Le Garde des Sceaux face au public



Le Garde des Sceaux face au public
Invité de l’émission bi-mensuelle « al houqouma vil mizane » (le Gouvernement sur la balance) de la Télévision de Mauritanie, le ministre de la Justice Abidine Ould Khaïr a donné des signes d’essoufflement quand le problème des prisons a été abordé. Et à entendre plusieurs témoignages diffusés au cours de l’émission, une certitude se dégage : la situation des prisons en Mauritanie est plus que préoccupante. Les capacités d’accueil des structures pénitentiaires sont dépassées. L’état des lieux sur la situation carcérale dans notre pays s’aggrave avec l’absence de mesures de libérations conditionnelles et libertés provisoires que doivent accorder les autorités judiciaires. Il subsiste dans les prisons des gens qui s’estiment concernés par ces mesures. L’insalubrité, la surpopulation, la promiscuité, les détentions préventives prolongées qui dépassent 700, la sous-alimentation, l’état des maisons d’arrêt où il n’ya pas d’eau comme c’est le cas du plus grand centre de détention pénitentiaire de Dar-Naïm (Nouakchott) rendent les conditions carcérales de plus en plus inhumaines et dégradantes. Pour la prison de Dar-Naïm, le ministre de la justice, Abidine Ould Khaïr a évoqué son ravitaillement en eau par sept camions citernes par jour tout en reconnaissant l’état déplorable de ses latrines qui nécessitent des vidanges qui coûtent 300 000 Ouguiya par mois. Selon lui, l’inauguration, en Octobre prochain, de la nouvelle prison d’Aleg permettra de décongestionner la prison de Dar Naïm et celles de l’intérieur du pays. Au cours de la même émission, le ministre s’est dit « prêt d’accélérer la procédure pour juger un prévenu en prison à Aleg depuis…1983 ! ». « Plus de 700 détentions préventives prolongées, c’est beaucoup Monsieur le Ministre », remarque le présentateur de l’émission Sidi Ould Nemine. « Ecoutez, c’est pour protéger la société de ces personnes dangereuses » martèlera, plusieurs fois, le garde des Sceaux Abidine Ould Khaïr. A la fin de l’émission, une autre certitude s’impose : Le département de la justice en Mauritanie tourne quasiment au ralenti ; d'ailleurs ce qui explique la lenteur des procédures ; et pour les prisons, on est très loin, des normes minimales acceptables. Pourtant, la Mauritanie a bien ratifié les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de la personne humaine qui reconnaissent dans leurs dispositions le respect de la personne humaine en situation de détention. Ainsi, l’article 10 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques dispose que : « Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérent à la personne humaine ». L’Etat devrait par conséquent honorer ses engagements en dotant les établissements pénitentiaires des moyens conséquents pour garantir le minimum vital aux détenus. Le principe de présomption devrait être respecté et le recours à l’emprisonnement devrait être une solution de dernier recours : la garde à vue et les détentions préventives ne doivent intervenir qu’en dernier ressort et doivent être les plus brèves possibles. Dans tous les cas, les délais légaux doivent être respectés.

Source: Mauritanie24

Mardi 15 Juin 2010
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