
A défaut de dialogue direct, on sera peut-être amené à revivre les durs moments d'échanges acerbes entre pouvoir et opposition. C'est en tout cas ce que laisse supposer la dernière sortie de la COD (Coordination de l'Opposition Démocratique) qui, à l'occasion d'une cérémonie organisée en l'honneur de ses élus (députés et sénateurs), a accusé ouvertement le pouvoir " de dire ce qu'il ne fait pas ".
L'opposition, largement minoritaire au sein du Parlement, a su pourtant tirer son épingle du jeu lors des débats de la dernière session. D'aucuns pensent même qu'elle a éclipsé une majorité qui manquait d'arguments pour soutenir des mesures gouvernementales n'allant pas dans le sens de la vox populi.
La nouvelle stratégie de l'opposition consiste donc à reprendre la main, au niveau de l'usage qu'on peut faire de la Parole. Sans aucun moyen de participer à la prise de décision ou de l'orienter, elle peut, tout au moins, dénoncer. Elle le fera avec d'autant plus de vigueur qu'elle a retrouvé cette sérénité qui a fait défaut tout au long de la préparation des élections présidentielles.
Il s'agit, comme on peut le constater, d'une nouvelle donne qui, tout en assurant au pouvoir la mainmise sur les affaires de l'Etat, une hégémonie durable sur le Parlement et une maîtrise de l'information au niveau des organes officiels, ne le met pas à l'abri des offensives verbales d'une opposition ragaillardie.
Et là, il faut dire que la majorité présidentielle et parlementaire donne l'impression d'avoir baissé de régime. Alors que Ould Abdel Aziz subissait les critiques acerbes de certains députés de l'opposition, les élus de la Majorité assuraient le décor. La députée Nouma Mint Mogueya qui a été la plus en vue, n'a-t-elle pas interpellé le président de la République en lui disant : " Ould Abdel Aziz, vous n'avez pas de majorité " ! Voulait-elle dire qu'une majorité doit pouvoir - aussi - dire non au gouvernement, quand les mesures prises nuisent au Peuple, ou dénoncer la " faiblesse " d'un groupe parlementaire qui laisse son chef à découvert ?
On peut donc s'attendre à une reprise des hostilités revigorée par le sentiment partagé par plusieurs opposants que le président de la République a le temps qui joue contre lui. A mesure qu'il dure au pouvoir, l'impression qu'il a placé la barre très haut, en promettant aux citoyens le paradis, devient conviction.
Il faut aussi dire que l'hégémonie fulgurante de l'Union pour la République (UPR) sur les autres formations de la majorité présidentielle n'est pas faite pour arranger les choses. On dirait même que le PRDS est passé par là. C'est justement ce que souligne le groupe parlementaire indépendant " Choura ", quand il dénonce le déroulement des séances de vote au Sénat et la manière dont le bureau de la chambre haute du Parlement a été concocté.
On peut donc considérer que, sans le chercher vraiment, le pouvoir a poussé son opposition à ressouder ses rangs et, perspective à envisager maintenant avec sérieux, à lui remettre des bâtons dans les roues. Sans disposer réellement des forces nécessaires pour attaquer, l'opposition peut néanmoins procéder par contre, à chaque fois que le pouvoir commet des erreurs. Et Dieu sait qu'elles sont nombreuses depuis la mise en place du gouvernement de Moulay Ould Mohamed Laghdaf !
Mais si le pouvoir se rend compte que l'action qu'il mène sur divers plans pour convaincre de son efficacité et de sa capacité à apporter le " changement constructif ", n'est pas probante, il sera obliger de revenir aux vieilles méthodes : diviser pour régner. Car aucun pouvoir au monde ne veut d'une opposition forte, même si celle-ci est tout de même nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie.
Cap sur 2011
Et n'oublions pas que le mandat de l'actuel parlement prend fin, en principe, fin 2010. C'est donc pour dire que, même si le président Ould Abdel Aziz a encore le temps nécessaire pour réaliser une bonne partie de son programme électoral, il n'est pas sûr qu'il jouira, toujours, d'une position aussi confortable. Un vote sanction contre les actuels soutiens du président n'est pas à exclure, quand on sait que la plupart des élus oublient souvent pourquoi ils sont là. Elus du peuple souverain, ils pensent qu'ils sont redevables à un gouvernement qu'ils sont censés contrôler et interpeller, à chaque fois qu'il y a soupçon d'irrégularités.
Et ce même gouvernement qui flanche alors qu'il n'a même pas encore bouclé une année de labeur ! Car, du point de vue bilan, on ne peut pas dire que la satisfaction des Mauritaniens est au top ! Même dans les rangs de ceux qui ont soutenu le programme électoral de Mohamed Ould Abdel Aziz, le désenchantement se lit sur les visages, à tel point que certains commencent même à appeler à un remaniement ministériel à défaut du débarquement pur et simple de l'actuel équipe de Ould Mohamed Laghdaf.
Dans un tel contexte, il est difficilement envisageable de croire que le gouvernement acceptera de revoir le découpage électoral actuel qui assure au pouvoir une mainmise totale sur l'échiquier politique national.
Et pour revenir aux nouvelles velléités de l'opposition, disons que c'est une coalition plus large qui enterre, pour le moment, ses particularismes pour faire face à un danger plus grand : celui du retour en force du Parti-Etat. Ou de l'Etat-parti. Le décor est à nouveau planté. Reste à savoir comment pouvoir et opposition vont jouer leur nouvelle partition.
Source: L'authentique
L'opposition, largement minoritaire au sein du Parlement, a su pourtant tirer son épingle du jeu lors des débats de la dernière session. D'aucuns pensent même qu'elle a éclipsé une majorité qui manquait d'arguments pour soutenir des mesures gouvernementales n'allant pas dans le sens de la vox populi.
La nouvelle stratégie de l'opposition consiste donc à reprendre la main, au niveau de l'usage qu'on peut faire de la Parole. Sans aucun moyen de participer à la prise de décision ou de l'orienter, elle peut, tout au moins, dénoncer. Elle le fera avec d'autant plus de vigueur qu'elle a retrouvé cette sérénité qui a fait défaut tout au long de la préparation des élections présidentielles.
Il s'agit, comme on peut le constater, d'une nouvelle donne qui, tout en assurant au pouvoir la mainmise sur les affaires de l'Etat, une hégémonie durable sur le Parlement et une maîtrise de l'information au niveau des organes officiels, ne le met pas à l'abri des offensives verbales d'une opposition ragaillardie.
Et là, il faut dire que la majorité présidentielle et parlementaire donne l'impression d'avoir baissé de régime. Alors que Ould Abdel Aziz subissait les critiques acerbes de certains députés de l'opposition, les élus de la Majorité assuraient le décor. La députée Nouma Mint Mogueya qui a été la plus en vue, n'a-t-elle pas interpellé le président de la République en lui disant : " Ould Abdel Aziz, vous n'avez pas de majorité " ! Voulait-elle dire qu'une majorité doit pouvoir - aussi - dire non au gouvernement, quand les mesures prises nuisent au Peuple, ou dénoncer la " faiblesse " d'un groupe parlementaire qui laisse son chef à découvert ?
On peut donc s'attendre à une reprise des hostilités revigorée par le sentiment partagé par plusieurs opposants que le président de la République a le temps qui joue contre lui. A mesure qu'il dure au pouvoir, l'impression qu'il a placé la barre très haut, en promettant aux citoyens le paradis, devient conviction.
Il faut aussi dire que l'hégémonie fulgurante de l'Union pour la République (UPR) sur les autres formations de la majorité présidentielle n'est pas faite pour arranger les choses. On dirait même que le PRDS est passé par là. C'est justement ce que souligne le groupe parlementaire indépendant " Choura ", quand il dénonce le déroulement des séances de vote au Sénat et la manière dont le bureau de la chambre haute du Parlement a été concocté.
On peut donc considérer que, sans le chercher vraiment, le pouvoir a poussé son opposition à ressouder ses rangs et, perspective à envisager maintenant avec sérieux, à lui remettre des bâtons dans les roues. Sans disposer réellement des forces nécessaires pour attaquer, l'opposition peut néanmoins procéder par contre, à chaque fois que le pouvoir commet des erreurs. Et Dieu sait qu'elles sont nombreuses depuis la mise en place du gouvernement de Moulay Ould Mohamed Laghdaf !
Mais si le pouvoir se rend compte que l'action qu'il mène sur divers plans pour convaincre de son efficacité et de sa capacité à apporter le " changement constructif ", n'est pas probante, il sera obliger de revenir aux vieilles méthodes : diviser pour régner. Car aucun pouvoir au monde ne veut d'une opposition forte, même si celle-ci est tout de même nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie.
Cap sur 2011
Et n'oublions pas que le mandat de l'actuel parlement prend fin, en principe, fin 2010. C'est donc pour dire que, même si le président Ould Abdel Aziz a encore le temps nécessaire pour réaliser une bonne partie de son programme électoral, il n'est pas sûr qu'il jouira, toujours, d'une position aussi confortable. Un vote sanction contre les actuels soutiens du président n'est pas à exclure, quand on sait que la plupart des élus oublient souvent pourquoi ils sont là. Elus du peuple souverain, ils pensent qu'ils sont redevables à un gouvernement qu'ils sont censés contrôler et interpeller, à chaque fois qu'il y a soupçon d'irrégularités.
Et ce même gouvernement qui flanche alors qu'il n'a même pas encore bouclé une année de labeur ! Car, du point de vue bilan, on ne peut pas dire que la satisfaction des Mauritaniens est au top ! Même dans les rangs de ceux qui ont soutenu le programme électoral de Mohamed Ould Abdel Aziz, le désenchantement se lit sur les visages, à tel point que certains commencent même à appeler à un remaniement ministériel à défaut du débarquement pur et simple de l'actuel équipe de Ould Mohamed Laghdaf.
Dans un tel contexte, il est difficilement envisageable de croire que le gouvernement acceptera de revoir le découpage électoral actuel qui assure au pouvoir une mainmise totale sur l'échiquier politique national.
Et pour revenir aux nouvelles velléités de l'opposition, disons que c'est une coalition plus large qui enterre, pour le moment, ses particularismes pour faire face à un danger plus grand : celui du retour en force du Parti-Etat. Ou de l'Etat-parti. Le décor est à nouveau planté. Reste à savoir comment pouvoir et opposition vont jouer leur nouvelle partition.
Source: L'authentique