya, c’est une bonne chose. Les crimes commis en Mauritanie de manière gratuite et sauvage ne doivent pas rester impunis !
AVOMM qui comporte dans son bureau d’anciens militaires, a aussi porté plainte auprès d’un juge de Bruxelles. Nous connaissons les tenants et les aboutissants des différentes conduites individuelles ou collectives. C’est à l’aune de ces conduites que vous pourrez juger de l’honneur et la dignité des uns et des autres. Mais je disais tantôt que la CAMME n’attaque jamais personne. Donc à vous et à l’histoire de juger.
Je promets à tous ceux qui s’intéressent au dossier du passif humanitaire que la CAMME saisira dans les prochains jours un avocat de renommée mondiale.
OCVIDH. Un dernier mot ?
Capitane Abdoulaye Hachim Kébé: Il y a tendance à diversifier les questions. Alors que sur les questions sociétales concernant la Mauritanie, notre chère Mauritanie, nous pourrions regrouper toutes les questions en rapport avec la CAMME en une seule. C’est la même chose que pour l’esclavage ou l’armée, avant de penser aux réponses à donner aux questions qu’on se pose. Dans la synthèse, la stratégie d’action serait plus simple que la dispersion des efforts.
L’OCVIDH vous remercie de votre disponibilité mon Capitaine.
Propos reccueilis par Fall Moctar, le Porte Parole de l'OCVIDH
Source: OCVIDH.ORGb[
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