Nos langues nationales doivent être transcrites et développées en caractères arabes / Sow Abou Demba .



Nos langues nationales doivent être transcrites et développées en caractères arabes / Sow Abou Demba .
Je suis triste de voir resurgir aujourd’hui dans notre pays les démons des tiraillements intercommunautaires . Lorsque j’étais en responsabilité s j’ai toujours œuvré pour le rapprochement de nos communautés et pour la consolidation de notre unité nationale.

Nous avions constitué avec un certain nombre d’acteurs politiques une équipe capable de dialoguer, de discuter ensemble sur les questions essentielles qui concernent notre pays. Celle de savoir comment élaborer un projet politique fondateur, loin de toute forme de clivage communautaire, de négation ou d’exclusion de l’autre ?

Comment intégrer dans les valeurs démocratiques et républicaines de notre jeune Etat, les relations tribales ou ethniques, encore très fortes dans notre Société ? Comment construire une identité nationale dans laquelle tous les Mauritaniens se reconnaitront dans le contexte de diversité qui est le notre ?



Nous avions alors conclu à la nécessité de sortir notre pays de son bi communautarisme originel, c'est-à-dire de cette stratégie politique de tiraillement communautaire permanent qui continue de marquer de son empreinte la vie politique dans notre pays, depuis son indépendance et de provoquer d’une façon cyclique des confrontations communautaires.

Il faut une autre façon de faire la politique fondée sur une nouvelle éthique de coexistence faite de reconnaissance mutuelle et de respect, sur le vivre ensemble, sur la lutte contre les facteurs de notre division et sur la promotion et la mise en valeur de tout ce qui nous unit. Les fondements de notre unité se trouvent dans nos origines historiques, dans notre religion et dans notre culture et nos valeurs arabo musulmanes, dans notre manière d’être culturelle et sociale commune.

Or L’islam et la langue arabe sont au cœur de cette commune manière d’être culturelle et sociale. En effet, l’ensemble des vertus et des valeurs les plus louables de la société mauritanienne, dans sa dimension arabe et négro africaine est fondé sur l’islam. C’est dans cet esprit que notre adage dit :’’ Al hikma ima fouti ima kounti ».Voila pourquoi les négros africains mauritaniens ne sont pas et non jamais été contre la langue arabe ; puisque c’est la langue du coran, celle de leur religion.

Mieux ils ont été les portes drapeaux de cette langue et l’ont porté aux confins du continent noir : de la Mauritanie au Cameroun au sud et jusqu’au Tchad à l’est. Je pense à El hadj Mahmoud Ba et ses disciples pour ne citer que ceux-là. C’est dans la langue arabe seule qu’ils trouveront les outils indispensables pour une appréhension et une pratique correctes de leur religion.

Il n y a donc pas de difficultés, à mon avis pour les négros Mauritaniens à ce que la langue arabe, langue nationale majoritaire dans le pays, soit la langue officielle de la Mauritanie au stade actuel du développement de notre patrimoine linguistique national. Il ne sert donc à rien de défoncer une porte ouverte en voulant imposer ou instrumentaliser cette langue sinon à lui rendre le plus mauvais service en l’opposant à une partie d’elle-même, puisque beaucoup d’arabes noirs et de négro-arabisants restent encore des laissés pour compte.

Cela ne fait en plus qu'aiguiser les appétits de ceux qui ne trouvent matière politique que dans le tiraillement communautaire dans notre pays. Même si par ailleurs je suis convaincu de l’incompréhension et de la mauvaise interprétation des propos tenus par le Premier Ministre et par la Ministre de la culture.

En 1991 lorsqu’il était question de négocier une nouvelle constitution (l’actuelle) il y a eu facilement consensus au niveau de l’échantillon représentatif que nous formions, sur la langue arabe comme langue officielle du pays ; et nous avions sans difficultés pu mobiliser des milliers de signatures négro-africaines pour soutenir le projet. En même temps nous avions facilement réussi à élever, pour la première fois dans l’histoire du pays, nos langues nationales poular, soninké et ouolof au rang de langues constitutionnelles.

Il était donc sans ambigüité que cette option ne saurait dire exclusion de nos autres langues nationales africaines qui ont vocation à devenir officielles au coté de l’arabe ; car l’Etat a le même devoir de respect et de promotion de toutes nos langues nationales. Il doit élaborer une véritable stratégie politique spécifique pour la promotion et le développement technique et scientifique par étapes de nos langues nationales africaines de manière à les hisser au stade et au statut de langues officielles.

Mais cette stratégie devrait à mon sens replacer l’effort de promotion de ces langues en caractères arabes ; car c’est encore là un facteur important de renforcement de notre unité nationale. De plus, tous ceux qui parlent ces langues en Afrique sont musulmans à fortiori les Mauritaniens d’entre eux. La transcription de ces langues en caractères arabes leur facilitera l’apprentissage de la langue arabe et la lecture du coran. En même temps que cela facilitera également à nos compatriotes arabes, l’apprentissage de nos langues.

Je n’ai jamais compris pourquoi on a abandonné les premières expériences de transcriptions de nos langues nationales en caractères arabes. ? Les arguments avancés ne m’ont jamais en tout cas convaincu. L’Etat doit également tenir compte des droits légitimes et des intérêts de ceux de nos compatriotes qui ont été formés exclusivement en Français tout le temps que cela sera nécessaire.

Pour le reste, nous sommes, comme d’autres pays arabe ou africains des Francophones ; il y aura donc toujours dans notre pays des hommes et des femmes qui vont aimer la langue de Molière, qui l’apprendront et la parleront. En cette ère de mondialisation c’est à toutes les langues internationales qu’il faut s’ouvrir en fonction de nos moyens.

Sow Abou Demba
Ancien Ministre





Vendredi 30 Avril 2010
Boolumbal Boolumbal
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