Mauritanie: la régionalisation efficiente ou l'exécutif bicéphal pour la cohabitation



L'idée d'autonomie du Sud de la Mauritanie relancée récemment par les FLAM ouvre le débat sur la gouvernance du pays et au delà de la cohabitation entre les différentes nationalités. De lourdes menaces pèsent sur la cohésion sociale et l'unité nationale à cause de l'égoïsme des élites qui ont gouverné jusqu'ici la Mauritanie et du déficit civique. Pour les observateurs les réponses apportées par les différents successeurs du palais de Nouakchott sont insuffisantes et dangereuses pour l'avenir du pays. L'esquisse d'une régionalisation efficiente ou la mise en place d'un exécutif bicéphal pourrait être considérée comme le moindre mal à la cohabitation. Quelle que soit la réponse à cette alternative, il s'agit d'une nouvelle république pour tous les mauritaniens.

Depuis le redéploiement des FLAM à Nouakchott, force est de constater qu'elles apportent du grain à moudre sur la table de la classe politique toute tendance confondue et du régime de Ould Aziz en ce sens que ce débat relance l'idée d'une autonomie du Sud de la Mauritanie. Pour le président Samba Thiam il ne s'agit pas d'une autonomie des populations de la Vallée du Fleuve Sénégal mais d'une politique de régionalisation poussée pour que ces populations se prennent en charge s'autogèrent le mieux et participent au développement de leur région et du pays. C'est en définitive un transfert des compétences réussi donc au final une autonomie qui concernerait toutes les régions avec certainement de nouvelles retouches territoriales. Ce débat réapparaît au moment où de lourdes menaces pèsent sur la cohésion sociale et l'unité nationale suite aux évènements de 89 à 91 qui ont lourdement pesé sur la cohabitation entre les différentes nationalités à cause de l'égoïsme des élites mauritaniennes et notamment du régime de Ould Taya de 84 à 2005 qui a procédé à une vaste « dénégrification » de la Mauritanie en déportant des milliers de négro mauritaniens au Sénégal et au Mali. Et la continuité de cette politique par Ould Aziz depuis 2009 avec en toile fond le recensement biométrique discriminatoire décrié même par l'opposition et la société civile et l'instauration d'une carte de séjour aux seuls ressortissants d'Afrique Noire. Cette mauvaise réponse à la cohabitation depuis l'indépendance du pays en 1960 est dangereuse pour l'avenir du pays. L'esquisse d'une régionalisation prônée par les FLAM et les forces démocratique pourrait être l'une des réponses à cette question nationale. La Mauritanie compte aujourd'hui 13 régions ou wilayas qui totalisent 52 moughataas . L'autonomie du Sud concernerait le Brakna, le Gorgol, le Trarza et le Guidimaka. Ces régions à vocation agro- pastorale constituent le grenier de la Mauritanie. Elles pourraient se muer par exemple en deux régions avec un président de région dans chacune des régions doté d'un pouvoir décentralisé où les principales décisions vont remonter au niveau national pour faire avancer les principales décisions sur les questions d'intérêt économique social et culturel .Il s'agira donc pour les élites d'être plus proches des populations c'est à dire d'inverser la tendance actuelle. Les initiatives sont locales et viennent d'en bas pour remonter. C'est l'auto gestion au service du plus grand nombre. Autrement dit l'autonomie du Sud c'est l'autre développement de l'agriculture bénéfique au pays, une agriculture pour tous les mauritaniens qui permettra d'atteindre l'autosuffisance alimentaire grâce à une croissance du PIB au secteur agricole. L'autre piste de réflexion porte sur la gouvernance démocratique. Il s'agira d'une mise en place d'un exécutif bicéphal. C'est une solution qui remonte au congrès d'Aleg en 59 où le pressenti père de la nation Ould Daddah avait posé cette carte sur la table des négociations pour calmer l'ardeur des indépendantistes négro mauritaniens de la Vallée du Fleuve Sénégal qui réclamaient la fédération avec le Mali. Il s'agissait de mettre en place une présidence avec un vice-président noir pour l'équilibre des forces politiques. 53 années après l'indépendance ce n'est pas une mauvaise idée pour résoudre en partie la cohabitation entre les différentes nationalités en y incluant maintenant les Hratins qui ont été pendant longtemps et jusqu’à présent maintenus dans l’ignorance et la pauvreté malgré l’émergence de cadres issus de cette communauté nationale. La construction d'une république pour tous est possible dès lors que les dirigeants politiques se donnent les moyens de sortir du statu quo .Sinon ce sera toujours contre productif à l'image de ce qui s'est passé dans les années précédentes où les politiques autoritaires voire racistes sont de nature à s'appuyer sur les peurs des populations et les incertitudes devant l'avenir. Le bicéphalisme au niveau de l'exécutif est une étape vers une démocratie citoyenne où tous les mauritaniens ont leur place dans la société Dans cette perspective les deux propositions ne sont pas antinomiques. Elles peuvent aller ensemble ou pas. La confrontation entre les communautés ça fait plus d'un demi siècle que ça dure. Il s'agit maintenant de réinventer le contrat social.

Mardi 23 Octobre 2018
Boolumbal Boolumbal
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