« Mauritanie Nouvelle » : Une année déjà !



« Mauritanie Nouvelle » : Une année déjà !
C’est le 18 juillet prochain que l’ex-général Mohamed Ould Abdel Aziz célèbrera en grande pompe son sacre, en cette date « mémorable » pour la Majorité où elle a laminé l’Opposition qui continue toujours à crier à la fraude. Ce sera une occasion de plus pour les autres de mettre en avant les « réalisations grandioses » du bâtisseur de la Mauritanie Nouvelle et pour les autres, les partis d’opposition regroupés au sein de la COD (coordination de l’opposition démocratique) de tirer à boulets rouges sur un régime taxé d’être la pire des dictatures.

Si on peut imaginer déjà le discours des uns et des autres, en l’absence du dialogue réclamés pourtant par tous, il sera difficile de savoir si le pouvoir sera en mesure d’amorcer véritablement le changement promis aux Mauritaniens depuis le coup d’Etat contre Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, le 3 août 2005, renouvelé à l’occasion du putsch – d’aucuns parlent de « Rectification » - contre le premier président démocratiquement élu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
L’idée que l’on mettra encore aux devants, côté majorité, les réalisations du pouvoir ne peut empêcher de jeter un coup d’œil sur ce qui a été réellement fait.
Le pouvoir pourra bien se targuer d’avoir construit des routes (plus de 100 kilomètres de bitume à Nouakchott seulement), équipé des hôpitaux et des dispensaires, foré des puits, distribué des dizaines de tonnes de vivres aux pauvres et commencé la restructuration des « gazras » et kebbas de la Capitale ! Mais on lui rétorquera que cela ne fait pas un programme de développement digne d’un président qui s’est présenté à ses électeurs comme le nouveau (le premier ?) bâtisseur de la Mauritanie. Il est vrai que tout a été « accéléré » mais les projets grandioses dont le pouvoir célèbre aujourd’hui la mise en œuvre effective ont chacun une histoire derrière lui : Aftout Essahili, construction des routes Atar-Tidjikja, Kaédi – Sélibaby, Rosso – Boghé, la relance de la production de la SNIM, la construction d’une université digne de ce nom et de l’aéroport international de Nouakchott. Même le lotissement de la gazra de « Hay Sakène » qui a permis à Aziz de se positionner comme le « président des pauvres » à la veille d’une élection présidentielle pleine d’incertitudes, n’est pas vraiment un acte fondateur de cette « Mauritanie nouvelle » qu’on attend toujours. Un ministre de la Transition n’avait-il pas déclaré lors de la Transition qu’il était convenu avec la Banque mondiale que le projet de lotissement démarre effectivement en 2009 ?
Sur quoi le pouvoir pourrait-il donc s’appuyer pour dire qu’il y a une véritable rupture avec le passé ? Comment s’empêcher de revenir sur la problématique soulevée par cette question qui a servi de justification pour tout ce qui est arrivé, de bon, de moins bon et de mauvais en Mauritanie depuis le changement du 3 août 2005 ? Quand le CMJD (Conseil militaire pour la justice et la démocratie) avaient besoin de convaincre les Mauritaniens (et la communauté internationale) que la transition militaire 2005 – 2007 était un « mal nécessaire » pour instaurer une véritable démocratie. Quand la junte a réussi à désolidariser bon nombre d’acteurs politiques qui comptent de leurs formations pour les remobiliser ensuite dans le nouveau « parti » des Indépendants ! Quand les militaires qui soutenaient énergiquement le candidat à la présidentielle Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi avaient réussi à désolidariser Messaoud Ould Boulkheir d’Ahmed Ould Daddah, pour soutenir Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi au deuxième tour. Quand ces mêmes militaires avaient fait en sorte qu’Ahmed Ould Daddah soit de leur côté lors de la « Rectification », quinze mois après !
Quoiqu’on dise aujourd’hui de bien du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, on ne peut nier que les attentes des populations, surtout de ceux qui ont cru en la possibilité d’une rupture radicale avec le passé, pour permettre l’émergence d’une « Mauritanie Nouvelle », ont été trompées. Volontariste, comme il l’a prouvé dans ses discours et dans ses actes, « le président des pauvres » a très vite été vaincu par le système. Un système dont il n’ignore rien puisqu’il en a fait parti durant plus de vingt ans, avant de le bousculer et de le réadapter par la suite pour en faire sa propre « chose ». En fait, rien que du neuf avec de l’ancien.

Abou Oumar

Source: Quotidien Nouakchott

Dimanche 20 Juin 2010
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