Interview réalisée par El Emel El Jedid avec le président de la MEPIPS Mohamed Salem Ould Haiba



Interview réalisée par El Emel El Jedid avec le président de la MEPIPS Mohamed Salem Ould Haiba
Ancien militaire, ayant participé à la guerre du Sahara, pour rejoindre par la suite le monde du travail, à travers le secteur des pêches à Nouadhibou, Mohamed Salem Ould Haiba a fini par créer une institution du journalisme spécialisée dans la presse, l’impression et la prestation des services de communication. Il est actuellement le directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Véridique », qui parait dans ses deux éditions tabloïd et électronique.

Son association, la Mauritanienne d’Edition, de Presse, d’Impression et de Prestation des Services MEPIPS, avait organisé vendredi soir dernier une conférence-débat sur la situation économique et les relations du pays avec ses partenaires au développement. Une conférence-débat qui avait été introduite par un exposé de statistiques et de données économiques et financières, présenté par le Conseiller du Premier ministre aux affaires économiques El Hacen Ould Zeine, suivi par de nombreux commentaires faits par des économistes, des juristes, des hommes politiques, ainsi que d’autres issus des milieux de l’information et d’ horizons divers.. Des cades et des intellectuels ont également participé par leurs opinions à cette conférence-débat ouverte.

El Emel El Jedid : votre association a organisé vendredi soir une conférence-débat sur la réalité économique de la Mauritanie et les relations du pays avec les partenaires au développement.Pensez-vous que cette rencontre avait atteint les objectifs que vous attendez de sa tenue ?

Mohamed Salem Ould Haiba :

Je vous remercie pour m’avoir offert l’occasion de m’exprimer sur le sujet de cette conférence-débat et des questions nationales fondamentales de manière générale. Je pense que l’objectif de ces échanges était d’inviter les acteurs politiques mauritaniens à s’assoir côte-à-côte pour écouter les opinions des uns et des autres sur un thème qui intéresse tous les mauritaniens ; nonobstant la différence de leurs courants et de leurs appartenances politiques et idéologiques.

« Ahmed Ould Daddah et Mohamed Ould Abdel Aziz doivent se débarrasser de leurs ennemis qui les entourent »,
C’est la première conférence-débat de son genre à être organisée dans le pays, à des moments sans doute appropriés…Je crois que ce but a été totalement atteint … celui qui verra toutes ces figures de notoriété incontestable, de l’opposition et de la majorité, d’autres partis politiques, ainsi que cette présence massive de représentants de la société civile nationale- sans vouloir accuser quiconque ou citer des parties précises- ne pourra qu’être d’accord avec moi. ..

Il y a ceux qui ne veulent pas le bien pour la Mauritanie et qui refusent toute démarche pour les rassembler autour de la table du dialogue national sincère et constructif…ils refusent et combattent tout consensus national.

Mais, El Hamdoullilah, grâce à notre ferme détermination et à la volonté de fer des nombreux patriotes de ce cher pays, cette conférence-débat s’est tenue dans d’excellentes conditions et a été l’occasion pour échanger tous les points de vue, avec liberté, responsabilité et ouverture. El Emel El Jedid : vous évoquez une présence de la majorité et de l’opposition, alors qu’il a été constaté que le seul exposé fondamental de la conférence-débat, a été uniquement celui qui a été présenté par le Conseiller du Premier ministre. Pourquoi l’autre point de vue, celui qui reflète la vision de l’opposition sur le dit thème n’a pas été au menu du programme des échanges ? Pourquoi les partis politiques se sont donc absentés ?

Mohamed Salem Ould Haiba :

quels partis politiques voulez-vous dire en disant qu’ils se sont absentés de la conférence-débat ? Je ne sais si vous faites allusion à des individus ou à des leaders politiques bien définis…dans mon entendement, les partis politiques désignent les formations nationales, les structures concernées par l’intérêt général mauritanien, les partis disposés au dialogue et convaincus de la pluralité démocratique, soient-elles de l’opposition ou de la majorité.

« la grande élite au sein de l’opposition et de la majorité a participé à notre conférence-débat ; ce qui est un succès dont nous nous réjouissons »,
Les partis politiques ont assisté et participé à la conférence-débat. Ceux qui se sont absentés sont des individus qui ne veulent pas la concertation…

Nous avons adressé des invitations écrites 48 heures avant le délai de la conférence-débat au chef de file de l’opposition, qui a désigné une sur deux personnes pour présenter un exposé principal sur le sujet des échanges.Nous avons envoyé une invitation similaire au cabinet de la Primature, qui a délégué quelqu’un pour le même objet.

Deux jours, c’est-à-dire, lorsque tout a été mis sur pied pour le démarrage des activités de la conférence-débat, nous avons contacté de nouveau le leader de l’opposition qui a chargé Mohamed Abdallahi Sissogho d’assister, mais ce dernier a téléphoné une heure avant le coup d’envoi des débats pour s’excuser de ne pas pouvoir se présenter…

Ici, j’adresse mes vifs remerciements au chef de file de l’opposition Ahmed Ould Daddah qui s’est empressé de collaborer avec nous en demandant à Sissogho de le représenter à ce carrefour des débats économiques et de faire un exposé sur le sujet. Comme je l’ai souligné précédemment, ce dernier a appelé une heure avant le démarrage des activités de la conférence-débat pour nous informer qu’il ne sera pas présent.

Pour ce qui est de la Primature, elle a délégué M El Houssein Ould Zeine, Conseiller aux affaires économiques du Premier ministre, qui était également présent à la conférence-débat où il a présenté un excellent exposé, appuyé d’illustrations et détaillé.

Par ailleurs, il a répondu à toutes les questions soulevées au cours de ces débats, comme il était le dernier à partir, à la clôture de la conférence-débat.

Pour ces raisons, j’adresse mes sincères remerciements à son excellence M le Premier ministre, le Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, pour sa réponse positive, ainsi qu’à son conseiller El Hassen Ould Zeine, pour la largesse de son cœur et la qualité de son exposé. Je ne comprends pas réellement votre conception de l’opposition, si vous voulez désigner deux personnes ou trois seulement ?

L’opposition était présente et a participé dans cette conférence-débat. Me Brahim Ould Ebetty et l’ancien ministre Isselmou Ould Abdel Kader, qui sont d’illustres figures de l’opposition étaient présents à cette conférence-débat, tout comme le président du Front Populaire Chbih Ould Cheikh Melainine.

Tous ont fait des interventions d’une grande qualité. Il y avait également le ministre Lemrabott Ould Bennahi, Vice-président du parti El Wiam, en plus de nombreux autres cadres reconnus de l’opposition, ainsi que des personnalités remarquables de la majorité. Comme je l’ai dit tantôt, il y a des gens de l’opposition et de la majorité qui ne veulent pas le dialogue. Ils ont des idées destructrices, refusent le pluralisme d’opinion, puisent leur train de vie de ce positionnement paradoxal qu’ils défendent à tout prix.

Nous avons organisé cette conférence-débat- comme je l’ai déjà souligné dans ma réponse à votre première question- pour rassembler toutes les sensibilités politiques mauritaniennes à la fois.

Mais, il y a ceux qui persistent indéfiniment à s’éloigner de tout ce qui est de nature à réunir ou à rapprocher les mauritaniens entre eux. L’objectif de notre association était axé sur la réussite de l’initiative ; ce qui s’est bien réalisé Al hamdoullilah.

« Il y a des personnes au sein de l’opposition et d’autres dans la majorité qui ne veulent pas le dialogue… elles ont des idées destructrices, refusent la concertation et la pluralité des opinions. Ces individus vivent de ces idées qu’ils défendent à tout prix ».
Je saisis l’opportunité que m’offre votre tribune pour vous affirmer, ainsi qu’à l’opinion publique nationale, que l’unique initiative à laquelle se présenteront ceux qui se sont absentés à cette importante conférence-débat de portée nationale, est celle qui appellera au retour de l’ambassadeur sioniste à Nouakchott ; et cela est l’une des ultimes impossibilités. Le drapeau hébreu ne se lèvera jamais une seconde fois dans le ciel de cette chère patrie jusqu’à la fin du monde.

El Emel El Jedid : la scène politique nationale a connu ces derniers temps bon nombre de conférence-débats et d’activités portant sur des sujets et des événements politiques nationaux et internationaux, dont l’enthousiasme et l’affluence enregistrés ont manqué à votre initiative qui traite un thème national intérieur, relatif à l’économie et non à la politique. Cela est-il dû à la nature de votre conférence-débat ?

Mohamed Salem Ould Haiba
:
je vous remercie pour cette question, même si, quelque part, elle indispose. Cette conférence-débat est exclusivement axée sur des échanges sur l’économie nationale. Ce n’est pas parce que je dirige l’association qui l’organise, mais parce que c’est cela la réalité.

Il est évident que notre intérêt pour les questions nationales, qui nous concerne, doit être plus grand que celui, qu’on accorde aux affaires des autres, même si notre attention à ces aspects, s’explique par notre souci de nous solidariser avec les frères et notre devoir de soutenir les opprimés d’entre eux.

Je pense que les forums, les débats et manifestations enregistrés par la capitale ces derniers jours, ont bénéficié d’une bousculade et d’un tapage considérables, en raison de leur cachet politique.Il y a des mouvements politiques et des partis qui considèrent les questions extérieures plus prioritaires que les affaires intérieures nationales.

Avec le respect de toutes les opinions, je reproche personnellement aux partis politiques de mettre les intérêts et les affaires extérieures au devant de leurs priorités, avant les questions nationales, les aspirations du peuple mauritanien, le sort de l’Etat, l’avenir de son entité…

J’avais un grand souhait de voir tout le monde participer à cette conférence-débat, surtout, que je ne me suis jamais absenté à un événement auquel je suis invité par n’importe quelle partie et que de surcroit, j’ai adressé les invitations à tous sans aucune exception.

Mais, en fait, le plus important, c’est que l’opposition et la majorité ont pris part à cette conférence-débat. Ceux qui ne sont pas venus, se sont simplement absentés d’échanges importants, ou peut-être, ne voulaient-ils pas, au départ de discussions ; ce qui représente en définitive leur choix que je respecte.

Ce qui est étonnant, c’est le fait que cette conférence-débat aborde dans ses deux parties le sujet des relatons entre la Mauritanie et les partenaires au développement, dont des bailleurs de fonds qui sont considérés par certains de ces partis et mouvements politiques comme une référence politique et idéologique ; et donc, qu’il est impossible de comprendre leur absence à la discussion de ce sujet.

A moins que si ces leaders et ces dirigeants de partis politiques ne suivent pas l’évolution des relations entre leur pays et ses partenaires au développement, ou imaginent par erreur, que le partenariat au développement ne concerne que les institutions internationales de financement et l’occident ! La Mauritanie a des partenaires nombreux et divers, dont des Etats soutenus par ces politiques qu’ils prennent comme référence.

Il y a en même qui ont rallié les chefs d’Etat de ces pays, dans une violation flagrante de la constitution et des lois de la République. . Et ces Etats ont une coopération de développement avec la Mauritanie.

El Emel El Jedid : il est constaté une certaine décrépitude ou tension dans vos rapports avec la majorité qui soutient Ould Abdel Aziz, bien qu’il est connu que vous êtes l’un de ses soutiens depuis son coup d’Etat jusqu’à ce jour, à telle enseigne, que certains d’entre eux pensent que vous êtes par moments, plus proche de l’opposition que de la majorité. Comment peut-on comprendre cette disparité ?

Mohamed Salem Ould Haiba :

souvent, on m’adresse oralement ce profil, au cours de différentes occasions et positions. Il est absolument vrai que je suis l’un des soutiens du président Mohamed Ould Abdel Aziz…Mais cela n’influe pas sur la ligne rédactionnelle du journal indépendant que je dirige, ni non plus de son site électronique.

C’est une position personnelle adoptée par Mohamed Salem Ould Haiba, car je suis convaincu que le président Mohamed Ould Abdel Aziz à un projet de société pour l’Etat mauritanien. Je suis convaincu de lui, je le soutiens et je ne renoncerai jamais à mon appui pour lui. Je suis également l’une des figures de la majorité, c’est-à-dire la majorité véritable, convaincue du choix du président et sincère dans son soutien à son programme politique.

Pour ce qui est des opportunistes, parmi les avides qui bloquent le programme du président et qui éloignent de lui, les populations persuadées de son projet de société pour le pays, je n’ai jamais été avec eux et je serai toujours contre eux.

La majorité dont je fais partie et que je soutiens, c’est celle qui est formée d’hommes politiques, de parlementaires, de cadres respectés, dans laquelle je me trouve et je me considère comme membre entier. Pour ce qui est de l’opposition, je suis lié par des relations personnelles à son leader M Ahmed Ould Daddah, auquel je voue tout le respect. J’ai également des rapports privilégiés avec des personnalités du Rfd…

Ces liens resteront excellents et ne souffriront d’aucune position ou choix politiques. Je suis également convaincu qu’il y a des gens du périmètre politique de M Ahmed Ould Daddah qui ne lui veulent pas du bien, qui œuvrent à éloigner les populations de son sillage, particulièrement, ces citoyens nobles et certains qu’il est un chef national sincère et loyal.

Il y a aussi d’autres personnes dans l’entourage du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui ne lui veulent pas du bien, qui éloignent de lui ceux qui croient fortement dans sa capacité de bien diriger le pays et qui sont sûrs de sa vision pour la Mauritanie.

Et quand le leader Ahmed Ould Daddah et le président Mohamed Ould Abdel Aziz s’éloignent du groupe des ennemis du consensus national, spécialisés dans la tension de la situation, dans l’ancrage de la division et des conflits fictifs, une Mauritanie forte, unifiée et démocratique sera incontestablement bâtie.

J’ai également de solides relations avec le président du parti El Wiam Boidiel Ould Houmeid, ainsi que plusieurs personnalités leaders de sa formation comme Lemrabott Ould Benahi et d’autres. Le constat vaut aussi pour mes liens avec le président du Front Populaire Chbih Ould Cheikh Melainine, ainsi que des figures de proue de l’Alliance Populaire Progressiste, de l’Union des Forces du Progrès…

Toutes ces relations ne souffrent pas du fait que je suis dans la majorité ou non. Je suis avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz, certain qu’il est le meilleur pour la Mauritanie et je le soutiens entièrement. Cela n’affecte aucunement mes excellents rapports avec toutes ces personnalités nationales et ces leaders de l’opposition. Je ne trouve donc pas de disparité dans ces liens. El Emel El Jedid : l’organisation de votre conférence-débat est concomitante aux préparatifs entrepris par le gouvernement mauritanien pour la réunion de Bruxelles, avec les bailleurs de fonds, avant la fin du mois courant. Qu’attendez-vous de cet événement ?

Mohamed Salem Ould Haiba :

Je crois que la réunion de Bruxelles est une affaire nationale décisive et déterminante pour l’avenir du pays. Selon ma propre vision, en tant qu’homme politique et observateur, je pense que sa tenue imminente interpelle une rencontre entre l’opposition et la majorité pour assurer la réussite de cette table ronde.

Il s’agit d’une question cruciale qui se rapporte à des financements accordés à la Mauritanie, et par conséquent consentis à tous, à l’opposition, à la majorité et au peuple mauritanien dans sa totalité. Nous devons conjuguer les efforts, nous unir et nous confondre les uns aux autres autour de l’aide au pays à ce round des négociations entre le gouvernement et les bailleurs de fonds.

Cela va de soi, car c’est dicté par le devoir national et par l’intérêt suprême du pays. Selon les informations que je détiens, la Mauritanie est assurée du succès total à cette rencontre, étant donné que le programme du gouvernement présenté aux partenaires au développement a été élaboré avec pertinence, précision et argumentation.

Il y a aussi le fait que le pays a repris sa crédibilité auprès des donateurs, en raison des grandes et nombreuses réalisations qui ont été accomplies grâce aux efforts de lutte contre la gabegie, la corruption, le détournement des biens publics, ainsi qu’à l’instauration de la transparence, de la bonne gouvernance…

La réunion de Bruxelles constituera un exploit véritable pour la Mauritanie, étant donné que la délégation mauritanienne chargée des négociations, dirigée par le Premier ministre le Dr Moulaye Olud Mohamed Laghdaf, comprend une équipe économique aux compétences confirmées, soutenue également par de nombreux dirigeants d’opinion et d’experts de la société civile nationale.

Par ailleurs, je dois ajouter que depuis l’élection du président Mohamed Ould Abdel Aziz, la diplomatie mauritanienne n’a cessé de connaitre un essor croissant et fort, étant donné que tout Etat auquel nous ne sommes pas liés par des relations ou pays avec lequel on peut les établir, a été visité par le président de la République ou par notre ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération.

La Mauritanie est donc devenue fortement présente grâce à sa diplomatie active et éclairée, dans toutes les rencontres internationales, à travers le monde, en Iran, Turquie, Malaisie, en Chine à l’Est, au Venezuela à l’Ouest... Nous avons un partenariat dynamique et prometteur avec les Etats du Golfe arabique et les autres pays du monde, ainsi que des relations excellentes avec les banques arabes, islamiques et internationales.

La réunion de Bruxelles sera donc un succès sans précédent pour la Mauritanie et tout le monde doit contribuer à cet exploit, pour éviter de rater le train du développement et de la prospérité du pays, et pour également ne pas rester en dehors du mouvement de la croissance économique et sociale.


Dimanche 13 Juin 2010
Boolumbal Boolumbal
Lu 464 fois



Recherche


Inscription à la newsletter