Nouvel objectif de l’opposition : faire tomber Mohamed Ould Abdel Aziz



Nouvel objectif de l’opposition : faire tomber Mohamed Ould Abdel Aziz
A 17 heures cet après midi, la place de la Mosquée Ibn Abbas ne connait pas encore une énorme affluence. Pourtant, le temps est clément. Les premiers renforts longent l’ombre des murs. Un peu inquiet, un activiste de l’opposition tente de nous rassurer : « les gens sont entrain de venir, vous allez voir, la foule va déborder ».


Il faut dire que l’affluence aux meetings est une question sensible, chacun y allant de ses propres estimations, car elle constitue toujours un défi aussi bien pour le pouvoir que pour l’opposition. Pour cette sortie, très attendue, la Coalition de l’opposition avait fait une forte mobilisation.

Le député RFD, Yacoub Ould Moine lance : « C’est un grand monde, moi, j’évalue cela à 20 000 personnes ». Objection de quelqu’un dans l’assistance qui estime, lui, que l’affluence de ce soir est presqu’identique à celle qu’a drainé la majorité, il y a quelques jours, jugeant le calcul du député, prof de maths en plus, assez exagéré.

L’ancien Bâtonnier, Ahmed Ould Youssouf Ould Cheikh Sidiya et l’avocat Yarba Ould Mohamed Saleh, plus prudents, sollicitent l’avis (indépendant) des journalistes. Les avis sont mitigés, mais tout le monde est d’accord que c’est en deçà des attentes.

19 heures, annonce de l’arrivée des chefs des partis : Messaoud Ould Boulkheir (APP et président de la COD), Mohamed Ould Maouloud (UFP), Ahmed Ould Daddah (RFD), Yahya Ould Ahmed Waghf (Adil), Mohamed Yehdhih Ould Moctar Hacen (Alternative), Louleid Ould Weddad (RPM), Abdel Ghoudouss Ould Abeidna (Unad) et Mahfoud Ould Bettah du groupe d’Ely Ould Mohamed Vall, présenté comme président du parti de la Convergence démocratique.

L’horaire de la prière d’al maghrib approchant, l’animateur invite les intervenants à limiter le temps de parole. C’est Mohamed Ould Maouloud qui ouvre le meeting en félicitant les sept syndicats des étudiants qui ont convenu, hier, de mettre fin aux incidents, sur fond de crise ethnolinguistique, intervenus à l’université. Le président de l’UFP qualifie le refus du Président d’Aziz à mettre en œuvre la poursuite du dialogue inclusif conclu dans l’Accord de Dakar de « fuite délibérée », car a -t-il dit « Ould Abdel Aziz craint que l’on discute la place de l’armée dans un environnement démocratique et les mécanismes de lutte contre la corruption. La lutte contre la gabegie dont il se targue n’est qu’un prétexte pour masquer la gabegie suprême qui sévit actuellement sous son régime. Regardez, le recasement de populations des gazra était programmé depuis 2008, qu’est-ce qui presse à le faire maintenant au moment où les enfants des personnes déplacées suivent leurs cours à l’école et qu’ils n’ont pas encore d’infrastructures qui vont l’accueillir. C’est pour vous dire que le régime d’Ould Abdel Aziz agit dans l’improvisation. Certes, on peut sourire ou froncer les sourcils quand un gouvernement n’a pas de vision globale, mais lorsqu’il n’a aucune vision et qu’il veut entrainer le pays, notre pays, vers le chaos, on ne peut l’admettre. Actuellement, la politique de l’Etat est conduite à la manière du jeu des cascadeurs (rodéo de voitures dangereux auquel les jeunes nouakchottois s’adonnent, ndlr). Tantôt, Ould Abdel Aziz nous entraine, à vive allure, dans le bourbier saharien, au nord ; tantôt, il multiplie, à toute vitesse, les tensions avec nos voisins du sud ».

Ould Ahmed Waghf mettra le régime en garde contre les risques graves d’une déliquescence de la situation économique du pays, accentuée par une menace de la cohésion de l’unité nationale et une exclusion de l’opposition.

Ould Moctar Hacen précisera que le dialogue que l’opposition demande ne signifie pas une participation au gouvernement ou une l’obtention de postes de responsabilité, mais plutôt une réflexion autour des dangers qui guettent le pays.

Ahmed Ould Daddah avertit Ould Abdel Aziz : « si nous avons enduré les souffrances, l’exclusion, la dilapidation des biens du pays, l’injustice, aujourd’hui, nous ne pourrons admettre la destruction de notre pays. Jamais, nous ne permettrons ni à Ould Abdel Aziz, ni à autrui de dresser les mauritaniens les uns contre les autres. Nos communautés vivent depuis des siècles en parfaite symbiose comme le blanc et le noir de l’œil. Ould Abdel Aziz doit savoir que nous ne ménagerons aucun effort pour contrer tout celui qui veut remettre en cause cette cohésion sociale et cette paix civile ».

C’est Messaoud Ould Boulkheir qui clôture le meeting sous les ovations. Le président de l’Assemblée nationale donne du ton. La sonorisation s’en ressent même. Il commence par saluer le public dans toutes les langues nationales. S’ensuit un tonnerre d’applaudissements.

« Il y a des extrémistes partout. Ceux qui disent que la langue arabe ne doit pas être généralisée ou qu’elle n’est pas la langue officielle, selon la Constitution, ont tort. Mais, ceux qui pensent que cela peut se faire au détriment des autres langues nationales se trompent lourdement. Nous sommes des Mauritaniens, tous des Mauritaniens, arabes, soninkés, poulars, wolofs. Personne ne peut absorber, par de mauvais desseins, les droits des minorités dans ce pays. Le croire un seul instant est une grosse erreur. Nous le combattrons avec toutes nos forces. Aujourd’hui, si Ould Abdel Aziz pense que le dialogue veut dire avoir un poste, il se trompe. Nous ne sommes pas des sagatta (pique-assiettes, ndlr). Nous n’avons jamais été nourris dans des gamelles. D’ailleurs, si jusqu’ici nous avons été demandeurs de dialogue, comme seule réponse, Ould Abdel Aziz nous a exhibé ses biceps. Alors, désormais, nous ne voulons plus de dialogue avec lui et notre objectif est de le faire tomber, peu importe le prix » a-t-il dit en substance, invitant la foule à répéter, en chœur, avec lui : « faisons tomber Mohamed Ould Abdel Aziz ».

Source: canalrim.info






Dimanche 18 Avril 2010
Boolumbal Boolumbal
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